Les phoques de l'archipel scrutés à la loupe

Une colonie de phoques dans le Grand Barachois.
L'opération de comptage des phoques se poursuit sur les côtes de Saint-Pierre et Miquelon. L’an dernier, à la demande des pêcheurs et des plaisanciers, une étude a été lancée par la Direction des Territoires, de l'Alimentation et de la Mer, afin d’évaluer l'évolution des colonies.
Mignon pour les uns, opportuniste pour les autres, le phoque concentre sur lui beaucoup d'attention. Des pêcheurs et des plaisanciers le soupçonne de peser sur les ressources halieutiques. Des habitants de l’archipel le disent responsable de la prolifération d’algues vertes. Des scientifiques le suspectent de contaminer les coquillages avec une bactérie. Accusés de nombreux maux, le mammifère fait l'objet d'une grande étude. 

L'Île de Sable se trouve à un peu plus de 400 km au sud de Saint-Pierre et Miquelon
L’an dernier, la biologiste Cécile Vincent et ses collègues du CNRS dressait un premier état des lieux des colonies dans la région. Particulièrement nombreux sur l’Île de Sable, ils ont aussi élu domicile 400 km plus au nord, à Saint-Pierre et Miquelon. Au fil des saisons, leur nombre varie en fonction de leurs cycles de reproduction et de mue.

Besoin de volontaires
Pour cette grande étude menée dans l’archipel, un protocole bien précis a été établi avec la biologiste lors de sa venue l'an dernier. "Tout le monde doit le respecter, explique Frank Urtizbéréa, technicien du service du développement rural à la DTAM. On compte à vue et, à partir de là, on établit combien il y a de veaux marins, combien de phoques gris", les deux espèces les plus répandues dans la région. 

Les comptages doivent être réalisés régulièrement, afin d’avoir une vue d’ensemble de la population. Mardi, compte tenu des conditions favorables, la DTAM a lancé une opération en urgence. Cinq bateaux ont répondu à l’appel.
Jean Bouilleau compte et photographie les phoques sur les rochers de l'est de Miquelon.
 
Les précieuses données de l'ONCFS
Parmi les volontaires, deux inspecteurs de l’environnement de l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS). Jean Bouilleau et Richard Martin se sont chargés de la côte est de Miquelon, depuis la Pointe aux Soldats jusqu’au Grand Barachois. D’abord les rochers de l’est où se reposent quelques individus à marée basse. Puis, cap au sud, le long de la côte.
Outre les jumelles et la longue-vue, les inspecteurs de l'environnement s'arment parfois d'un drone afin de réaliser des images aériennes et affiner leurs résultats.

Des colonies plus importantes qu'en métropole
C’est le Grand Barachois qui abrite les plus grandes colonies. L’ONCFS y a recensé jusqu’à 948 individus. C’était en juin 2015. Les inspecteurs de l’environnement connaissent bien cette lagune. Chaque mois depuis 10 ans, ils y effectuent des recensements. Une régularité exemplaire pour des données précieuses.  
Deux espèces sont recensées à Saint-Pierre et Miquelon : les phoques gris et les veaux marins.

A Saint-Pierre et Miquelon, les colonies sont bien plus importantes qu'en métropole, confirme Frank Urtizbéréa. "C'est une problématique grandissante ici, avec un impact sur les pêches qui est de plus en plus important.

Chasser les phoques de l'archipel? 
Avec ce travail local de recensement, la DTAM veut élaborer une étude approfondie sur tout l’archipel. Des photographies successives, afin de déterminer s’il existe un plafond au nombre d’individus et comment ils se répartissent autour des îles. 

Les résultats devraient également permettre de mieux comprendre l’impact de ces mammifères sur leur environnement. Des solutions pourront alors être envisagées, comme des équipements pour les repousser ou des tirs de régulations. Pour l'instant, la chasse est interdite. Longtemps menacée, c’est une espèce protégée depuis 1972. 

Angélique Le Bouter et Jérôme Anger ont suivi les inspecteurs de l'environnement de l'ONCFS : 
©saintpierremiquelon