"Le mois de janvier 2024 est exceptionnel, confirme François Bonnardot, responsable de la prévision à Météo France Réunion. C’est le troisième mois de janvier le plus arrosé sur La Réunion depuis plus de 60 ans de relevés". Ce mercredi 31 janvier, l'Ouest, le Sud et le Sud-Est sont toujours en vigilance jaune fortes pluies et orages.
Proche de Hyacinthe
Plus exceptionnel encore, dans le Sud, il s’agit de la "deuxième année la plus arrosée derrière l’année 1980 lorsque le cyclone Hyacinthe avait apporté des pluies diluviennes pendant plus de 15 jours sur La Réunion", ajoute François Bonnardot.
Sur les réseaux sociaux, les internautes ont renommé La Réunion "moisiland" en raison de l’humidité record et des moisissures qui se développent.
Regardez les précisions de Réunion La 1ère :
Belal, puis Candice
Certaines régions de l’île sont arrosées presqu’en continu depuis mi-janvier. Météo France Réunion explique que plusieurs épisodes pluvieux exceptionnels se sont succédés.
"Le cyclone Belal nous a impacté et a apporté des pluies fortes et remarquables sur tous les hauts de l’île et sur le Nord-Ouest de l’île, rappelle François Bonnardot, responsable de la prévision à Météo France Réunion. Les cumuls dépassaient les 500 mm sur de nombreux secteurs".
Le passage du cyclone Belal a notamment laissé des traces sur la cascade du Voile de la mariée à Salazie. Le reportage de Réunion La 1ère :
Dans la foulée, dix jours après, la tempête Candice se forme à 200 km à l’Est de La Réunion. Elle génère à nouveau un épisode de pluies diluviennes sur le Sud de l’île, "avec des valeurs remarquables de 500 à 800 mm de pluies sur les hauts de Saint-Joseph".
Un phénomène pluvieux très intense dimanche dernier
Le dernier épisode en date est un phénomène pluvieux très intense qui a eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi.
Il n’était pas associé à un phénomène cyclonique, mais en 12h il a apporté des pluies exceptionnelles sur les hauts de Saint-Joseph et du Sud-Ouest avec des valeurs dépassant les 500mm.
François Bonnardot
Il s’agissait "d’une cellule orageuse stationnaire qui est resté près de 12h sur Saint-Louis", explique le prévisionniste. Ce genre de phénomène est "plus difficile à prévoir qu’un système cyclonique".
Quatre morts, des sols saturés, des infrastructures détruites
La succession de ces trois événements exceptionnels a conduit à une saturation totale des sols. "Depuis, la moindre averse, même modérée, provoque rapidement des réactions des cours d’eau et des ruissellements", prévient François Bonnardot.
En trois jours, quatre personnes ont été emportées par les eaux à proximité de radiers dans le Sud de l’île. Des routes ont été détruites, des infrastructures à terre, une agriculture dévastée : l’île souffre.
Vers une accalmie
D’ici vendredi, "on devrait entrer dans une phase plus sèche avec un retour à la normalité de la saison". Une accalmie devrait se dessiner et permettre à l’eau dans les sols de s’écouler pour revenir à une situation plus normale.
El Nino en cause
En revanche, la saison cyclonique est loin d’être terminée dans l’Océan Indien. Le phénomène El Nino, toujours présent dans le Pacifique, pourrait expliquer les dernières fortes pluies.
"Il se traduit dans notre bassin par des anomalies de température dans notre océan", explique François Bonnardot, responsable de la prévision à Météo France Réunion. L’Océan Indien surchauffe avec des valeurs qui dépassent les normales de plus d’un degré.
L’Océan très chaud propose un réservoir d’énergie supérieur à la normale. Tous les phénomènes qui se développent sont amplifier avec El Nino.
François Bonnardot
Un retour de l’activité cyclonique sur le bassin Océan Indien pourrait avoir lieu fin février, début mars.