Alertée sur la surpopulation carcérale, Huguette Bello en visite à la prison de Domenjod

Huguette Bello, présidente de Région, en visite au centre de détention de Domenjod
Après avoir reçu les représentants de syndicats la semaine dernière, la présidente de la région Réunion a tenu à visiter le centre de détention de Domenjod. C'est la prison de l'île la plus touchée par la surpopulation, même si les autres ne sont pas en reste.

Les prisons réunionnaises sont surpeuplées. Le constat n'est pas nouveau, mais préoccupe la présidente de la région Réunion, surtout après l'annonce la semaine dernière du transfert d'une vingtaine de détenus mahorais vers La Réunion, n'améliorant guère la situation.

Huguette Bello s'est ainsi rendue en visite au centre pénitentiaire de Domenjod à Saint-Denis ce lundi 14 octobre 2024, après avoir reçu les syndicats vendredi dernier pour un état des lieux.

Regarder le reportage de Réunion La 1ère : 

Huguette Bello à la prison de Domenjod

La prison la plus peuplée de l'île

Il faut dire que cet établissement pénitentiaire est le plus surpeuplé du département, avec un taux de remplissage avoisinant les 160% selon les chiffres avancés par Vincent Pardoux, secrétaire régional FO Justice Réunion-Mayotte. 

Plus concrètement, toujours d'après les chiffres FO Justice Réunion-Mayotte, si la prison dispose de 450 places dédiées aux détenus majeurs du quartier hommes, ils sont en réalité 700. Chez les femmes, ce n'est guère mieux : 51 détenues pour 28 places. 

Situation tendue pour les détenus comme les agents 

"Si j'ai tenu à visiter le centre de Domenjod, c'est après une nouvelle alerte des représentants syndicaux. (...) Ces femmes et ces hommes qui assurent les missions pénitentiaires doivent bénéficier d'une reconnaissance à la hauteur de la pénibilité de leur tâche et de leur professionnalisme", affirmait la présidente de Région à l'issue de son déplacement. Ne manquant pas de rappeler qu'elle avait été, il y a bien des années de cela, "la première parlementaire à visiter la prison Juliette Dodu, honte de la République". 

Huguette Bello en visite à la prison de Domenjod

Il n'y a pas que la situation des personnels de prison qui inquiète Huguette Bello. Celle des détenus est tout aussi alarmante, estime-t-elle, martelant : "La société ne doit pas être plus odieuse, plus cruelle que ces personnes. Sinon, quelle réhabilitation peut-il y avoir ?" 

Tous les établissements surchargés

La présidente de région raconte avoir vu les cellules de 9m2 où s'entassent jusqu'à trois personnes. "Le cas de Domenjod est symbolique de la situation dramatique et de l'urgence évoquée par l'Observatoire international des prisons (...) avec 824 détenus pour 575 places", lance-t-elle. Soit l'impossibilité de garder les détenus en cellule individuelle, ce qui devrait pourtant être garanti depuis 2009, fait-elle remarquer. 

La situation n'est guère meilleure dans les autres établissements du département. A Saint-Pierre, la surpopulation fait aussi rage qui accueille 160 détenus pour une capacité de 116, et le Port a dépassé les 100% d'occupation, soit un taux jamais atteint dans un établissement pour peines à La Réunion, avance le syndicat FO Justice. 

Une nouvelle prison réclamée 

"Il faut réfléchir à la construction d'un nouvel établissement dans le département, pour désengorger le centre pénitentiaire de Saint-Denis et donner plus de facilité d'accueillir au niveau de la maison d'arrêt de Saint-Pierre, surpeuplée également", clame quant à lui Vincent Pardoux de FO Justice Réunion-Mayotte.  

Si le personnel est aussi remonté, c'est que cette surcharge intervient dans un contexte de baisse des effectifs. Ici à Domenjod, il manquerait ainsi 20 agents, et au Port, 14. 

Une vingtaine de détenus de Majicavo attendus 

Autre sujet brûlant, que celui de l'arrivée de détenus de la prison de Majicavo vers La Réunion. "25 demandes de transfert vers le département" ont été reçues, au lieu des deux habituelles arrivées par mois à la prison du Port, confirme Vincent Pardoux, le secrétaire régional de FO Justice Réunion-Mayotte. 

Ce fait, Huguette Bello l'impute aux gouvernements successifs qui n'ont pas doté le 101ème département français des structures suffisantes. "La France doit prendre ses responsabilités (...) et donner aux Mahorais les mêmes droits qu'à tous les Français. Nous ne sommes pas là pour subir les conséquences de cette politique mise en oeuvre par les gouvernements successifs", rugit-elle. 

"Que l'Etat n'envoie pas ici les problèmes qu'il ne sait pas gérer. (...) La Réunion ne peut durablement être considérée comme la seule et unique solution pour désengorger la prison de Majicavo"

Huguette Bello, présidente de région Réunion

Favoriser la réinsertion plutôt que la récidive

Enfin, il a aussi été question de réinsertion sociale. La visite de ce lundi a permis à l'élue régionale de constater que les 300m2 dédiés à la venue de petites et moyennes entreprises employant des détenus, n'en accueillait qu'une seule. "L'objectif de la peine de prison est de favoriser la réinsertion sociale, et pas un lieu de désinsertion sociale", souligne-t-elle. La collectivité s'est engagée sur la formation des détenus, avec un programme de réinsertion sur 2025-2026, prévu d'accueillir 148 stagiaires au sein d'entreprises, et pour un montant de 1,6 million d'euros englobant la rémunération et le coût pédagogique.  

"Il ne faut pas que l'on sème les germes de la récidive en prison. Et c'est ce qu'il se passe en France, pays des Droits de l'Homme". 

Huguette Bello, présidente de la région Réunion

Suite à cette visite de terrain et aux alertes des représentants syndicats, Huguette Bello précise qu'elle n'en restera pas là et écrira très bientôt au Premier ministre Michel Barnier à ce sujet.