Une heure contre le harcèlement scolaire dans tous les collèges : les réactions des syndicats à La Réunion

"Une heure de sensibilisation" au harcèlement scolaire aura lieu dans tous les collèges de France dès ce lundi 16 juin, a annoncé le ministère de l'Education. 3,4 millions de collégiens seront concernés par cette mesure, y compris à La Réunion. Réactions.

Une heure de sensibilisation sur la thématique "harcèlement et réseaux sociaux" sera organisée dans les 7 000 collèges de France durant cette semaine du 12 au 16 juin, a annoncé, hier, dimanche 11 juin, le ministre de l'Éducation, Pap Ndiaye. Au total, 3,4 millions de collégiens sont concernés par cette mesure, y compris à a Réunion. Les syndicats dénoncent la précipitation dans laquelle s’est faite cette annonce, en « plein week-end et par voie de presse ».

Le reportage de Réunion La 1ère : 

Sensibilisation au harcèlement scolaire dans les collèges

"Une réponse à un drame", "le manque de formation"

"C’est une réponse à un drame, on a tous été choqué par ce qui est arrivé, mais c’est une réponse médiatique et ce n’est pas une réponse concrète pour les victimes, a réagi Jérôme Ethève, secrétaire académique de FO Collèges et lycées. Nous sommes face à des problèmes de harcèlement et même de détresse, et nous ne sommes pas formés. Comment on détecte le harcèlement ? Comment recueillir la parole de l’élève ?". Les syndicats auraient préféré une vraie politique de prévention et des moyens.

Regardez son interview sur Réunion La 1ère :

Harcèlement scolaire : interview d’un syndicaliste

Le suicide de Lindsay

Le gouvernement veut "monter en puissance" contre ce "fléau". Le harcèlement scolaire s'amplifie avec les réseaux sociaux. Le ministre de l'Éducation a reçu la mère de Lindsay, l’adolescente de 13 ans s'est suicidée le 12 mai après avoir été victime de harcèlement dans son collège du Pas-de-Calais. Le ministre a reconnu un "échec collectif". Dernièrement, des élèves d'un collège de Castres ont été convoqués par la justice, après la plainte de la mère d'une collégienne pour harcèlement scolaire.

"Les élèves sont en fin de cycle et ont l’esprit ailleurs"

"Le ministre réagit à l’actualité et on n’est pas sur du long terme, déplore Joël De Palmas, secrétaire général adjoint de la CGTR Education. Il réagit à ce fait divers, il en aura fallu un énième pour qu’il se décide, mais là il se décide à un moment qui n’est pas propice pour les collèges et les lycées". "Les conseils de classe sont terminés, les examens commencent au collège, les lycéens sont déjà démobilisés, ajoute-t-il. Les élèves sont en fin de cycle et ont l’esprit ailleurs".

Des visioconférences avec le ministre

Le ministre de l'Éducation réunira mardi 13 juin en visioconférence les 14 000 chefs d’établissement, les inspecteurs de l’Éducation nationale, les secrétaires généraux d’académie et les recteurs. Il veut "leur rappeler l’ensemble des leviers à leur disposition" et "recueillir leurs remontées de terrain".

Selon François Rivière, secrétaire académique du Syndicat National des Personnels de Direction de l’Education Nationale, cette visioconférence de demain avec le ministre "arrive à contretemps". Dans les collèges, l’année touche presqu’à sa fin et le brevet des collèges aura lieu dans deux semaines.

"C’est une réaction rapide et non adaptée aux réalités de terrain, ajoute François Rivière. On a des collègues qui se posent la question d’assister à cette visio". Selon lui, "la majorité des chefs d’établissements vont revenir sur des actions déjà menées durant l’année".

Redéployer des moyens existants

Ils vont décliner le programme pHARe, un plan de lutte contre le harcèlement. "Il y a la mise en place des conseils de vie collégienne, de vie lycéenne, et des comités d’éducation à la santé, à la citoyenneté, qui permettent de mettre en place des plans d’action avec des élèves référents, explique François Rivière, secrétaire académique du Syndicat National des Personnels de Direction de l’Education Nationale. Il y a aussi des politiques de vigilance et des stratégies pour réagir au plus vite à des situations de harcèlement".

L’accent mis sur le cyber harcèlement

Le 29 juin, les responsables académiques seront aussi réunis par le ministère "afin de rappeler les procédures à suivre et les nouvelles mesures qui devront être mises en œuvre".

En France, en 2022, selon le ministère de l’Education nationale, 10% des adolescents disent subir du harcèlement scolaire. Sur les réseaux sociaux, 40% des jeunes internautes font face régulièrement à du cyber harcèlement.

Parallèlement, le gouvernement a organisé des consultations ce week-end avec les organisations syndicales, les principales fédérations de parents d’élèves, le président de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) et les dirigeants de Meta France (Facebook, Instagram et Whatsapp) et de TikTok.

Le gouvernement affirme que la lutte contre le harcèlement "sera la priorité absolue de la rentrée 2023".