Des faits divers connus ou d'autres plus confidentiels, l'ouvrage "Crimes et délits à Saint-Pierre et Miquelon", écrit par Rodrigue Girardin, aborde des affaires judiciaires qui se sont déroulées dans l’archipel. Paru en 2015, le livre de près de 400 pages aborde plusieurs affaires de société remontant jusqu’à la Révolution française et s’arrêtant un peu avant la Seconde guerre mondiale. Parmi ces affaires, certaines plus loufoques et intrigantes que d’autres.
Vol de panties en 1925
Nous sommes en 1925 et une plainte est déposée auprès des gendarmes de l’archipel pour vol de linges. En effet, plusieurs pièces auraient été déposées à une blanchisseuse et auraient disparu dans la nuit. Parmi ces pièces, des culottes appartenant à une certaine madame Vernhet. Les faits relatés par Rodrigue Girardin dans son ouvrage indiquent des panties de « toile blanche, festonnés et brodés. »
Très vite, les soupçons se dirigent sur une femme grâce au témoignage de Rosie W, la gérante d’un bordel de l’époque. Son témoignage est sans appel selon la disposition retranscrite dans le livre : "Je dois vous dire que dimanche dernier, Bernadette D. est venue chez moi et m’a dit « Regarde si j’ai des belles culottes » (…) Elle m’a répondu que c’était un Anglais qui est sur la goélette de monsieur Morazé avec qui elle avait couché qui lui en a fait cadeau."
Archive : Un ouvrage sur l'histoire de la criminalité à Saint-Pierre et Miquelon
Après quelques jours d’enquête, impossible pour les gendarmes de confirmer cette hypothèse. Bernadette D et monsieur Power, l’Anglais en question, sont interrogés. Leurs versions corroborent et l’affaire des Panties volées n’a jamais été résolue.
Plusieurs vols d’animaux
Dans les archives regroupées par Rodrigue Girardin dans son livre, plusieurs faits de vols d’animaux sont recensés dans l’archipel. Des chiens de Terre-Neuve en 1866 et 1885 mais aussi une vache en 1891. Des moutons, des chèvres et des chevaux ont aussi fait l’objet de disparitions dans l’archipel. D'abord imputées à des disparition en montagne ou des noyades, ce n’est qu’en 1937 que l’hypothèse de vols est mise en avant concernant ces disparitions.
Le délégué du service local de Miquelon appelle alors à la vigilance au sujet de mystérieux pirates anglais. "Un canot anglais a débarqué des hommes dans le but de s’emparer d’un cheval. N’ayant pas la corde nécessaire, ils avaient frappé un licol avec des cravates neuves (…) Dérangés dans leur projet par l’arrivée d’un Miquelonnais, ils n’ont pu donner suite à leur projet (…) Ce n’est certes pas un coup d’essai, car depuis trois ou quatre ans, plusieurs chevaux ont disparu mystérieusement." Il n’était pas bon d’être un cheval au début du 20ème dans l’archipel.
La prostitution dans la presse locale de l'époque
Le plus vieux métier du monde était bel et bien présent à Saint-Pierre et Miquelon. Et plusieurs affaires judiciaires ont découlé de la prostitution dans l'archipel. À tel point que Rodrigue Girardin y a consacré 22 pages dans son livre. "Elle ne constituait pas, à proprement parler, un délit mais néanmoins elle fut à l'origine d'infractions ou de crimes qui préoccupèrent la Justice."
Il y relate une presse locale plutôt légère sur le sujet à l'époque. "Histoire de s'amuser (...) Lundi soirs, vers minuit, cinq marins de l'Etat, conduits par deux civils, essayaient de trouver des plaisirs faciles.", "Si la prostitution est un mal, c'est un mal nécessaire au point de vue de l'hygiène et des bonnes mœurs.", peut-on alors lire dans le journal l'Egalité des Iles à Saint-Pierre et Miquelon en 1892.
Pourtant, en découlent plusieurs affaires sombres. Viols, infanticides, et même exils sont relatés par l'auteur du livre Crimes et Délits à Saint-Pierre et Miquelon.