La mémoire des Poilus de l’archipel ravivée sur la toile

Ce vendredi 11 novembre, l'Arche Musée et Archives met en ligne des centaines de documents d'archives relatifs aux Poilus de la Première Guerre mondiale.
C’est une base de données inédite qui vient de prendre forme. Après l’exposition Les Poilus de l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon en février dernier, le Musée de l’Arche met en ligne des centaines de documents d’archives locales sur la Première Guerre mondiale.
Le site internet du musée de l'Arche fait peau neuve, ce vendredi 11 novembre. Avec la nouvelle interface est lancée une base de données regroupant les archives locales sur la Première Guerre mondiale. Pour y accéder, rendez-vous sur le site internet de L'Arche Musée et Archives http://www.arche-musee-et-archives.net/ (Archives/Recherches > Les Poilus de Saint-Pierre-et-Miquelon). 

Un travail de fourmi
Le travail est à la fois minutieux et gigantesque : chaque photo, chaque carte de combattant, chaque lettre doit être manipulée avec précaution, afin d’être numérisée. C’est le rôle de Kendra Cambray, agent au musée de l’Arche. 2.400 documents ont d’ores et déjà été répertoriés, scannés et organisés dans la base de données.
Kendra Cambray est chargée de la numérisation des archives au musée.

"Il faut faire attention car chaque document est unique. Si on casse quelque chose, on ne peut pas le réparer et on n’a pas de double. Au fil des mois, l'agent a acquis une certaine dextérité : "au début, on se met beaucoup de pression. À force de travailler avec les documents, on apprend à bien les manipuler." Ce vendredi, ces archives sont officiellement mises à diposition du public sur internet. Une exposition virtuelle accessible à tous, partout, tout le temps. 

Plus aucun témoin direct
Léon Nicolas, dernier poilu de l'archipel, disparu en 1986
Le 3 février 1915, Le Chicago, paquebot transatlantique en provenance de New-York, quitte Saint-Pierre pour emmener vers la France le plus important contingent de Saint-Pierrais et Miquelonnais (348 conscrits), comme le rappelle le musée sur son site internet. 70 d'entre eux ne rentreront jamais. Et il n'y a aujourd'hui plus aucun témoin direct de cette période. Le dernier Poilu de l'archipel a disparu en 1986. Il s'appelait Léon Nicolas. 

Depuis ce vendredi, "plus de 600 fiches informatives et nominatives sont accessibles directement via le site de l’Arche", explique Rodrigue Girardin, le directeur du musée de l'Arche. Ce recensement constitue le point de départ d’un grand travail d’analyse historique autour de la Première Guerre mondiale qui n’avait jamais été fait à Saint-Pierre et Miquelon.
La fiche de Léon Nicolas comporte plusieurs documents téléchargeables sur le site du musée.

Il a été rendu possible par la grande collecte lancée en 2014 dans tous les services d’archives français : un appel aux dons ou aux prêts de documents concernant le conflit. Une action relayée dans l’archipel par le musée de l’Arche. "Depuis un peu plus de 2 ans, on travaille sur nos propres collections", explique Lauriane Detcheverry, responsable adjointe du musée.
Photographies, portraits, documents... Les archives proviennent essentiellement des fonds publics du musée.

Une base de données évolutive
Parmi les sources, les archives du musée, évidemment. Des documents "qui viennent de l’administration locale sur des sujets, comme par exemple, la délivrance des cartes du combattant, les pensions des anciens militaires, détaille Lauriane Detcheverry. La Préfecture de l’archipel a également apporté sa pierre à l’édifice en reversant des photographies issues d’une exposition réalisée dans les années 1980. "On a également des dons ou des prêts des privés, par exemple des photos ou même des carte postales, poursuit-elle. Ça, c’est très intéressant, notamment, quand on a la correspondance des soldats qui étaient en métropole."

Ecoutez Lauriane Detcheverry au sujets des différentes sources de la base de données. Elle répond à Stéphane Bry : 
©saintpierremiquelon

La base de données est avant tout destinée aux descendants et aux parents des combattants de l’archipel. "Des descendants qui peuvent ignorer totalement que leur grand-père ou leur arrière-grand-père a pu participer au conflit, rappelle Rodrigue Girardin. Ils peuvent avoir chez eux des photographies dont ils ignorent la provenance. En comparant avec cette base de données, ils peuvent effectivement mettre un nom sur cette photo." Et la numériser afin d’enrichir la base qui se veut évolutive. Elle sera mise à jour chaque 11 novembre.
Exemple d'une carte postale envoyée par un soldat pour la nouvelle année.
 

Pour aller plus loin, regardez le reportage de Stéphane Bry et Yannick Télétchéa au Musée de l'Arche : 
©saintpierremiquelon