Sur le circuit de la Jamaïque ce dimanche 6 octobre, des motards de la gendarmerie et de la police, suivis d'autres pilotes de deux-roues.
Ce n'est pas un cours de moto-école, mais presque : car lors de cette journée dans une ambiance conviviale, il s'agissait pour les pilotes de deux-roues motorisés d'apprendre ou de réapprendre les bons réflexes, notamment en ce qui concerne la "trajectoire de sécurité". Autrement dit, comment circuler tout en réduisant le risque d'accident de la route.
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Visibilité et anticipation
"Il s'agit d'adopter le meilleur angle de trajectoire et d'améliorer la visibilité et l'anticipation des événements pour éviter les chocs frontaux", résume Parvine Lacombe, directrice de cabinet du préfet et cheffe du projet sécurité routière. Même si ceux qui enfourchent leurs deux-roues ce matin ont leur permis moto en poche, cette trajectoire de sécurité, "très spécifique", reste peu suffisamment enseignée, considère-t-elle.
Et qui de mieux que les forces de l'ordre, tout à fait formées à ce type de conduite, pour enseigner les bons gestes aux autres motards ?
"C'est une formation pour permettre à ceux qui font beaucoup de route d'améliorer leur technique de conduite".
Parvine Lacombe, directrice de cabinet du préfet de La Réunion
Exercices sur l'accélération et le freinage
Willy Payet, gendarme de la brigade motorisée de Saint-Paul et chargé de mission deux-roues motorisés auprès de la préfecture, fait partie de ceux qui montrent l'exemple sur la piste de la Jamaïque ce dimanche. "On n'est pas là pour juger la conduite, mais on se rend bien compte que les plus novices n'ont pas l'habitude de pratiquer la piste, ni la trajectoire de circuit, et ils découvrent", constate-t-il.
Alors, au programme, après quelques explications théoriques sur un tableau blanc, des exercices sur l'accélération et le freinage, pour apprendre à parer à toute éventualité sur la route et s'en sortir en sécurité. "On va apprendre à freiner le plus court possible pour lorsqu'on se fait surprendre par un événement comme un enfant qui traverserait la route", donne-t-il en exemple.
"Remise en question" et "piqûre de rappel"
Parmi les participants inscrits à l'atelier de sensibilisation du jour, des motards confirmés, ou un peu moins, comme Lucas qui n'a son permis moto que depuis le mois de juin. "Je suis là pour faire de la moto parce que j'aime beaucoup ça, et améliorer mes connaissances, bien retravailler les bases", explique-t-il.
Guillaume roule à moto depuis 2020. "Parfois on a tendance à se laisser emporter mais il faut rester correct sur la route", fait-il remarquer.
Pour David, 22 ans de moto n'empêchent pas une "remise en question". "Une petite piqûre de rappel est toujours nécessaire. Il ne faut jamais penser qu'on est à l'aise tout le temps. Le danger, c'est d'être en confiance, il faut être prêt et en alerte tout le temps", estime le motard.
"Il y a toujours quelque chose à apprendre en moto. Sur route ouverte c'est toujours dangereux et il faut garder un esprit affûté et s'assurer qu'on maîtrise toujours bien sa moto"
Florent, motard depuis 25 ans
L'utilité de revoir les bases
De toute façon, les conseils s'adressent à tous, comme le précise le commandant de police Jean-Christophe Boubault, en charge de la sécurité routière. Gare aux mauvaises habitudes prises au fil du temps. "Quelqu'un qui ne roule que sur la route des Tamarins aura quelques difficultés sur les virages en lacet et inversement. Il est donc utile de revoir les bases", note-t-il.
"On propose différents ateliers sur la maniabilité lente, que tous les motards ont dû connaître normalement lors de leur formation initiale. Là on le propose sous un aspect un peu plus ludique, avec des passages sous des porches, des prises d'objet, ce qui incite les usagers à revoir un peu les bases en matière de visibilité et de maniabilité de leur machine, et ce quel que soit leur niveau ou l'ancienneté de leur permis".
Jean-Christophe Boubault, commandant de police et en charge de la sécurité routière
Attention à l'excès de confiance
Si les exercices du jour ont lieu sur circuit, la pratique sur la route sera encore différente. Mais "plus on aura de pratique sur circuit, plus on va maîtriser sa moto, et on va pouvoir rouler sur route de façon plus sûre", assure le très connu dans le monde de la moto Pascal Ravily, présent pour la journée.
Il met en garde contre "l'excès de confiance qui fait qu'on va peut-être surestimer ses capacités et passer des virages sur les mauvaises trajectoires", un comportement qui peut être dangereux.
"2% du trafic, mais 20% des tués"
Entre comportement et vulnérabilité aux chocs, les conducteurs de deux-roues sont en première ligne face aux accidents de la route, d'où les journées de sensibilisation comme celle d'aujourd'hui. Ils sont impliqués dans 340 accidents en moyenne chaque année sur l'île.
Au niveau national, ils représentent "2% du trafic, mais 20% des tués", souligne Parvine Lacombe. "Quand on conduit un deux-roues motorisé on a 20% de plus de risques de mourir d'un accident de la route qu'en voiture", s'alarme la cheffe de projet sécurité routière.
3 morts en deux-roues en 2024
Depuis le début de l'année, deux conducteurs de moto, et un autre de cyclomoteur, sont décédés sur les routes réunionnaises, contre six à la même date en 2023. L'accidentalité générale, en revanche, est en hausse, avec toujours pour première cause de décès sur les routes, la vitesse et l'alcool.