Ce jeudi, les professionnels de Saint-Pierre et Miquelon ont disposé des casques de chantier sur les pelouses des principaux donneurs d’ordre publics. Leur message : la chute de la commande publique de travaux en 2018 aurait de graves conséquences sur leurs entreprises et leurs salariés.
C’était la surprise réservée en début d’été aux élus locaux et hauts fonctionnaires de Saint-Pierre : des pseudo tombes, surmontées de casques de chantier sur les pelouses et grillages de la préfecture, la collectivité territoriale, la mairie et la DTAM (direction des territoires, de l’alimentation et de la mer).
Président de la fédération locale des entreprises et des artisans du bâtiment et travaux publics (FEABTP), Roger Hélène explique qu’il s’agit d’un geste symbolique vis-à-vis de la situation dégradée que connaît la profession, et qu’elle dénonce de longue date. Pour lui, cet état de fait a de lourdes conséquences pour les entreprises, « dont le chiffre d’affaires est en recul de 25 à 50% cette année et qui ne peuvent plus tenir ».
« 60 à 70 salariés ne sont toujours pas embauchés » selon lui, alors que la saison des chantiers bat son plein à Saint-Pierre et Miquelon, où le climat rude limite les travaux extérieurs à la période estivale.
L’activité du secteur est en recul régulier, et fait désormais vivre 350 familles au lieu de 450 il y a 20 ans. Avec à la clé une érosion du nombre de très petites entreprises (TPE) industrielles et artisanales, d’environ 20%.
Du côté de l’Etat, le préfet de Saint-Pierre et Miquelon souligne le dialogue constant avec les professionnels. Thierry Devimeux reconnaît les difficultés actuelles de ce premier semestre, tout en soulignant que l’année 2017 a été exceptionnelle en termes de commande publique totale, chiffrée à 39 millions d’euros contre une moyenne de 25 à 35 millions pour les années précédentes.
A l’agenda de l’Etat, mais également de la collectivité territoriale et de la mairie de Saint-Pierre, plusieurs chantiers seraient sur le point de démarrer. Des travaux de réfection de l’aéroport et de la patinoire, du bitumage de routes, des enfouissements de liaisons électriques, du terrassement pour le futur réservoir d’eau potable, la réfection de la toiture de la DTAM ou encore une restauration du hangar à sel.
Président du conseil territorial, Stéphane Lenormand demande en ce sens « que tout le monde soutienne la démarche de la collectivité de solliciter une programmation jusqu’en 2025. Un cadre qui permet de « donner de la visibilité, mais également d’enclencher des investissements structurants pour le territoire », afin de répondre aux besoins définis par le schéma de développement stratégique, feuille de route du territoire.
La FEA BTP, elle, maintient la pression. Au lendemain de son opération coup de poing, elle vient de publier ce vendredi 20 juillet à l’attention des pouvoirs publics locaux une « motion pour un territoire ambitieux », reprenant ses revendications d’un financement supplémentaire d’urgence, et d’engagements sur le long terme.
Le reportage de Frédéric Dotte et Louis Duménil.
« Ci-gît le BTP »
Ci-gît le BTP asphyxié par la chute drastique de la commande publique. Une alerte lancée depuis plusieurs années déjà par les employeurs du secteur, et encore plus cette année alors qu’en cette mi-juillet 2018, elle atteint à peine un quart du montant de l’an dernier, soit 10 millions d’euros au lieu de 39 millions.Président de la fédération locale des entreprises et des artisans du bâtiment et travaux publics (FEABTP), Roger Hélène explique qu’il s’agit d’un geste symbolique vis-à-vis de la situation dégradée que connaît la profession, et qu’elle dénonce de longue date. Pour lui, cet état de fait a de lourdes conséquences pour les entreprises, « dont le chiffre d’affaires est en recul de 25 à 50% cette année et qui ne peuvent plus tenir ».
60 à 70 salariés toujours en attente d’embauche
« 60 à 70 salariés ne sont toujours pas embauchés » selon lui, alors que la saison des chantiers bat son plein à Saint-Pierre et Miquelon, où le climat rude limite les travaux extérieurs à la période estivale.L’activité du secteur est en recul régulier, et fait désormais vivre 350 familles au lieu de 450 il y a 20 ans. Avec à la clé une érosion du nombre de très petites entreprises (TPE) industrielles et artisanales, d’environ 20%.
« Réaction immédiate »
Les professionnels en appellent à une réaction immédiate des donneurs d’ordre publics afin de sortir de cette « situation catastrophique ».Du côté de l’Etat, le préfet de Saint-Pierre et Miquelon souligne le dialogue constant avec les professionnels. Thierry Devimeux reconnaît les difficultés actuelles de ce premier semestre, tout en soulignant que l’année 2017 a été exceptionnelle en termes de commande publique totale, chiffrée à 39 millions d’euros contre une moyenne de 25 à 35 millions pour les années précédentes.
Pistes d’espoir
Le préfet trace néanmoins des pistes d’espoir pour l’avenir immédiat. Il y aurait « une quinzaine de millions d’euros de prévisions de travaux en stock » d’ici la fin de l’année auprès des principaux donneurs commanditaires publics de l’archipel. Mais il reconnaît néanmoins que « si ces travaux n’étaient pas très rapidement engagés, on mettrait effectivement le secteur en difficulté ».A l’agenda de l’Etat, mais également de la collectivité territoriale et de la mairie de Saint-Pierre, plusieurs chantiers seraient sur le point de démarrer. Des travaux de réfection de l’aéroport et de la patinoire, du bitumage de routes, des enfouissements de liaisons électriques, du terrassement pour le futur réservoir d’eau potable, la réfection de la toiture de la DTAM ou encore une restauration du hangar à sel.
Donner de la lisibilité grâce au Contrat de développement
Et pour le plus long terme, la collectivité est en phase de finalisation de son plan d’investissements liés au contrat de développement avec l’Etat. Plan qui devrait engendrer 110 millions d’euros de dépenses sur les 6 prochaines années.Président du conseil territorial, Stéphane Lenormand demande en ce sens « que tout le monde soutienne la démarche de la collectivité de solliciter une programmation jusqu’en 2025. Un cadre qui permet de « donner de la visibilité, mais également d’enclencher des investissements structurants pour le territoire », afin de répondre aux besoins définis par le schéma de développement stratégique, feuille de route du territoire.
Effort à faire sur les prix des prestations
Mais cet engagement d’activité à venir pour le secteur des travaux publics s’accompagne également d’un message à ses représentants : selon Stéphane Lenormand, ils devront faire des efforts sur le niveau de prix de leurs prestations. Le président de la collectivité prend l’exemple du projet de nouvel hôtel du territoire, "où on a aujourd’hui une situation de blocage, parce qu’on a des écarts importants entre les estimations qui sont faites et les prix proposés."La FEA BTP, elle, maintient la pression. Au lendemain de son opération coup de poing, elle vient de publier ce vendredi 20 juillet à l’attention des pouvoirs publics locaux une « motion pour un territoire ambitieux », reprenant ses revendications d’un financement supplémentaire d’urgence, et d’engagements sur le long terme.
Motion « pour un territoire ambitieux »
Dans un document qu’ils ont fait parvenir à la ministre des Transports Elisabeth Borne, les responsables de la filière chiffrent à 522 millions d’euros les besoins en financement pour achever la mise à niveau des infrastructures de l’archipel.Le reportage de Frédéric Dotte et Louis Duménil.