Victime de violences sexuelles dans son enfance, une Saint-Pierraise témoigne

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Le 25 novembre est désigné comme journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Une jeune femme originaire de Saint-Pierre et Miquelon a souhaité témoigner des abus subis entre ses 8 et 12 ans. Un témoignage anonyme aussi dur que bouleversant.

"C'est un secret, c'est entre nous". Les mots de l'agresseur sont forts, la violence insoutenable. Elle vient du cercle familial : un cousin, de sept ans son aîné. Elle n'en a que huit et 27 ans après, elle témoigne. Le 25 novembre est consacré journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. La violence à l'égard des femmes s'entend comme englobant, sans y être limité, les formes de violences physiques, sexuelles et psychologiques. 

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Alors que la parole des victimes de violence se libère, une habitante de Saint-Pierre et Miquelon a souhaité partager son expérience. Revenir sur son passé encore présent et douloureux, lui fait du bien et paradoxalement du mal. Ça exige de ressasser les souvenirs, de revivre ce qu'elle a essayé d'enfouir.

Un témoignage bouleversant


En nous livrant son histoire, cette femme n'a qu'un souhait : inviter les femmes victimes de viol et de violences à sortir du silence. Une prise de parole aussi douloureuse que salvatrice qu'elle choisit de raconter.

C'est à l'âge de 8 ans que tout commence. Lors d'un week-end dans sa famille, son cousin alors âgé de 15 ans a souhaité jouer à un jeu de société. "Nous sommes allés dans sa chambre et il a fermé la porte à clé afin de ne pas être dérangé par ses frères." 

Après un temps à jouer au sol, ils se sont installés sur le lit afin d'être plus confortables. "C'est à ce moment qu'il a commencé à me toucher en me disant "ne t'inquiètes pas, c'est juste pour voir si tu as des seins". Juste après ça, il m'a allongée et a commencé à me toucher. Je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait, je le questionnais. Il me disait de ne pas m'inquiéter, "c'est un secret, c'est entre nous". Il a baissé mon pantalon et est passé à l'acte." 

"Ca m’a paru une éternité je pleurais, criais et il mettait sa main sur ma bouche m'ordonnant de me taire sinon j'allais faire des histoires". 

"J'étais morte de honte"


L'horreur ne s'arrête pas là. Après s'être rhabillée, la fillette de huit ans s'est dirigée vers sa mère en lui mentionnant des saignements. Sa mère n'a pas compris le message, elle a mentionné aux personnes présentes dans la salle que sa fille avait ses règles à huit ans. "J'étais morte de honte, je me suis lavée à plusieurs reprises."

En 1998, la famille se réunit dans un gîte. Son insistance n'a pas échappé à la jeune fille alors âgée de 12 ans. "Il n’arrêtait pas de me regarder et la nuit il venait me toucher. Je n'en dormais plus." Le suppliant d'arrêter, il la menace. Le lendemain, il passe de nouveau à l'acte dans le box d'un cheval et sous le coup de menaces pour qu'elle se taise. 

Le poids du silence


Les violences subies ont un impact dans son adolescence. Souvent malade, le mal-être était palpable "Je me faisais vomir en cachette, je me mutilais". Ce n'est qu'en troisième qu'elle réussit à parler à un pion de son collège. L'école a appelé la gendarmerie et elle s'est fait entendre.  

Ses parents aussi ont été auditionnés et le retour à la maison est tout aussi violent. La jeune fille est frappée et sermonnée pour ne pas détruire les relations familiales. "Le jour où je suis partie de chez mes parents, je suis tombé sur une convocation au tribunal. La date était passée et mes parents ne m'avaient jamais rien dit. J’ai contacté un avocat pour mineur qui a rouvert le dossier mais c’était limite quand j’ai porté plainte vu les années passées. Le jugement a été rendu : il a écopé d'un rappel à la loi et m’a écrit une lettre d’excuses vu que je n'étais pas présente au jugement." 

Du suivi psychiatrique, elle en a bénéficié en métropole. Dans l'archipel, jamais. Aujourd'hui maman de deux enfants, cette femme porte toujours le poids du silence. Cette expérience a des conséquences sur sa vie. Elle a du mal à faire confiance et est très méfiante vis-à-vis des hommes. Elle se dit aussi incomprise par les autres car les abus vécus dans son enfance font souvent surface dans son caractère. On estime à 165 000 enfants violés chaque année en France.