Allée des Marayes, cité Saint-Maurice, un nom qui pourrait évoquer la tranquillité, mais qui, en réalité, est devenu synonyme de désordre. En parcourant cette rue, on découvre un triste spectacle : des encombrants de toutes sortes s’amoncellent, des véhicules hors d’usage (VHU) gisent à l’abandon, et des déchets divers jonchent le sol. Le tremplin de cette rue, autrefois un simple passage, s’est transformé en un des principaux dépotoirs d’encombrements et de déchets des riverains.
Cette scène n’est pas isolée. À Saint-Laurent-du-Maroni, en particulier dans les cités et les écarts, les dépôts sauvages se multiplient. Bien que neuf points de ramassage aient été installés, ces installations se révèlent insuffisantes face à l'ampleur du phénomène. Les bailleurs sociaux, pourtant actifs dans la mise en place d’actions pour y remédier, semblent dépassés par la situation. « La problématique semble avant tout logistique. Nous manquons de moyens pour gérer ces dépôts qui se multiplient au-delà de notre capacité d’intervention », explique Françoise Cool, responsable adjointe de l’agence locale de la SIGUY à Saint-Laurent-du-Maroni.
Des riverains en plein désarroi :
Les habitants, quant à eux, expriment leur frustration. « Nous sommes fatigués de voir ces encombrants s’entasser. Mais que peut-on faire ? Si l’on signale les incivilités de nos voisins, on risque des représailles », confie un résident, sous couvert d’anonymat. Un autre, résigné, ajoute :
C’est devenu un cercle vicieux. Personne ne veut être le premier à faire le ménage, alors on s’habitue, on s’accommode, et les encombrants s’accumulent.
Un habitant du quartier des Sables Blancs, croisé anonymement alors qu’il déposait ses encombrants dans l’une des bennes à proximité de son lotissement, partage son dilemme :
Je suis obligé de venir jeter ici mes encombrants car c’est le point de collecte le plus proche de la ville. Ça m’évite d’aller à une quinzaine de kilomètres de Saint-Laurent-du-Maroni pour les déposer. C’est trop loin, ça ne nous arrange pas. En plus, le camion de ramassage passe parfois seulement une fois toutes les trois semaines ou un mois dans notre quartier, alors c’est plus simple de jeter mes encombrants ici.
Les autorités sollicitées
La Communauté des Communes de l’Ouest Guyanais (CCOG), qui détient la compétence en matière de gestion des déchets et des encombrants à l’échelle intercommunale, botte en touche dans ce dossier. Elle rappelle que son champ d’action concerne l’organisation de la collecte et non les dépôts sauvages. La mairie, en première ligne face à la frustration des riverains, peine quant à elle à endiguer le phénomène qui gagne du terrain. Entre actions de sensibilisation aux bonnes pratiques auprès de la population et l’investissement dans des équipements de collecte plus denses, les défis ne manquent pas pour l’ensemble des pouvoirs publics dans cet épineux dossier.
En dépit des sollicitations de notre part auprès de son service de communication, la CCOG n’a pas encore répondu sur les mesures spécifiques qu’elle entend mettre en œuvre face à cette problématique. Il est crucial que ces deux entités travaillent de concert pour répondre efficacement à la crise des encombrants.
Pour l’heure, les dépôts sauvages continuent de s’étendre. Se pose un défi pour tous les acteurs locaux, car il y a nécessité urgente de prise de conscience chez les habitants, qui jouent un rôle crucial dans la préservation de l’environnement.