On connaît très bien le P'tit Gravier, ce bateau-navette qui relie Saint-Pierre à l'île aux Marins. Mais savez-vous d'où l'embarcation tient son nom ? Pour le comprendre, il faut remonter au temps des goélettes de la grande pêche à Terre Neuve.
Dès la moitié du 19e siècle, à chaque début de printemps, les navires banquiers revenaient dans l'archipel. Avec eux, des milliers de travailleurs saisonniers qui restaient à terre la durée de la campagne. Les premiers arrivés étaient les "p'tits" graviers : des enfants des arrières pays pauvres de Bretagne et de Normandie. Ils étaient chargés d'étaler les morues sur les graves.
"Le travail était un travail pénible, penchés sur les graves toute la journée à transporter le poisson et aussi à l’étaler sur les graves. La morue salée qui bien sûr été rincée mais qui était encore très salée donc on imagine l’effet du sel sur les mains", rapporte Lauriane Detcheverry, directrice du Musée de l'Arche.
Sans doute que les premières saisons de ces graviers était un choc pour eux de se retrouver dans ces conditions-là"
Lauriane Detcheverry, directrice du musée de l'Arche
Un travail mal rémunéré
Les "p'tits" graviers étaient mal nourris, mal logés. Ils étaient exploités et souvent mal-traités.
"Les p’tits graviers n’étaient sans doute pas payés à la hauteur de l’importance de leur travail, d’eux dépendent la bonne conservation et donc la possibilité de vendre la morue mais pour autant ce n’est pas ceux qui étaient les mieux payés. En moyenne, un p’tit gravier était payé en moyenne 6 fois moins qu’un pêcheur", explique Lauriane Detcheverry, directrice du Musée de l'Arche.
Reportage de Martine Briand et Eric Thomas. Images : Lucien Le Saint
A partir du début du 20e siècle, avec le déclin de la grande pêche et les innovations techniques, les petits graviers viennent moins nombreux à Saint-Pierre-et-Miquelon.