Quand on vous annonce qu’à la visite, il y aura avec vous plus de vingt autres candidats à la location, comment ne pas vouloir mettre plus de chances de son côté ?
Face à un marché locatif très tendu ces derniers mois à la Réunion, les personnes en recherche de logement rapportent des mésaventures étonnantes.
Sur les sites d’annonce en ligne, il arrive de trouver de prétendus propriétaires qui hameçonnent les demandeurs de location.
Magdalena habite à Saint-Pierre. Récemment diplômée, elle a trouvé du travail dans l’Ouest et doit déménager. Depuis un mois, elle cherche assidûment un appartement de type F2. A prix raisonnable, c’est une rareté sur le secteur. Alors quand elle tombe sur une offre intéressante ou alléchante, elle n’hésite pas à s’y attarder.
L’attrait du petit loyer demandé incite à s’accrocher
"J’ai trouvé une annonce sur Marketplace (l'un des services dans Facebook). La fille - peut-être une complice ? - me dit que l’appartement n’est pas disponible mais d’appeler son propriétaire par WhatsApp car il a d'autres appartements", raconte Magdalena.
Une très longue conversation avec le propriétaire putatif s’engage. Elle va durer plusieurs jours.
La locataire potentielle reçoit des photos d'un F2 qui sera disponible un mois plus tard. L’homme lui en donne l’adresse.
Ça ne correspond pas. C’est louche.
Magdalena après son repérage sur les lieux
"Evidemment, au lieu indiqué, il n'y a pas d'appartement qui corresponde à ce qu’il m'a envoyé", ironise aujourd'hui Magdalena.
Le bailleur fait mine de s’offusquer de son déplacement sur les lieux avant la date de visite, convenue bien plus tard. Mais il "excuse" la demandeuse et, magnanime, lui annonce que le montage d'un dossier reste possible.
Soulagement pour la candidate. Jusqu’à l’annonce des "conditions".
"Il me dit alors qu'il faut absolument le payer en amont. C'est 400€ la réservation ! Et sans garantie d'avoir le logement pour autant", s’étrangle Magdalena.
Tout se fait par écrit. Aucune vraie conversation téléphonique possible
"Quand j'essaie de l'appeler le numéro est en transfert de ligne et ne peut pas être contacté", poursuit notre témoin.
Magdalena comprend qu'elle a affaire à une arnaque. Et ne s’en laisse pas compter :
"Je lui dis que c’est un escroc et je poursuis : vous ne pouvez pas demander à une personne de payer en amont un logement qu’elle n’a pas visité !"
La réponse du propriétaire (mais l’est-il vraiment ?) est qu’il y a trop de demandes et que c'est une garantie pour lui.
Peu après, toute la conversation s'efface.
Démasqués, les escrocs tentent de ne pas laisser de traces
Heureusement Magdalena a fait des captures d'écran qu'elle compte transmettre aux autorités, tout comme l'histoire de la deuxième mésaventure très ressemblante qu'elle a vécue dans la foulée.
Cette fois c’est un homme qui prétend être installé à Bruxelles et ne pas vouloir se déplacer pour rien.
Questionné sur le fait de ne pas avoir mis son bien en gestion par une agence d’immobilière, il tranche : "c’est mon problème" !
Même dénouement provisoire : cette conversation aussi disparait.
Mais entre temps, Magdalena a fait quelques captures de son écran de smartphone.
Elle a aussi sollicité WhatsApp pour obtenir l’historique des échanges et espère que ça mettra fin aux agissements des deux hommes. Ils sont pour elle des escrocs présumés.
Elle espère aussi que son récit incitera les gens en recherche de logement à être méfiants et à ne jamais faire de versements de cette sorte.
Dans l’histoire, elle n’a pas perdu d’argent. Mais beaucoup de temps.