Crise sanitaire : sans touristes, les clubs de plongée vont manquer d'air

Si l’annonce des mesures d’allègement a fait des heureux hier, notamment parmi les artisans ou les gérants de bar, ce n’est pas le cas pour les clubs de plongée. La quasi-fermeture des frontières est un frein à leur activité. Leur syndicat exprime une réelle inquiétude.

Dans un communiqué, Thibault Gachon, le président du Syndicat Polynésien des Centres de Plongée, exprime l’inquiétude des professionnels à l’approche de la haute saison.

"Fermeture des frontières : avril sera le mois de trop !"

 

C’est avec la plus grande stupeur que les Centres de Plongée de Polynésie ont appris hier que les frontières de la Polynésie « resteront fermées au tourisme au mois d'avril avec pour objectif d’ouvrir au mois de mai prochain ». Un coup dur pour ce secteur phare de l’industrie touristique du Fenua, qui espérait, comme la plupart des acteurs touristiques, une reprise de l’activité dans les meilleurs délais, compte tenu notamment de la bonne gestion locale de l’épidémie.

Pour le Président du Syndicat Polynésien des Centres de Plongée, « cette prolongation est un non-sens. En 2020, La Polynésie a été précurseur dans sa gestion des flux touristiques, et la mise en place des protocoles sanitaires à l’arrivée. Les résultats ont été concluants : les cas de virus importés par les touristes ont été extrêmement peu nombreux, et pris en charge de façon exemplaire ».

Très remonté, Thibault Gachon s’interroge sur le rôle de l’Etat dans cette prise de décision : « Si comme cela semble être le cas, la décision vient de Paris, il serait temps que les décideurs viennent prendre la mesure des réalités de terrain. D’abord, pour comprendre le poids du tourisme en Polynésie, qui dépasse les chiffres et les statistiques. Les retombées du tourisme touchent une très large part de la population, qui souffre, et risque de souffrir plus encore dans les prochains mois, si l’on reste campés sur des positions de principe ; Ensuite, pour réaliser que notre tourisme intérieur, qui nous tient la tête hors de l’eau pour le moment, ne suffira pas ».

Une décision d’autant plus difficile à comprendre, que le ministère des Affaires étrangères vient d’annoncer « qu’il ne sera plus nécessaire de justifier d’un motif impérieux pour les déplacements en provenance ou vers l’Australie, la Corée du Sud, Israël, le Japon, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et Singapour ».

"Nos destinations concurrentes sont ouvertes"

 

Dans le monde de la plongée, la situation devient très compliquée pour l’ensemble des acteurs : les plus gros, qui doivent faire face à des charges de structure importantes, mais aussi – et c’est nouveau – les plus petits, dont les réserves fondent à vue d’œil et qui songent de plus en plus à mettre leurs structures en sommeil. Le président du SPCP s’inquiète : « On est en train de casser la machine. La haute saison se prépare aujourd’hui. Mais dans le contexte actuel, qui va oser commander du nouveau matériel, alors que la réouverture au mois de mai est loin d’être acquise ? On voit aujourd’hui des moniteurs de plongée qui, sans emploi, quittent la Polynésie pour rentrer en métropole. Il sera trop tard pour les remplacer en haute saison ».

Alors que Tahiti et ses îles avait réussi à tirer son épingle du jeu en 2020, en demeurant l’une des rares destinations de plongée accessible, le SPCP s’inquiète pour 2021 : « En restant fermés au mois d’avril, et sans visibilité pour mai, voire juin, on ne peut plus espérer rejouer le coup de 2020. Nos destinations concurrentes sont ouvertes, et les touristes plongeurs, qui ont besoin de voyager pour vivre leur passion, commencent à nous tourner le dos. Si l’on tarde trop, on peut faire une croix sur 2021, et là, il y aura de la casse ».