"Il y a une étude qui disait qu’on voyait entre 300 et 400 000 signaux publicitaires par an et par personne, donc c’est monstrueux", s'indigne Vincent, un militant bénévole à Paysages de France. Après un an de procédure, l'association a décidé de saisir le tribunal administratif pour forcer l’Etat à ôter des panneaux, en raison du refus du préfet de faire appliquer la réglementation relative à la publicité extérieure. Mais elle ne mène pas seulement une bataille juridique, ses bénévoles voudraient aussi une prise de conscience. "Les gens pensent qu’ils ne les voient pas mais en fait ils les voient au quotidien, poursuit Vincent. Ils ne s’en rendent plus compte. S’ils n’étaient pas utiles, ils n’existeraient pas."
Pas plus de 12m²
Utiles en premier lieu aux grands groupes, qui peuvent se payer ces espaces, au détriment des petits commerces, pense Vincent. Le groupe chasse donc les entorses à la règlementation et rappelle que le classique 4x3 ne devrait quasiment plus exister. Le militant nous emmène justement au Port, devant un panneau publicitaire. "Alors là, on est sur un panneau qui est trop grand, qui fait plus de 12m² alors que le code l’environnement impose depuis 2015 que les panneaux soient plus petits… On a clairement des afficheurs qui ne se mettent pas aux normes. Et on a un laisser-faire des autorités locales."
Selon les relevés de l’association, qui est allée sur le terrain faire des constats, près de 70% des panneaux de l’île seraient illégaux. A seul titre d'exemple, elle a relevé une centaine d'infractions sur la commune de Saint-Paul.
Trop grands, trop nombreux
Car l'association précise : il n’y a pas que la taille qui compte, il y a aussi le nombre et la proximité avec un bâtiment. Toujours devant le panneau du Port, Vincent poursuit : "on est à une dizaine de mètres des habitations, donc clairement, les gens quand ils sont sur le balcon, avant de voir la végétation, ils voient le panneau publicitaire en permanence. Ca dégrade la qualité de vie des Réunionnais."
Bien rares sont les communes de l'île à s’être dotées d’un règlement local de publicité ambitieux. Celles qui l’ont fait n’obligent pas à l’appliquer. Pourtant, en janvier 2024, ce sont elles qui auront la responsabilité des contrôles sur leur territoire. La loi climat a permis à l’Etat de leur laisser le dossier.