Insuline, traitements anticancéreux, antihistaminiques, Amoxicilline… La liste des médicaments qui manquent à l’appel est longue. Sur notre île, les pharmacies peinent à satisfaire les besoins en médicaments des patients.
Au niveau national, en 2023, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a signalé environ 5 000 médicaments en “rupture de stock” ou en “risque de rupture”, contre 3 761 pour l’année 2022. D’ailleurs, pour tenter de lutter contre les pénuries, le gouvernement a présenté une nouvelle feuille de route pour 2024 à 2027.
Pénurie de médicaments essentiels
A La Réunion, la délégation de l’Ordre des Pharmaciens s’inquiète. “La situation pourrait s'aggraver dans les semaines à venir”, alerte le syndicat.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
“Il est très difficile de trouver des antibiotiques comme l'Amoxicilline. Les ruptures sont récurrentes”, précise Claude Marodon, Président de la délégation de l’Ordre des Pharmaciens de La Réunion.
Les médicaments dits “essentiels” manquent à l’appel. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), ce sont les médicaments qui satisfont aux besoins de santé de la majorité de la population. Ils doivent être disponibles à tout moment dans des quantités adéquates et dans des formulations appropriées, et ce, à un prix abordable.
Depuis plusieurs années, la pénurie s’accentue, notamment dans les départements d’Outre-mer.
Délai d’approvisionnement long à La Réunion
A La Réunion, “on est fortement impacté, car on est contraint de s’approvisionner par bateau ou par avion. Le délai d’approvisionnement peut aller pour certains médicaments de 5 à 6 mois, souligne Claude Marodon, Président de la délégation de l’Ordre des Pharmaciens de La Réunion. Les médicaments ne sont pas prioritaires dans les conteneurs. Les médicaments sont souvent mis en dernier, ça pose un vrai problème au niveau de l'approvisionnement”.
On voudrait que les médicaments essentiels, comme les antibiotiques, deviennent prioritaires dans le fret maritime. Toutes les classes thérapeutiques sont touchées, notamment les médicaments de la cardiologie.
Claude Marodon, Président de la délégation de l’Ordre des Pharmaciens de La Réunion
Des patients inquiets, des pharmaciens rassurants
Si la situation inquiète les patients, les pharmaciens sont, quant à eux, obligés de revoir leurs méthodes de travail, tout en rassurant les patients.
“Comme je suis sujette à des migraines, je commande mes médicaments longtemps en avance. Malheureusement, même si je commande en avance, très souvent, il n’y en a plus”, déplore une jeune femme. “Je suis venue chercher des médicaments pour ma famille. Comme il n’y avait plus ce qui était prescrit sur l’ordonnance, on m’a donné des médicaments génériques. Comme ma fille n’a pas l’habitude, j’espère qu’il n’y aura pas d’effets secondaires”, témoigne une mère de famille.
De leur côté, les pharmaciens ré-adaptent leur travail. “Par rapport à ce qui est prescrit, on propose des génériques. Et, forcément, ça crée une certaine anxiété de la part des patients”, remarque Louise Bandelier, pharmacienne.
Une alternative, les médicaments génériques
Toutefois, “l’heure n’est pas à la panique”. L’Ordre des Pharmaciens de La Réunion précise qu’”avec la substitution générique, la plupart du temps, on arrive à trouver des médicaments équivalents. Bien évidemment, le médecin est au courant”, explique Claude Marodon.
Mais les ruptures touchent également les médicaments génériques, d’après le syndicat. “On est contraint de trouver un autre médicament dans la même classe thérapeutique”, appuie Claude Marodon, Président de la délégation de l’Ordre des Pharmaciens de La Réunion.
DP-ruptures, un système pour prévenir de la pénurie
Les pharmaciens sont informés des ruptures de stock et des risques de rupture par le système DP-ruptures.
Au niveau de toutes les pharmacies de France, on est prévenu via DP-ruptures. Ce qu’il faut, c’est relocaliser la fabrication des médicaments en Hexagone et en Europe. Il faut aussi permettre de redoser ou de faire une gamme de médicaments essentiels.
Claude Marodon, Président de la délégation de l’Ordre des Pharmaciens de La Réunion
L’Ordre des Pharmaciens de La Réunion invite les Réunionnais à prendre leurs dispositions et rappelle que la pénurie devrait “s’aggraver dans les semaines à venir”.