Interdiction de transport en benne à la Rivière des Galets : des horaires dédiés pour les Mafatais, qui ne décolèrent pas

Le sujet fait débat depuis déjà plusieurs semaines. L'interdiction de transport de passagers dans la benne des 4x4 en 2023 suscite l'inquiétude non seulement des Mafatais et des taxiteurs de La Possession qui depuis bientôt quarante ans avaient l'habitude d'embarquer touristes et habitants du cirque sur la piste de la Rivière-des-Galets jusqu'à Deux-Bras. 

Le reportage de Réunion La 1ère : 

La réglementation qui prend effet le 1er janvier 2023 prévoit que seules 4 personnes prennent place dans les véhicules, assises à l'intérieur uniquement, alors que 10 personnes supplémentaires pouvaient jusqu'ici s'installer dans la benne des pick-up. Une restriction que Dolaine Bègue ne comprend pas, comme de nombreux autres Mafatais qui ont entrepris mercredi et aujourd'hui jeudi, de bloquer l'entrée de la plateforme de la Rivière-des-Galets. "Tant qu'on a pas un bon résultat on maintient le combat et on bloque l'entrée", revendique-t-elle. 

Un système d'horaires mis en place

La ville de La Possession, chargée de la sécurité sur cette piste, a quant à elle informé ce jeudi 29 décembre 2022 que des créneaux horaires seront réservés tout spécialement aux Mafatais dans les transports sur le trajet de la piste de la Rivière des Galets, à partir du 1er janvier 2023, date à laquelle l'interdiction de transport en benne sera appliquée. 

Des départs de Deux Bras vers la Rivière des Galets seront effectués à 7h30, 8h30, 9h30, et 10h30. Des départs de la Rivière des Galets vers Deux Bras sont prévus à 12h30, 13h30, 14h30, et 15h30. 

La mairie de La Possession précise par ailleurs qu'il s'agit seulement de créneaux réservés aux Mafatais, mais que ces derniers ont malgré tout la possibilité de prendre le transport aux autres horaires de la journée. 

"C'est impossible"

Pour Dolaine Bègue, cette solution proposée par la mairie manque de flexibilité. "Zot i veu mettre quatre horaires seulement dans la journée, mais on peut pas. Imagine on a une urgence, ou on a dépassé l'horaire, comment on fait ? On paye l'hélicoptère 340 euros jusqu'à la Rivière-des-Galets ? C'est impossible", tempête l'habitante de Mafate. 

Du côté des taxiteurs de La Possession, l'interdiction ne passe pas non plus. Les transporteurs redoutent une perte financière puisqu'ils seront limités dans le nombre de passagers. 

Une cinquantaine de personnes devant la mairie de La Possession mercredi

Mercredi 29 décembre 2022, c'est une cinquantaine de personnes qui a manifesté devant la mairie de La Possession contre cette interdiction. Ils ont pu échanger avec une délégation d'élus et d'administratifs de la ville. 

"La Ville a toujours œuvré à maintenir l'existence de cette piste dont la pérennité ne pourra être assurée sans concessions réciproques. La Ville est favorable à une rencontre afin de laisser place à une nouvelle concertation pour trouver des solutions pratiques dans le respect du cadre réglementaire et sécuritaire",  soulignait dans un communiqué Christopher Camachetty, l'adjoint à Mafate de la Ville de La Possession.

Mais surtout, la ville a rappelé aux manifestants que cette piste, créée pour les besoins du chantier de basculement des eaux à l'époque, n'avait pas vocation à accueillir la circulation de véhicules à moteur à l'origine, et "relevait d'une dérogation tout à fait exceptionnelle au droit et unique en France". 

Des contrôles annoncés dès le 1er janvier 2023

Depuis l'annonce de cette interdiction, sept réunions se sont tenues entre l'Etat, la ville de La Possession et les transporteurs. La ville rappelle qu'une procédure a été lancée pour régulariser les conducteurs de pick-up, pour qu'ils obtiennent le statut de VTC et répondent à un appel à manifestation d'intérêt dès mars 2023. En attendant, au 1er janvier, l'interdiction s'appliquera bien, martèle la ville de La Possession : "les règles sécuritaires inscrites depuis toujours dans les conventions des transporteurs (dont l’interdiction de transport en benne) seront contrôlées par la Gendarmerie, sur demande de l’Etat, dès le 1er janvier 2023".