Aussitôt après la cérémonie de dépôt de gerbes à Saint-Denis, la Première ministre a pris la direction de l'Est, accompagnée de Jean-François Carenco, ministre chargé des outremers, et Olivier Klein, ministre délégué au Logement.
Henri-Claude Elma était en direct de Salazie ce midi :
Tous étaient attendus à Salazie, au niveau de la prise d'eau de la rivière-du-Mât, là où les ressources de l'Est sont transférées dans l'Ouest via une galerie d'une trentaine de kilomètres. Un endroit tout indiqué pour évoquer les enjeux de l'eau sur l'île, et surtout de l'irrigation des terres agricoles.
Sur place, elle a été reçue entre autres par le maire du cirque Stéphane Fouassin, le maire de Saint-Benoît Patrice Selly, ou encore le président du Conseil départemental Cyrille Melchior.
Le transfert des eaux d'Est en Ouest
Après une présentation rapide des enjeux de l'aménagement du territoire, le président du Département est entré dans le vif du sujet : le basculement des eaux de l'Est, bien arrosé, vers l'Ouest, qui l'est moins. Un transfert, imaginé dans les années 80 et désormais achevé, mais qui laisse place à de nouveaux projets. Le Département est, pour rappel, maître d'ouvrage des grands aménagements hydrauliques.
Le projet MEREN, pour mobiliser les ressources hydrauliques dans l'Est et le Nord
Le projet MEREN par exemple, pour "Mobilisation des ressources en eau des micro-régions Est et Nord", est actuellement porté par le Département. Guillaume Charlat, responsable du service développement hydraulique et gestion de l'eau, a expliqué les enjeux de l'aménagement hydraulique du territoire. Un territoire, rappelle-t-il, qui bénéficie d'une ressource abondante, mais difficile à gérer en fonction de la saisonnalité : des saisons sèches marquées, tout comme les saisons des pluies.
Un projet global de gestion de l'eau
Ce projet vise la sobriété dans la gestion de l'eau, fait valoir le Département : non seulement, il va rationnaliser l'usage de l'eau agricole, valoriser et optimiser les installations existantes sans avoir à demander de nouvelles autorisations de captage en rivière, mais il ambitionne de réutiliser les eaux usées, notamment par la station d'épuration du Grand Prado qui pourrait fournir jusqu'à 9 millions de m3 d'eau pour l'agriculture, soit la moitié des besoins de l'agriculture sur la micro-région Nord.
La tranche 1 du projet MEREN est toujours à l'étude, et sera réalisée pour une enveloppe de 281 millions d'euros, quand la tranche 2 coûtera environ 200 millions d'euros. Le projet bénéficie notamment des fonds européens FEADER et FEDER.
La Maison France Services de Salazie inaugurée
Après avoir visité l'infrastructure de transfert de l'eau, Elisabeth Borne et la délégation se sont rendues à la maison France Services de Salazie, pour une inauguration. Une fois le ruban tricolore coupé et la plaque d'inauguration dévoilée, la Première ministre a visité les lieux. Un endroit où les habitants du cirque peuvent s'informer sur différents services tels que la CAF, la Sécurité sociale, LADOM... voire bénéficier d'une formation informatique.
Un temps d'échanges à la mairie
Stéphane Fouassin, maire de Salazie, a ensuite reçu la délégation ministérielle en mairie, et évoqué lors d'une prise de parole les enjeux auxquels il est urgent de répondre sur sa commune : le tourisme, mais aussi un taux de chômage important, des difficultés au niveau du logement, la désertification médicale... "Nous avons besoin du soutien du gouvernement pour le désenclavement de la commune", s'est-il adressé à la Première ministre.
Le maire de Salazie réclame ainsi plus d'accompagnement de l'Etat, notamment par une augmentation de la dotation pour les territoires ruraux.
Le cri de colère d'un restaurateur
Un restaurateur de Salazie a quant à lui interpellé Elisabeth Borne sur les conséquences des fermetures de route suite aux éboulis, notamment les annulations de clients. "En ce moment, on est dans le désespoir. On aime notre commune, on aime notre activité, et on veut la développer. On nous a annoncé des mesurettes mais on n’a rien vu jusqu’à maintenant. Si ça continue, on ne pourra plus avancer, faire vivre nos collaborateurs. C’est malheureux. On est en train de couler. On n’a pas l’habitude de pleurer pour des aides, on se lève, on travaille, et on aime notre activité. On aimerait de vraies aides, pas des mesurettes”, dit-il au maire et à la Première ministre.
"On va regarder comment on peut vous soutenir"
Stéphane Fouassin a abondé sa demande, suggérant à Elisabeth Borne davantage de chômage partiel. "Il faut qu'on regarde comment on vous permet de passer cette période difficile, pour ne pas que les entreprises plongent le temps des travaux", lui a répondu la Première ministre. "On voit bien qu'il y a des difficultés d'accès qui ont sans doute des conséquences sur la vie quotidienne, sur l'accès à la formation, l'accès au travail, l'accès aux services publics... (...) On va regarder avec le préfet et la présidente de Région comment on peut vous soutenir le temps que les travaux soient terminés et que les clients puissent revenir", assure Elisabeth Borne.
L'occupante de Matignon s'est dite "à l'écoute" des Réunionnais sur leurs "difficultés et préoccupations".
"J’ai souhaité que ça soit l’occasion d’échanger avec les Réunionnaises et les Réunionnais sur les sujets de préoccupations, les interrogations et les difficultés que vous pouvez rencontrer. (...) Vous êtes dans une commune magnifique, c’est impressionnant quand on arrive, c’est exceptionnel ce patrimoine classé à l’Unesco. (...) On voit quand on arrive les difficultés d’accès qui existent. (...) Nous sommes là pour apporter des réponses et des solutions concrètes. (...) La maison France services est un vrai plus pour nos concitoyens. (...) Depuis des décennies, on voyait les services publics s’éloigner, cette fois ils reviennent en proximité. (...) Je suis à votre écoute sur les questions, difficultés et préoccupations qui sont les vôtres. L’objectif est : la main dans la main avec les élus pour apporter des réponses concrètes."
Elisabeth Borne, Première ministre