Accompagner la "Silver économie" pour anticiper les besoins de demain

En 2050, 26% des Réunionnais, soit près de 250 000 personnes, auront plus de 60 ans. Un vieillissement de la population qui arrive avec des enjeux de taille. C'est afin d'y réfléchir que la Chambre de commerce et d'industrie de La Réunion (CCIR) organisait ce mercredi 19 avril 2023 une journée de la "Silver économie", ou économie dédiée à l'allongement de la durée de vie et aux seniors.

Pouvoirs publics comme entreprises étaient conviés à échanger sur le sujet, et réfléchir sur les chantiers prioritaires ou encore les investissements nécessaires dans ce secteur. L'occasion de sensibiliser les chefs d'entreprise, d'accompagner et d'informer les porteurs de projets dans leur processus de création...

Une opportunité à saisir pour les entreprises 

Car la "Silver économie" est aussi une opportunité à saisir pour les entreprises, qu'elles agissent dans le domaine de la santé, des services d'aide à la personnes, de la construction ou rénovation de logements ou encore des loisirs. Par exemple, augmenter le nombre de logements de taille adaptée aux seniors, qui vivent le plus souvent seuls ou à deux, comme le fait remarquer Edouard Fabre, chef de projet études à l'Insee Réunion. 

65 000 Réunionnais en perte d'autonomie en 2050

En 2013, 13% de la population avait 60 ans ou plus à La Réunion, en 2023 on est autour de 19 à 20%, et en 2050 ce sera 26% de la population. Le premier impact ce sera le nombre de personnes en perte d'autonomie : 25 000 en 2015, 65 000 en 2050, soit un triplement. Cet effet est dû essentiellement au vieillissement de la population et non pas à une détérioration de l'état de santé de nos seniors à La Réunion, qui au contraire s'améliore. Les seniors vivent le plus souvent seuls ou à deux, et le nombre de logements adaptés devra augmenter. 

Edouard Fabre, chef de projet études INSEE Réunion

Les créations d'entreprises sont donc encouragées dans la "Silver économie". Aussi, les banques suivent-elles le mouvement en accompagnant les entrepreneurs du secteur.

"La Silver économie est un secteur dynamique aujourd'hui, entre tout ce qui est construction de maisons d'accueil et l'ergonomie de la vie quotidienne pour lesquelles il y a des offres de services et de produits en local qu'on est très contents d'accompagner."

Emmanuelle Lacaille, directrice marketing et communication de la BFC OI

Un défi pour les collectivités 

Les collectivités, présentes lors de ces rencontres à la CCIR, étaient d'autant plus intéressées par le sujet qu'elles y consacrent un certain budget, l'Etat finançant directement les secteurs de la "Silver économie" ou via des aides aux particuliers. Le Département, par exemple, dépense en 2023 près de 100 millions d'euros aux prestations d'aide à domicile des personnes âgées et dépendantes. 

"En 2023, près de 100 millions d'euros seront versés aux services d'aide à domicile qui interviennent chez les personnes âgées. Ce sont des structures autorisées : en 2021 il y en avait 36, en 2022 42, et cette année on va avoisiner les 60. Trois gros opérateurs captent à peu près 66% des bénéficiaires puisqu'ils couvrent tout le département. C'est un secteur qui va bouger et se structurer : les structures les plus fragiles risquent d'être absorbées par les plus grosses. Le Département va accompagner les structures autorisées, et ensuite il y aura un appel à projet lorsqu'il y aura un manque de services dû à l'augmentation de la population vieillissante"

Huguette Hoareau, service Autonomie du conseil départemental

"Il y a deux grosses difficultés : l'environnement urbain qui nécessite la domotique et l'adaptation des logements, et autre gros sujet, les services d'aides à domicile, une filière qui a du mal à attirer des gens". 

Olivier Allard, direction Seniors de la commune de Saint-Denis

Les seniors eux-mêmes étaient invités à réagir et à apporter leur expérience lors de cette journée de la "Silver économie". Clémence, 78 ans, a par exemple tenu à rappeler qu'au-delà des investissements financiers, "la chose la plus importante, c'est de former les gens".