Les scientifiques du CIRAD ont réalisé ce lundi 17 mai un nouveau lâcher de moustiques stériles, cet après-midi, à Saint-Joseph, dans le cadre des recherches dans la lutte contre la dengue. Une technique qui suscite de l’espoir dans une île durement frappée par l’épidémie..
C’est une technique innovante qui pourrait à terme être déterminante dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de dengue, à La Réunion.
Les essais pilotes de la Technique de l’insecte stérile (TIS) ont pour ambition de mettre un terme à la prolifération des moustiques Aedes aegypti, qui sont responsables comme le bien connu Aedes albopictus, de la transmission de la dengue, du chikungunya ou encore du zika.
Cette expérience coordonnée par le Cirad, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, se poursuit ce lundi 17 mai, à Saint-Joseph.
L'expérience menée à Ravine d'Amour
Cet après-midi, 14h, un quatrième lâcher a été réalisé dans le secteur de la Ravine d’Amour. A cause d'un problème technique, l'opération n'a pas pu se faire par drone comme prévu. Elle a donc été réalisée manuellement. Un premier lâcher par drone avait été réalisé le 4 mai dernier.
Sur le papier, la technique est on ne peut plus simple : ces moustiques stériles qui ne piquent pas sont imprégnés d’un biocide, puis relâchés dans la nature. En s'accouplant, ces mâles vont transmettre le produit aux femelles, ce qui doit permettre d'éliminer les gîtes larvaires.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Quatre ans de travaux de recherche
Cette technique dite de la TIS boostée ou renforcée est censée être plus efficace que la technique de l’insecte stérile à elle-seule, souligne Jérémy Bouyer, entomologiste médical au Cirad et coordinateur du projet ERC Revolinc.
Après plus de quatre ans de travaux en laboratoire, le projet est donc entré dans sa phase expérimentale sur le terrain. La ville de Saint-Joseph a été choisie pour mener ces essais car la population d’Aedes aegypti y est plutôt isolée.
Des dizaines de milliers de moustiques seront lâchés
"On fait une série de six lâchers d’environ 10 000 individus, le but est de voir si la qualité des mâles stériles est suffisante (survie, dispersion, compétitivité sexuelle). On en a encore deux à faire après celui-là, et on commencera ensuite à en lâcher en quantité plus importante", explique encore Jérémy Bouyer.
Dans deux semaines, 50 000 moustiques arriveront en effet par colis au Cirad afin d’être lâchés à leur tour à Saint-Joseph. Thierry Baldet, co-animateur du projet de lutte contre les moustiques, confirme qu’il y a bien eu quelques réticences parmi les habitants de la commune du Sud sauvage, mais leurs inquiétudes semblent avoir été levées.
L'interview de Thierry Baldet sur Réunion La 1ère :
Une expérience parallèle à l'IRD
"L’utilisation de mâles stériles est déjà déployée dans d’autres régions du monde contre les mêmes moustiques. Elle est totalement inoffensive et respecte l’homme et l’environnement", défend notre interlocuteur.
"Les Réunionnais se rendent bien compte de la gravité de la dengue et que l’on a besoin de développer des approches innovantes pour lutter contre ces moustiques", conclut Thierry Baldet qui est confiant s’agissant de l’efficacité avérée de cette technique.
Parallèlement, l’IRD réalise aussi une expérimentation similaire : à Sainte-Marie, les moustiques stériles sont, eux, tous lâchés depuis le sol. Un projet parallèle contre le moustique tigre qui donne de bons résultats, avec une opération d’envergure qui est prévue en septembre prochain.