Un escroc réunionnais déjà condamné sévit une nouvelle fois à La Réunion

Palais de Justice de Saint-Pierre.
C'est une histoire dont Jean* aurait bien aimé se passer pour finir sa carrière. Ce cadre au chômage a été convaincu, comme 5 autres personnes, par les chimères d’un escroc professionnel. La signature d’un CDI le 16 janvier 2023, pour la création d’une holding d’import-export, lui a redonné de l’espoir. Il n’a jamais été payé pour le travail effectué. Il a déposé plainte.

Pendant une dizaine de mois, Jean a espéré d'être payé pour le travail qu’il a effectué au sein d’une holding d’import-export en cours de création. Lui et 5 autres cadres ne verront jamais leurs comptes bancaires crédités. Il a décidé de porter plainte auprès du procureur de la République du tribunal judiciaire de Saint-Pierre. Une instruction est en cours.

Une offre d'emploi alléchante

En décembre 2022, Jean et d’autres cadres répondent à une annonce en vue de la création d’une holding internationale dans l’import-export. Cet ancien directeur administratif et financier voit là une belle opportunité pour finir sa carrière avant la retraite.

Le rendez-vous est donné dans un espace de co-working à Grand Bois. C’est une première interrogation pour Jean. Le dirigeant lui explique qu’une belle case créole est en cours d’acquisition dans les hauts du Gol pour y établir le siège social. Cet homme affirme avoir bien réussi dans les affaires. Il a 68 millions d’euros qu’il souhaiterait investir en autofinancement dans son projet de vie à travers cette holding.  

Comme promesse, le dirigeant peu scrupuleux lui promet un salaire très confortable à 5 chiffres, une voiture de fonction de luxe, un smartphone et un ordinateur portable. Jean propose que ces investissements se fassent au bénéfice de la holding mais le dirigeant insiste. Il ne verra jamais les promesses aboutir. 

Des éléments comptables inexistants

Jean et 5 autres cadres sont recrutés et signent leur contrat à durée indéterminée le 16 janvier 2023. Les semaines passent et à la fin du mois de février, les salaires ne sont pas versés. Pourtant, Jean et le comptable ont effectué toutes les démarches pour qu’ils soient versés à temps. Patiemment, il attend les éléments comptables dès février, les relevés de compte, les justificatifs des avoirs pour effectuer le travail de fond et d’organisation avec le comptable. Il ne les verra jamais. 

Un dirigeant qui a réponse à tout

Le dirigeant incrimine un problème administratif. Sa dernière société est basée au Luxembourg et les banques locales rechigneraient au transfert des fonds. Jean se renseigne, effectue des recherches sur internet. Les dires de son patron semblent plausibles. 

Même sans toucher de salaire, Jean reste fidèle à son poste avec une autre collègue. Les autres sont partis sans demander leur reste. 

Au mois de juin 2023, Jean demande une régularisation à l’amiable via l’avocat mandaté par la société. L'avocat ne sera pas payé. La régularisation n’aboutit pas. 

Une plainte déposée chez le Procureur

En septembre de la même année, il dépose une plainte collective auprès du Procureur de la République à Saint-Pierre. Le 7 novembre 2023 la liquidation judiciaire de la société est prononcée. De fait, une procédure auprès de l’Association pour la gestion du régime de Garantie des créances des Salariés (AGS) n’a pas réglé les salaires pour donner suite à une décision défavorable des prud’hommes.  

Sur le plan pénal, le Procureur a donné du crédit à son dépôt de plainte par une audition en avril 2024. Il espère que l’instruction est toujours en cours. 

Le dirigeant incriminé a déjà été comdamné par le passé pour des faits similaires ici et dans l'Hexagone. À La Réunion, il a écopé de 4 ans de prison dont deux fermes en appel.

Désormais Jean est au RSA.