Semaine mondiale de l'allaitement maternel : un lien unique entre l'enfant et sa mère

Dans le monde, seuls 37 % des nourrissons bénéficient de l'allaitement maternel
La semaine mondiale de l'allaitement maternel débute ce mardi 1er août. Le sujet est parfois source de polémique mais à La Réunion, il fait globalement consensus. Une exposition y est consacrée à la médiathèque François Mitterrand à Saint-Denis. L'occasion pour l'association MOMentété d'encourager les mamans à allaiter.

Euphrasie est maman de deux enfants en bas âge et elle allaite encore Lila, la petite dernière âgée de seulement sept mois. Un geste naturel, réagit la Dionysienne. "Ma première fille, je l'ai allaitée jusqu'à deux ans. Pour moi l'allaitement c'est important. Ca renforce le système immunitaire des enfants", défend-elle.

C'est aussi l'argument avancé par l'Organisation mondiale de la santé. "L'allaitement maternel est l'un des moyens les plus efficaces de garantir la santé et la survie de l'enfant', souligne l'institution. Et pourtant, le sujet divise en France et ailleurs. Les discussions sont d'ailleurs souvent animées entre les pro et les anti allaitement.

L'exposition "Art, Kiltir et Tété" se poursuit jusqu'à ce dimanche 6 août à la médiathèque François Mitterrand, à la Trinité

"Moi j'ai l'habitude d'allaiter n'importe où"

Sans compter la question de l'allaitement en public qui, là aussi, fait débat. "Moi j'ai l'habitude d'allaiter dehors, n'importe où, et ça ne me gêne pas, confie encore Euphrasie. Dès que mon enfant en a besoin, je l'allaite. C'est vrai que parfois je remarque les regards des gens au supermarché, par exemple. Mais l'allaitement de ma fille, ça ne regarde que moi. Je ne vois pas où est le souci".

De passage à la médiathèque François Mitterrand, à Saint-Denis, la mère de famille a pu découvrir l'exposition "Art, Kiltir et Tété" qui est justement consacré à ce sujet. Cette exposition rassemblant les oeuvres de plusieurs artistes est organisée par l'association MOMentété à l'occasion de la semaine mondiale de l'allaitement maternel qui va du 1er au 7 août.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

La pratique de l'allaitement maternel ne fait globalement pas débat à La Réunion. Mais quelques idées reçues persistent

Trop de préjugés...

Gwendoline Nallacarpapoulé, la présidente et co-fondatrice de l'association, va jusqu'à parler de "libération de la parole". "A La Réunion, l'allaitement, c'est très bien vu et il faut le souligner, car ce n'est le cas partout, mais il y a énormément de préjugés qui existent. On a toutes reçu des phrases qui ont pu parfois nous blesser ou nous questionner sur notre choix d'allaiter. Et c'est ça qu'on veut libérer en fait", défend-elle.

Hors de question ici d'obliger toutes les mamans à allaiter, insiste-t-elle encore. "L'allaitement est un choix mais c'est aussi un choix de le soutenir". Gwendoline Nallacarpapoulé estime notamment qu'il reste encore beaucoup d'efforts à faire au niveau de la formation des personnels soignants.

... et de superstitions

Et puis il y a aussi les idées reçues et les superstititions qui ont la vie dure, rajoute Jaimie Tibère, qui est, elle, la vice-présidente de MOMentété. "A La Réunion, il n'y a pas de polémique, mais il y a beaucoup d'idées reçues. C'est une petite île avec un métissage culturel, des croyances qui sont très ancrées", explique celle-ci.

"Par exemple, on dit que le lait maternel peut tourner lorsque l'on est stressée ou qu'on a fait un accident. Ou qu'il ne faut plus allaiter quand il y a un décès dans la famille... Mais non ! Tout ça, ce sont des idées reçues ! Il faut plutot chercher une information scientifique et malheureusement cette information n'est pas accessible à toutes".

Jaimie Tibère et Gwendoline Nallacarpapoulé ont créé l'association MOMentété pour encourager la pratique de l'allaitement

"Allaiter, c'est naturel mais pas inné"

"Moi, je dis souvent qu'allaiter c'est naturel mais pas inné". D'où l'intérêt d'en parler autour de soi et de multiplier les sources. Mais pourquoi exposer sur cette thématique dans une médiathèque ? "Généralement, la semaine de l'allaitement, c'est en octobre, mais souvent c'est plutot axé sur tout ce qui est médical. Là, on a voulu donner une autre couleur à cette semaine-là".

Et les artistes sollicités pour peindre ou dessiner sur cette thématique partagent la même opinion sur les bienfaits de l'allaitement. "Mon fils, ma fille et surtout mon épouse m'ont beaucoup inspiré pour mes dessins", explique Mathieu Tibère alias "MT-Portraits".

L'exposition "Art, Kiltir et Tété" se poursuit jusqu'à ce dimanche 6 août à la médiathèque François Mitterrand, à la Trinité

Des artistes engagés corps et âmes

"J'ai voulu retranscrire les 1 000 jours de l'allaitement, poursuit le père de famille. Pourquoi 1 000 jours ? Parce que l'OMS recommande d'allaiter son enfant jusqu'à ses deux ans et si on prend en compte les 9 mois de grossessse, ça fait 1 000 jours". 

Même point de vue pour l'illustratrice Marine Técher, alias "Mawiine Kawaii" : "Je suis jeune maman et je viens de terminer mon allaitement. J'étais en plein sevrage quand j'ai réalisé l'oeuvre exposée aujourd'hui. Et je voulais apporter une image positive de l'allaitement. On a tendance à oublier que c'est quelque chose de naturel et de très important. On apporte la vie, et en allaitant, on continue à la nourrir".

Une quinzaine de livres spécialisés sur l'allaitement sont présentés à l'exposition "Art, Kiltir et Tété"

Une pratique "économique et écologique"

Outre les dessins et les peintures, une douzaine d'ouvrages littéraires spécialisés sont également exposés à la médiathèque de la Trinité. Les deux fondatrices de Momentété mettent en avant "les mille et un bienfaits" de l'allaitement.

"C'est économique et même écologique vu qu'on n'utilise pas d'eau, ni d'autres produits. Et puis, il y a un lien unique qui se crée avec bébé. Un lien qui reste même après l'allaitement. On ne dit pas qu'il n'existe pas chez les mères qui n'allaitent pas, mais il y a vraiment quelque chose de spécial qui se passe quand on le fait".

L'exposition "Art, Kiltir et Tété" se poursuit jusqu'à ce dimanche 6 août à la médiathèque François Mitterrand, à la Trinité