Débutée en 2021, l'opération TIS (technique de l'insecte stérile) comme moyen de lutte contre les moustiques vecteurs d'arboviroses va bientôt entrer dans une nouvelle phase de plus grande envergure dès le début de l'année prochaine.
C'est ce qu'a confirmé Thierry Baldet, directeur de recherche au CIRAD, le centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement. Cet expert des maladies vectorielles émergentes est l'invité de la matinale de Réunion La 1ère ce lundi 2 décembre.
Cette deuxième phase, baptisée OPTIS (OPérationnalisation de la TIS) consistera à démontrer l'efficacité de cette approche "à une plus large échelle" explique le scientifique.
Une zone urbaine de Saint-Joseph ciblée
À partir de la fin du mois de janvier 2025, ce sont 200 hectares d'une zone urbaine de Saint-Joseph qui seront concernés par des lâchers de moustiques mâles de l'espèce Aedes (aegipti et albopictus) rendus stériles par irradiation + biocide (TIS renforcée) puis par simple irradiation, et ce sur une période de deux ans.
D'avril à mai 2021, une première opération s'était déjà déroulée avec succès sur cette même commune sudiste, dans le quartier de Vincendo particulièrement concerné par la présence d'Aedes aegipti, espèce invasive de moustique responsable de la transmission de la dengue.
Des lâchers au sol et dans les airs
60 000 insectes stériles avaient ainsi été répandus dans le secteur, depuis le sol et par drone, avec un résultat significatif : en juillet 2021, la population de moustiques avait diminué de 88 %.
Une autre expérimentation similaire avait été menée par l'IRD dans la zone de Duparc à Sainte-Marie, de juillet 2021 à juillet 2022, spécifiquement sur l'Aede albopictus.
Communication à la population
Ce nouveau projet OPTIS devra inclure des études d'impact entomologique sur les insectes cibles et environnemental sur la zone non-cible, épidémiologique sur la transmission du virus de la dengue, et sociologique sur l'acceptabilité de cette approche. "Une stratégie de communication auprès de la population va être déployée avec l'appui de la Mairie" précise le chercheur.
Start-up et irradiateur
"Cette nouvelle phase permettra ensuite d'apporter les bases scientifiques nécessaires à l'installation d'une start-up implantée dans l'île, qui devra assurer "l'opérationnalisation" de la TIS renforcée à partir de la troisième année", explique encore Thierry Baldet.
Le projet, porté conjointement par le CIIRAD et l'IRD, s'accompagne de l'acquisition d'un irradiateur dédié au traitement local des moustiques, puis d'autres insectes vecteurs et ravageurs en vue d'une promotion de l'utilisation de la TIS à La Réunion, mais aussi dans l'océan Indien.
Retour du chikungunya, la dengue toujours là
La réussite de cette opération à plus grande échelle sera d'autant plus scrutée que La Réunion connaît actuellement une recrudescence des cas autochtones de chikungunya (26 cas avérés depuis le 23 août dernier), et que la dengue continue de circuler à bas bruit sur le département (22 cas depuis fin août, en majorité dans le sud.