A travers l'histoire d'un meuble, c'est l'histoire tout court que l'on découvre bien souvent. La preuve en est faite avec ces meubles que le TCO a pour certains tiré de l'oubli à l'occasion de la célébration de son 20ème anniversaire.
Laissés à l'abri des regards, dans des hangars, pendant plusieurs années, ce mobilier revoit la lumière du jour à travers une exposition, qui ne dit pas son nom, au rez-de-chaussée de la "tour crayon", le siège de la communauté de communes de l'Ouest, au Port.
Revoir le reportage de Réunion La 1ère :
Une histoire de communistes !
Des tables, des bureaux, des chaises en bois de tamarin et de camphre hérités de l'ère SIVOMR, le premier syndicat de communes de La Réunion créé sous l'impulsion de six maires communistes, en 1983.
A savoir Elie Hoarau à Saint-Pierre, Claude Hoarau à Saint-Louis, Paul Vergès au Port, Roland Robert à la Possession, Lucet Langenier à Sainte-Suzanne et enfin Mario Hoarau à Saint-Leu.
Alain Séraphine aux manettes
C'est cette structure pionnière dans l'île qui donnera naissance ensuite à la CIVIS, l'intercommunalité du Sud, et au TCO dans l'Ouest qui a donc gardé une trace de cette histoire passée avec ces meubles au design réalisé par un certain Alain Séraphine, l'artiste plasticien connu également pour avoir créé le studio d'animation Pipangaï.
C'est donc lui qui a réalisé les croquis de cette collection de meubles pensés dès leur création pour durer et être une vitrine du savoir-faire artisanal réunionnais. "Ce qui va guider mes recherches à l'époque, c’est le savoir-faire des artisans, confirme Alain Séraphine. Comment valoriser ce savoir-faire ? Comment ne pas le perdre ? Et comment le mettre dans une modernité pour que ce savoir-faire trouve sa place ?".
Un projet fou de... 5 millions d'euros
"Je vais alors me mettre à dessiner 2 500 m2 de bureau pendant que Serge Dalleau va diagnostiquer le savoir-faire dans l’île et donc rencontrer les artisans. On va mettre en place toute une organisation du Tampon jusqu’à Saint-Denis et faire ainsi de La Réunion une usine à ciel ouvert", raconte encore Alain Séraphine, les yeux brillants de nostalgie.
Ce projet fou qui fait suite à un appel d'offre européen de 5 millions d'euros va ainsi donner naissance à une collection qui, aujourd'hui encore, n'a rien perdu de sa superbe.
Plusieurs artisans mobilisés sur chaque meuble
Joël Arthémise, l'un des artisans ayant participé à la fabrication des meubles, se souvient encore de la commande qui lui a été passée. "Tout le mobilier était fait pièce par pièce. Il y avait des artisans qui faisaient la porte et d’autres la poignée", explique-t-il. Plusieurs artisans collaborant donc sur un même meuble dans un souci d'innovation : c'est résolument un projet structurant et fédérateur.
"Quinze années après ce chantier, il y a eu le salon de l’artisanat à la Rivière Saint-Louis, et ensuite les gens n’ont fait que progresser, poursuit Joël Arthémise. D’année en année, la qualité a progressé parce que la matière première progressait et puis les gens employaient des techniques nouvelles".
"Jamais le mot durable n’aura aussi bien porté son nom"
Et une partie de ces meubles créés à l’origine pour la SIVOMR, la SEMITTEL et la SEMADER servent encore aujourd’hui aux employés du TCO. "Jamais le mot durable n’aura aussi bien porté son nom, souligne Emmanuel Séraphin, le président du TCO. Que ce soit au niveau du design ou de la matière, on voit bien que ça a traversé toutes ces années".
Pour l'élu, il est primordial de perpétuer ce savoir-faire, plutôt que de céder à la facilité en achetant du mobilier non durable. "C’est un vrai patrimoine à La Réunion qui permet aux familles de vivre mais aussi d’utiliser des matériaux des forêts réunionnaises pour équiper et meubler les ménages". Reste que cela a un coût. Un prix que certaines collectivités ne semblent plus prêtes à mettre. Quand bien même il s'agit du patrimoine et du savoir-faire réunionnais.