Un viaduc pour finir la Nouvelle Route du Littoral, c’est l’option préconisée par la Région Réunion. Lors de la présentation des "orientation budgétaires 2022" hier, mercredi 9 février, la présidente du Conseil régional a assuré que " les discussions avec l’Etat sont bien avancées ". Confirmation sera peut-être apportée dimanche avec la venue du ministre des Outre-mer.
Un viaduc plutôt que la route sur digue
Huguette Bello s’est ainsi prononcée en faveur d’un viaduc entre la Grande Chaloupe et La Possession, pour finir la NRL. " Une solution viable techniquement et financièrement sera proposée prochainement ", a-t-elle assuré, " elle prendra en compte la difficulté d’approvisionnement en matériaux ".
" Nous n’aurons pas besoin d’ouvrir les carrières. Nous avons besoin du soutien de l’Etat en la matière, et nous avons besoin donc d’un Matignon 3 ou d’un Elysée 1 ".
La présidente de Région semble donc écarter la construction de 2 kilomètres 500 de digue entre la Grande-Chaloupe et La Possession. Une route synonyme de travail promis aux transporteurs. En attendant qu’un choix définitif soit annoncé, ces derniers ne cachent pas leur inquiétude.
L’inquiétude des transporteurs
L’approvisionnement en roches nécessaires à la construction d’une digue reste au cœur du problème. Les carrières sont un sujet sensible, qui divise. Des roches massives, que les sociétés de transport comptaient quoiqu’il en soit acheminer en camion.
Evidemment la Fédération Nationale des Transporteurs ne veut pas entendre parle d’un "tout viaduc". Cette solution serait de surcroit trop longue à mettre en œuvre, selon Jean-Gaël Rivière, président de la FNTR.
" Toutes les infrastructures, les moules pour faire les piliers et tabliers de pont ont été détruits et envoyés à la ferraille. On ne comprend pas aujourd’hui, parce que juste pour monter ce projet, refaire venir le bateau Zourite et recommencer à monter les moules et l’infrastructure de l’usine de pré-fabrication, ça va prendre au moins 2 ans. "
" Du travail pour les Réunionnais "
Il estime ensuite à 4 à 6 ans la durée des travaux. Il rappelle que l'ancienne majorité précedente avait fait le choix d'une route moitié viaduc moitié digue pour " donner du travail aux Réunionnais, pas que les transporteurs ", " depuis le manoeuvre jusqu'au chef de chantier ". Jean-Gaël Rivière ajoute dque si le viaduc est privilégié, 90 % des ouvriers ne seront pas réunionnais, car " on ne sait pas faire les ponts comme ça ".
Avant de brandir la menace d’une grève, les transporteurs affirment vouloir privilégier le dialogue avec la Région. Une demande de rendez-vous sera rapidement faite. Le président de la FNTR et la plateforme syndicale, à laquelle sa fédération appartient, envisagent de demander le soutien d'organisations telles que la CFDT ou encore la CGTR.
Le soulagement des opposants aux carrières
Les opposants aux carrières accueillent nécessairement d’une façon bien différente les déclarations d’Huguette Bello. Pour Touch Pa Nout Roche l’enthousiasme est là. La porte-parole indique ainsi que son collectif est " soulagé de d’avoir entendu cette proposition ".
Pour Elodie Marais, " si il y a un "tout viaduc", la zone de Bois-Blanc ne sera pas une carrière pour acheminer des roches pour cette Nouvelle route du Littoral. "
La Région doit être "ferme" avec les transporteurs, pour Génération Ecologie La Réunion
Une position partagée par Génération Ecologie La Réunion, qui estime que le "tout viaduc" est une " solution écologique pour soulager les Réunionnais ". Le mouvement politique rappelle avoir " toujours soutenu l’option tout viaduc ".
" Cette option, accompagnée d’un transport ferré léger, est la plus écologique car elle ne nécessite pas de creuser de nouvelles carrières et évite de mettre des millions de tonnes de remblais dans les fonds marins ".
Pour Génération Ecologie La Réunion, " la nouvelle majorité régionale devra alors être ferme vis-à-vis des transporteurs qui ne peuvent dicter l’aménagement de La Réunion à leur seul profit ". Et d’ajouter que la Région devra négocier avec le gouvernement et l’Europe une nouvelle ligne de crédit pour terminer ce chantier modifié.