A l'initiative du syndicat Unis Pour Nos Agriculteurs (UPNA), les planteurs de canne à sucre étaient invités à se mobiliser ce vendredi 25 octobre au matin devant l'usine de Bois Rouge. Ils ont été rejoints notamment par la CGPER (Confédération générale des producteurs et éleveurs de La Réunion), les Jeunes Agriculteurs, et la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles).
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Ensemble, ils veulent trouver une solution pour ne plus être les otages du conflit social interne qui dure au sein d'Albioma depuis la semaine dernière. Pour rappel, les centrales thermiques du Gol et de Bois Rouge avaient été mises à l'arrêt le jeudi 17 octobre dernier, puis à nouveau mercredi soir, dans le cadre d'un mouvement de grève commun à l'outre-mer.
Réunion en préfecture à 16h
Une réunion en préfecture se tenait ce vendredi après-midi à 16 heures, en présence des syndicats de planteurs, de la direction d'Albioma, et de la FDSEA. C'est ce dernier syndicat de planteurs qui aurait obtenu délégation pour porter la parole de l'ensemble des planteurs impactés, tous syndicats confondus.
La situation chez Albioma elle, semblait se tendre encore ce vendredi. Plus aucune canne n'était broyée au Gol ; à Bois Rouge, toute reprise est impossible avant la semaine prochaine puisque les cuves d'eau déminéralisées ont été vidées. Aussi, 30 agents de sécurité d'Albioma sont arrivés de métropole, alors que ce vendredi, trois turbines des centrales thermiques étaient à l'arrêt.
Une rencontre à l'usine de Bois Rouge ce vendredi matin
Hier, jeudi 24 octobre, les planteurs de l'UPNA se sont réunis à la balance de cannes de Beaufonds à Saint-Benoît. Un nouveau rendez-vous a été donné ce vendredi matin à 10 heures, devant l'usine de Bois Rouge, cette fois-ci avec plusieurs syndicats agricoles, et la direction et grévistes d'Albioma.
Sarah Salah-Aly, de la FDSEA, dénonce cette situation qui épuise la trésorerie des planteurs. "C'est devenu intenable pour nous les canniers. On a demandé à rencontrer la direction d'Albioma, de Tereos, et les délégués de la grève pour pouvoir avoir le même son de cloche, parce qu'on a l'impression qu'ils se renvoient la balle, et nous on est pris dans cette grève", explique-t-elle.
Aucune avancée concrète
C'est ainsi que dans la matinée, les représentants des syndicats ont pu échanger avec des grévistes d'Albioma, ainsi que le directeur d'Albioma océan Indien. Aucune avancée concrète n'en est toutefois ressortie car la situation est suspendue aux négociations internes entre les salariés d'Albioma et leur direction, au niveau national, expliquait Jean-Michel Moutama à l'issue de la rencontre.
"Ce qui est grave, c'est que le directeur océan Indien n'a pas mandat pour discuter avec les salariés sur leurs problématiques actuelles, il faut interpeller Paris sans cesse. C'est intolérable, nous on ne peut pas rentrer là-dedans", considère-t-il.
1 million d'euros de pertes
Afin de pallier les pertes de ces derniers jours, Jean-Michel Moutama indique avoir déjà interpellé le Comité paritaire interprofessionnel de la canne et du sucre. "Avec l'interprofession, on va chiffrer les pertes sur nos exploitations, et le CPCS va faire une facture à Albioma qui va les assumer" clame l'agriculteur de la CGPER. Selon lui, les planteurs atteindraient déjà le million d'euros de pertes depuis le début du conflit chez Albioma.
Reprendre les livraisons dès lundi
Tous souhaitent pouvoir livrer à nouveau leurs cannes dès lundi matin à la première heure, et peu importe s'il y a accord ou pas entre les salariés et la direction d'Albioma. Quitte à durcir le mouvement et entreprendre des actions fortes.
"Le plus important, c'est qu'on puisse travailler dès lundi. (...) Lundi matin, s'il faut verser nos chargements dans la cour d'Albioma on le fera", promet le président de la CGPER.
Même discours de la part de Stéphane Sarnon, président de la FDSEA Réunion, qui envisage de "durcir le mouvement" et de "ramener les cannes pour les benner devant Albioma" lundi.
Idem pour le président de l'UPNA Dominique Clain. "Quelles que soient les décisions prises là, lundi matin on sera prêts à agir", martèle-t-il.
Coup dur pour la campagne sucrière
Rappelons que si les coupures de courant observées sur le réseau électrique la semaine dernière ont cessé, les conséquences pour les planteurs durent. Car lorsque les centrales sont arrêtées, les sucreries ne sont plus alimentées en vapeur, et les planteurs se retrouvent dans l'impossibilité de livrer leurs cannes à l'usine sucrière. Or, pour eux, la période est cruciale : la richesse en sucre est actuellement à son maximum, soutiennent les planteurs lésés.
"On a demandé que leurs négociations se passent très rapidement parce qu'on est pénalisés. (...) C'est une campagne catastrophique pour nous", soupirait le président de la FDSEA Réunion, Stéphane Sarnon.