Les vidéoclubs, ces lieux qui ont marqué plusieurs générations de cinéphiles

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Avant l'apparition des plateformes de streaming, le meilleur moyen d'organiser une soirée cinéma à la maison était de se rendre dans les vidéoclubs pour louer un bon film. De par l'atmosphère qui en émanait, ces lieux si particulier ont marqué plusieurs générations.

Il régnait dans ces endroits-là une atmosphère particulière. Les affiches sur les murs et les produits dérivés aux quatre coins de la boutique nous plongeaient dans un univers à part : celui du cinéma. Ici, comme des livres dans une bibliothèque, les jaquettes entreposées sur les étagères n’attendaient que d’être empruntées. Si aujourd’hui les catalogues des plateformes de streaming sont de plus en plus denses, il fut un temps où le choix d’un film pour une soirée cinéma se faisait au vidéo-club. Comédies, drames, films d’horreur, il y en avait pour tous les goûts.

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Et forcément, Saint-Pierre et Miquelon n'a pas échappé au phénomène. Dans les années 80, la boutique Radio Shack et le magasin Sonophil proposaient ce type de services dans l'archipel. Yannick Cambray, co-gérant avec Claude Urdanabia du dernier cité, se souvient de cette époque. "Au début, on ne proposait que des disques et des timbres au comptoir. Claude était un passionné de musique et un grand spécialiste. Ça marchait plutôt bien. Et au bout d'un an, on voulait faire autre chose en complément. C'était la folie des cassettes. On a donc pensé à en proposer à la location. On avait passé un accord avec Landry pour qu'il donne une carte aux personnes qui achetaient un magnétoscope."

Reportage d'archive de 1982 à la boutique Sonophil.

©saintpierreetmiquelon

Très rapidement, victimes de leur succès, les deux amis ont dû voir plus grand. Les 80 cassettes commandées au début se sont très vite transformées en milliers de VHS disponibles à la location pour répondre à la demande toujours plus grandissante. "C'était la folie. Moi je travaillais à la douane depuis 1981. Face à l'ampleur du succès, j'ai quitté mon poste en 1986. Des fois, le week-end, il y avait plus une cassette. Les étagères étaient vides. On est passé de 80 habitués au début à près de 1000 clients."

"Il y avait des rencontres, des discussions."

Le principe était simple. Louer une cassette coûtait 20 francs et il fallait la rendre le lendemain. En prendre plusieurs d'un coup rallongeait les délais de location. Mais entrer dans un vidéo-club, c'était surtout un monde qui s'ouvrait à soi. Et aussi l'opportunité de parler à d'autres cinéphiles comme l'explique Yannick. "C'était ça. Il y avait des rencontres, des conseils, des discussions..."

Reportage d'archive de 2002 sur l'essor des DVD à la boutique AVI et au Videoclub International.

©saintpierreetmiquelon

Vidéo+ , Radio Shack, L'Art Du Jeu plus récemment. Ils sont nombreux à avoir ouvert un club vidéo à Saint-Pierre et Miquelon. Loïc Hacala tenait, lui, le Club International Vidéo Club, une franchise canadienne établie dans l'archipel. "Je me souviens, la boutique avait été agencée en deux-trois jours", explique Jacqueline, sa sœur et ancienne gérante d'un Club International Vidéo Club à Montréal. "Notre beau-père, Jules André Menard, était propriétaire de la franchise. Au début on lui envoyait des suggestions de films à proposer à la location. Mais Loïc avait toujours le dernier mot."

"On vendait même du pop-corn."

Ici, les gens venaient pour louer des films mais pas que. Grâce à des produits dérivés et une ambiance particulière, les jeunes de l'archipel appréciaient particulièrement la boutique. "On louait des jeux vidéo. Il y avait aussi des consoles à disposition pour que les gens puissent essayer les nouveaux jeux. Des Nintendo 64, des Playstation." Au comptoir, les paquets de cartes Pokémon et Yu-gi-oh étaient entreposés de façon à séduire les joueurs et les collectionneurs. Et pour les gourmands, une machine à chewing-gum pouvait rapporter gros.

S’il y avait une étoile dans l'un des chewing-gums, vous pouviez louer un film gratuitement. On vendait même du pop-corn.

Jacqueline Hacala

 

Et comme le dit Jacqueline, une journée de mauvais de temps était l'assurance d'un magasin rempli de jeunes gens en quête d'un film ou d'un jeu pour passer le temps. "Les jours de pluie à Montréal comme à Saint-Pierre c'était forcément une bonne journée pour nous."