Depuis son arrivée mercredi à La Réunion, Philippe Vigier n'a eu de cesse de rappeler combien notre île était un territoire "à la pointe" sur de nombreux sujets, notamment la technologie. La suite de sa visite ce jeudi l'a justement emmené à Saint-Paul, dans les locaux de la start-up flowly.re.
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L'entreprise, créée par Julien Tenenbaum en 2018 à La Réunion, fait partie des projets lauréats du grand plan d'investissement du gouvernement, France 2030. "On est très honorés de recevoir un ministre" disait le fondateur de Flowly ce jeudi.
Flowly, lauréate de l'appel à projets CORAM
Si Philippe Vigier a fait le déplacement jusqu'ici ce jeudi, c'est notamment pour officialiser la sélection de Flowly dans l'appel à projet CORAM (Comité d’Orientation pour la recherche automobile et mobilité), pour soutenir l'innovation et la recherche dans le domaine de la mobilité, dans le cadre de son plan France 2030.
Spécialisée dans l'analyse des données de mobilité
Car l'activité de Flowly consiste à recueillir et analyser des données relatives à la mobilité, afin d'ajuster les offres de transport en fonction de chaque usager. "On est une société spécialisée dans l'analyse des flux de déplacement dans les réseaux de transport en commun", explique Julien Tenenbaum.
La "R&D" financée par l'Etat
L'accompagnement de l'Etat grâce à CORAM va permettre de financer les travaux de recherche et développement de la société pour les quatre années à venir. La petite entreprise innovante souhaite désormais pouvoir élargir son activité à l'analyse des flux multi-modaux, c'est-à-dire autant les flux de transports en commun, que de voitures, de vélos, de piétons, pour "permettre aux collectivités de mieux appréhender les politiques de déplacement à l'échelle des territoires", souligne Julien Tenenbaum.
Des clients locaux, nationaux, et internationaux
Si l'activité de recherche et de développement de cette entreprise qui emploie dix personnes se concentre à Saint-Paul, ses services eux, se vendent à l'échelle internationale.
A l'heure actuelle, 95% de l'activité de Flowly concerne des collectivités en dehors de La Réunion : l'entreprise équipe déjà les réseaux de plusieurs villes de l'Hexagone comme Nice, Rouen, ou Avignon mais aussi d'autres réseaux plus conséquents comme ceux de Sydney en Australie et de Dublin en Irlande. A La Réunion, Car Jaune et Citalis font partie des réseaux de transport qui bénéficient de ses services.
"La France qui gagne"
Philippe Vigier a tenu à le souligner : il est fier de voir en Flowly une entreprise "exemplaire", qui non seulement est un symbole des capacités d'innovation présentes sur le territoire, rayonne à l'international, mais qui agit aussi en faveur de la transition écologique de pas son activité. Le ministre délégué aux outre-mer l'a garanti : l'Etat et les collectivités seront toujours derrière ces "pépites", cette "France qui gagne, qui va de l'avant, et prend des risques".
Prendre des risques réussit en tout cas à Flowly. Aujourd'hui elle connaît une croissance en forte augmentation de 40 à 50% par an, et totalise un chiffre d'affaires annuel de plus d'un million d'euros.
Rencontre culturelle au musée de Villèle
Après s'être intéressé aux enjeux du numérique pour l'avenir, Philippe Vigier a fait un bond dans le passé et le patrimoine réunionnais à Saint-Gilles-les-hauts. Car le reste de l'après-midi a été dédié à la rencontre avec les acteurs culturels de l'île, au musée de Villèle.
Le musée en cours de réhabilitation
Ce site fait actuellement l'objet d'un vaste projet de réhabilitation dans le cadre du renouvellement de sa muséographie. Car cet ancien domaine colonial, qui appartenait à la famille Desbassyns, est un des nombreux lieux de La Réunion qui racontent le passé colonial de l'île mais aussi le crime contre l'humanité que fut l'esclavage.
"Ce musée à la vocation d'expliquer la vie de famille et la vie des esclaves. Ce n'est pas utile de faire une histoire unijambiste. Il faut raconter les deux côtés en même temps pour que les gens aient les outils pour connaître autrefois et se questionner : si on avait été à leur place, qu'est-ce qu'on aurait fait ?"
Jean-Marie Itema, guide au musée de Villèle
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Le ministre délégué aux outre-mer a salué le travail des équipes qui travaillent au nouveau projet muséographique du site. "Au-delà du travail des mémoires, il faut en faire un élément de développement touristique et patrimonial", souligne Philippe Vigier.
"Restituer l'histoire"
Philippe Vigier a visité le site au gré de la présentation du projet du nouveau musée de Villèle.
"J'ai été très sensible à tout ce qu'on m'a expliqué tout à l'heure. On a besoin de savoir d'où on vient, où sont nos racines, comment nous faisons en sorte de restituer l'histoire telle qu'elle a été".
Philippe Vigier, ministre délégué aux outre-mer
"Une reconnaissance"
Pour la conseillère régionale Patricia Profil, la visite du ministre en ces lieux est "d'un point de vue historique et humain, une réhabilitation et la reconnaissance d'une histoire qui a été trop longtemps enfouie".
"Je suis fière parce que dans tous les moments qui ont été décrits, on voit que la personne esclavisée est un être ingénieux. Et c'est ça qui doit ressortir à travers ce musée de l'esclavage : des hommes et des femmes qui ont su faire preuve d'ingéniosité, de créativité, malgré un système qui ne les portait pas en tant qu'êtres humains. C'est une richesse que nous devons mettre en exergue (...). Le ministre a pris conscience de ça."
Patricia Profil, conseillère régionale
Globalement, le ministre a constaté qu'à La Réunion, "l'ambition culturelle n'est pas une déclaration, mais du réel".
"La maquette que j'ai pu voir tout à l'heure est inspirante tout comme le département de La Réunion est inspirant"
Philippe Vigier, ministre délégué aux outre-mer
Ce jeudi soir, le ministre est attendu pour un dîner de travail avec le monde économique de l'île, avant d'entamer, vendredi, sa dernière journée de visite.