En cette fin d'année 2023, l'Observatoire marin de La Réunion créé en 2004, fait le bilan des actions menées dernièrement. Il est fier notamment de programmes de marquage de certaines espèces, qui constituent des premières au niveau régional et même mondial en ce qui concerne les raies pastenagues.
Le programme MAETAG de marquage acoustique de raies et de requins à La Réunion et à Maurice par exemple, a commencé en début d'année, financé - pour la partie Réunion - par des fonds européens Interreg V OI et par la Région Réunion.
Savoir comment ces espèces fréquentent la région
Il a pour but d'acquérir des données scientifiques sur deux espèces en particulier : les raies pastenagues à tâches noires et les requins gris de récif. A terme, ce programme de marquage devrait nous apprendre comment ces espèces fréquentent notre région, et si les populations de raies des îles soeurs sont connectées et comment.
Une première mondiale pour les raies pastenagues
S'agissant des raies pastenagues, c'est la toute première fois dans le monde qu'un tel programme de marquage est mené, annonce fièrement l'Observatoire marin de La Réunion. Cinq raies ont été marquées sur des sites de plongée en dehors de la Réserve naturelle marine, sur la côte Ouest entre Saint-Gilles et Le Port, dont une mi-novembre dernier.
"Comportement de résidence"
Il ressort de ces premières opérations que le marquage adapté ne présente pas d'impact majeur sur l'animal. Les données récoltées quant à leur déplacement sont encore en cours d'analyse, mais "les premiers résultats semblent indiquer que les raies pastenagues étudiées adoptent plutôt un comportement de résidence autour des zones dans lesquelles elles ont été marquées", selon l'Observatoire marin. La faible population observée serait en outre sensible à la fréquentation des sites par l'Homme, face auquel elle fuit.
Les requins gris de récif marqués à Maurice
Des marquages ont également été effectués sur cinq requins gris de récif au niveau de l'île Ronde et de l'île aux Serpents au nord de Maurice. Un tel programme est une première régionale dans les Mascareignes, et vise à comprendre où vont les requins gris, dont la population semble être en baisse ces dernières années sur les sites de plongée mauriciens.
35 requins-baleines observés en 33 ans
Quant aux requins-baleines, leur présence régulière autour de La Réunion a fait l'objet d'un bilan sur les 33 dernières années. Il apparaît qu'entre 1990 et 2022, le plus gros poisson de l'océan a été observé 35 fois chez nous. Il s'agissait, note l'Observatoire, spécimens toujours juvéniles, entre 3,5m et 7m de long.
Si ce recensement démarre en 1990, c'est que la première observation de requin-baleine à La Réunion est relativement récente, et date de 1992. Toujours est-il qu'ils sont de plus en plus aperçus près de nos côtes. "Alors qu’ils étaient rarement observés jusqu’à fin des années 1990 (environ 1 observation tous les 5 ans), cette espèce est devenue plus fréquente depuis 2009, où chaque année 1 à 6 individus pouvaient être recensés", précise l'Observatoire marin de La Réunion.
Dans l'Ouest et le Nord
Les zones d'observation en revanche, restent inchangées : les requins-baleines sont systématiquement vus dans les secteurs les plus ensoleillés et qui reçoivent le moins d'eau douce, soit dans l'Ouest (83% des observations) et dans le Nord (17% des observations). Dans une majorité des cas, les requins-baleines se trouvaient à moins de 5km des côtes, et dans des zones de moins de 500m de profondeur.
Peu d'observations au printemps
Côté saisonnalité, aucun moment de l'année ne semble accueillir davantage de requins-baleines, contrairement à ce qui se passe pour les baleines à bosse présentes chez nous à l'hiver austral. Toutefois, les observations semblent "moins fréquentes au printemps".
D'éventuelles prochaines observations devraient permettre d'en savoir plus sur cet animal qui, même s'il ne passe qu'occasionnellement vers La Réunion, est présent en abondance sur certains sites comme Djibouti ou Madagascar.