C’est un véritable serpent de mer dans le port de Saint-Pierre depuis sept ans. Solidement amarré au quai de l’épi, l’Atlantic Odyssey, un palangrier de 29 mètres de long, prend la rouille au gré des éléments. Les différents propriétaires qui se sont succédé à la barre n'ont pas pu lui faire regagner la mer.
Son immobilisation pourrait cependant prendre fin dans les prochains mois. Dans une décision rendue le 19 juillet 2024, le préfet met en demeure le dernier propriétaire Yves Le Dimna de “faire cesser l’état d’abandon de son navire et de procéder à son enlèvement, dans un délai de 3 mois”.
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La décision intervient à la suite d’une précédente mise en demeure de la Direction des territoires, de l’alimentation et de la mer (DTAM) émise le 10 janvier 2024, mais restée sans réponse du propriétaire. En l’absence d’intervention d’Yves Le Dimna, le préfet “mettra en œuvre la procédure de déchéance de propriété du navire” poursuit la décision du 19 juillet.
La fin d'un feuilleton de près de treize ans ?
Ce rebondissement et le dernier d’une longue série commencée il y a treize ans. En décembre 2011, la société Propêche, l’armateur de l’époque, fait l’objet d’un redressement fiscal. Plus de 270 000 euros lui sont demandés au titre de l’imposition sur une subvention de l’État de près de 625 000 euros, octroyée pour l’achat de l’Atlantic Odyssey en septembre 2009.
L’armateur dénonce un redressement fiscal abusif et, à partir de 2012, commence alors un marathon judiciaire. Propêche saisit les autorités administratives sans succès. La société interpelle même le ministère des Outre-mer et le président de la République, François Hollande à cette période, mais sans plus de réussite. En décembre 2019, le comptable public demande la mise aux enchères du navire pour éponger la dette fiscale de la société au profit du Conseil territorial.
Les années suivantes, le bateau change plusieurs fois de pavillon. À partir de décembre 2017, il ne fait plus aucune manœuvre et n’est plus entretenu. Le dernier propriétaire connu, Yves Le Dimna, acquiert le bâtiment en mai 2021, mais ce dernier ne bougera plus.
Ni la préfecture ni la DTAM n’ont voulu faire de commentaire à la suite de la décision du 19 juillet. Nous avons essayé de contacter Yves Le Dimna via les réseaux sociaux mais il n'a pas répondu pour le moment.