Après le décès de deux des leurs hier, mardi 14 mai, dans l’Eure lors de l’attaque d’un fourgon qui a permis l’évasion d’un détenu, Mohamed Amra, alors qu’il était transféré au tribunal judiciaire de Rouen, les agents pénitentiaires de la France entière se mobilisent. Trois autres agents ont également été grièvement blessés.
Ce mercredi 15 mai au matin, " l’effroi et la stupeur est toujours d’actualité ", déclare Vincent Pardoux, secrétaire régional FO Justice. Pour la manifester, les agents sont rassemblés devant les trois établissements de l’île, au centre pénitentiaire de Saint-Denis, au centre de détention du Port et à la maison d’arrêt Saint-Pierre.
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Le blocage des établissements de l’île
Aucun mouvement, ni sortie ni entrée, n’est possible dans ces établissements. A 7h ce mercredi matin, ils étaient complètement hermétiques, affirme Vincent Pardoux. Le service minimum est assuré, à savoir les repas ou encore les dialyses.
Les agents pénitentiaires de La Réunion relaie ainsi l’appel à la mobilisation nationale, à travers l’opération "prisons mortes" ce mercredi 15 mai, en soutien aux familles endeuillées et en soutien à l’ensemble de la profession.
Un sous-effectif chronique qui peine à être comblé
Le Garde-des-Sceaux doit rencontrer ce mercredi après-midi l’intersyndicale pénitentiaire. Le syndicaliste espère qu’il en sortira déjà des mesures rapidement mises en place pour pourvoir " palier à ce style d’attaque ".
Une campagne de recrutement a eu lieu pour renforcer les effectifs des agents pénitentiaires, mais ces renforts n’ont pas encore été attribués. " Il faut un temps entre la période de recrutement, la période de formation pour qu’ils puissent arriver dans l’établissement ", explique Vincent Pardoux, secrétaire régional de FO Justice.
A l’heure où je vous parle, à La Réunion on est en sous-effectifs, on n’arrive pas à recruter, et je ne suis pas persuadé que les événements d’hier vont faciliter cette campagne de recrutement.
Vincent Pardoux, secrétaire régional de FO Justice
Au centre de détention du Port, 13 agents manquent. Pour se protéger, ils n'ont qu'un sifflet pour appeler leurs collègues à la rescousse. Les syndicats profitent de cette manifestation pour rappeler la situation dégradée à laquelle ils font face dans le département, et particulièrement à la maison d'arrêt de Saint-Pierre, qualifiée de vétuste.
On est quand même le dernier établissement de France à avoir un système de dortoir. Il faut savoir qu'on a des cellules avec 16 détenus dedans. La gestion est très compliquée.
Nicolas Payet, secrétaire local FO Pénitencier
La direction du centre pénitentiaire de Saint-Denis déplore le manque de moyens face à la hausse continue du nombre de détenus.
L'équilibre n'est plus aussi efficient qu'auparavant, ce qui peut créer plus de tension, puisque plus de personnes détenues dans les prisons, plus de violences et du coup les personnels doivent contenir tout cela.
Nadia Calquanile, directrice adjointe du centre pénitentiaire de Domenjod
Une minute de silence, en présence de la ministre déléguée aux Outre-mer ?
A la ministre déléguée aux Outre-mer, invitée de la matinale de Réunion la 1ère, dans laquelle est intervenu ce matin Vincent Pardoux, le syndicaliste l’a invitée à profiter de sa visite dans l’île pour se déplacer et rencontrer le personnel pénitentiaire en deuil.
" On a tous été extrêmement choqué, tous les Français, par la violence de l’attaque d’hier et les crimes abominables auxquels elle a donné lieu ", a répondu Marie Guévenoux. Si elle explique avoir un programme déjà chargé, fait de nombreux engagements, la ministre affirme son soutien aux agents de l’administration pénitentiaire. Si elle en a la possibilité, elle les rencontrera.
Une minute de silence a été organisée ce mercredi 15 mai par la préfecture, à 11h au centre pénitentiaire de Saint-Denis, à Domenjod. La ministre déléguée aux Outre-mer y a participé, mais ce n'est pas exprimée à l'issue.