Ce jeudi 29 juin, direction Mamode Camp, sur les hauteurs du Brûlé à Saint-Denis. C'est là, à l'entrée de la forêt de la Roche Ecrite et tout près du Parc national, qu'une cinquantaine de personnes participait à un vaste de chantier de lutte contre les espèces invasives.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Parmi eux des agents communaux, des responsables associatifs, des bénévoles de la biodiversité ou encore des habitants du quartier. Il n'en fallait pas moins pour couper ou arracher les centaines de pestes végétales sur ces quelque 500 m2 de surface.
Abattre "le top 5 des espèces émergentes"
Organisée par le Parc national et la ville de Saint-Denis, qui ont ensemble signé une convention depuis 2014, ainsi que par l'ONF, cette opération avait pour but de couper court à l'invasion de plusieurs espèces végétales invasives ciblées sur ce secteur : le troène, le frêne de l’Himalaya, la myrte, le raisin marron et le bringelier marron. "Le top 5 des espèces émergentes", selon Guillaume Payet, adjoint au responsable du secteur nord du Parc national.
L'habitat d'oiseaux endémiques
Car ces plantes représentent des menaces pour la biodiversité réunionnaise, notamment à la Roche Ecrite, le tuit-tuit. "Les oiseaux forestiers ont tendance à plutôt nicher dans les espèces endémiques, qui étaient là avant les espèces introduites", explique Guillaume Payet du Parc national.
L'opération du jour aide donc la biodiversité en tentant "d'inverser la dynamique concernant les espèces qui remontent des bas vers le coeur naturel de l'île", explique le Parc national.
De grosses poches de raisin marron
Olivier Teyssedre, technicien forestier territorial du secteur de la Providence et du Brûlé, fait justement le point sur la situation dans ce secteur, aux portes du Parc national. "On avait des grosses poches de raisin marron ou vigne marronne, qui ont complètement disparu des bas avec l'apport de la mouche bleue, mais ici on est en altitude et il fait trop froid, donc en hiver, on n'a plus de mouches bleues", explique-t-il.
Difficile de se débarrasser de la myrte
Autre fléau, la myrte, utilisée pour fabriquer des huiles essentielles, mais qui pousse partout, d'après ce technicien forestier : "Même si on coupe, la souche repart. Cette plante donne aussi des graines qui sont très volatiles".
Le frêne de l'Himalaya, un arbre impressionnant
Le frêne de l'Himalaya lui aussi, est problématique. "Il a des graines volatiles qui se propagent et peut donner des arbres impressionnants. Quand on les retrouve en forêt, il faut des tronçonneuses pour les abattre", achève Olivier Teyssedre.
Reconnaître ces végétaux pour les couper
Pour lutter contre, encore faut-il pouvoir repérer ces végétaux. C'est pourquoi les participants ont appris auprès des acteurs de terrain qui luttent au quotidien, à reconnaître ces plantes devant lesquelles on passe en forêt sans se douter qu'il s'agit d'espèces exotiques envahissantes.
"Aujourd'hui on réalise une opération de sensibilisation des employés de la ville de Saint-Denis, des élus, des habitants, et des partenaires comme la FEDEP ou la SREPEN..."
Guillaume Payet, Parc national
"Il faut de l'huile de coude"
François, membre de la SREPEN, est chargé aujourd'hui de faire la chasse à la myrte. Une tâche de longue haleine. "Il faut de l'huile de coude : c'est usant physiquement, il faut avoir les bons outils parce que la myrte est un végétal très dur", dit-il la scie à la main. Ces souches ont été couvertes pour provoquer leur étouffement.
"Une fois qu'on a coupé, il faut recouvrir pour empêcher l'accès à la lumière, sinon la plante, qui est très résiliente, va faire des rejets de façon très importante"
François Olliet, membre actif de la SREPEN
Pour d'autres espèces, pas de gâchis avec les plantes coupées : bien que nuisibles lorsqu'elles sont vivantes, mortes, elles ont été laissées là pour servir d'humus et réenrichir le sol de la forêt.
Des opérations à répéter
Malheureusement, il faudra plusieurs autres opérations comme celles-ci pour venir à bout du problème. "On est sur des milliers d'hectares concernés par cette lutte dans le coeur naturel du Parc national. Mais aujourd'hui ce n'est qu'une opération ciblée", souligne Guillaume Payet du Parc national.
"Dynamique collective"
Pour Ericka Bareigts, la maire de Saint-Denis, qui participait elle aussi à ce chantier d'arrachage ce jeudi, il s'agit d'une "dynamique collective" à impulser. "Les agents municipaux sont mobilisés, ils font un travail au quotidien. L'an dernier, 92 pieds de tulipiers du Gabon ont été arrachés. On travaille aussi avec le Parc, l'ONF, des associations de quartier, les gens qui habitent le Brûlé", complète-t-elle.
L’opération pourrait être renouvelée sur différents secteurs du Parc national.