"C'est de la discrimination", lâche Michel-François Clémenard, adjudant de gendarmerie à la retraite. L'homme ne décolère pas, tout comme la douzaine d'anciens collègues qui l'accompagne ce lundi 14 octobre 2023 devant la caserne Vérines de Saint-Denis.
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Le motif de leur courroux concerne le montant de la pension de retraite qui leur est versée. Alors que les années de service passées en mission à La Réunion sont censées être bonifiées pour ces militaires, eux n'en ont pas vu la trace.
Missions bonifiées, sauf pour les natifs de La Réunion
"Les métropolitains ou Antillais ou Guyanais avaient eux droit à une bonification prévoyant le doublement de l'année passée à La Réunion dans le cadre de la mission ou du séjour. Elle a été accordée à tous ceux qui n'étaient pas natifs de La Réunion", dénonce Michel-François Clémenard, à la retraite depuis 17 ans. 17 ans qu'il ne perçoit pas la fameuse majoration répercutée sur sa pension, comme ses autres camarades.
"Sur la trentaine de retraités que nous sommes, il apparaît encore des disparités. Trois d'entre nous ont eu gain de cause. Nous avons travaillé dans la même brigade pendant la même période avec le même grade. Vous en avez qui partent avec la bonification, et d'autres non. Et on nous répond qu'il est "malaisé de comparer"", renchérit Gilles Alidor, retraité de la gendarmerie depuis 2010.
Il y a bien discrimination, selon la Défenseure des Droits
Selon les gendarmes mobilisés ce lundi, qui ont effectué leurs recherches dernièrement, la situation durait depuis 1988, l'absence de bonification pour les natifs de La Réunion régulièrement confirmée par des notes de la direction de gendarmerie, dont la dernière date de novembre 2014.
Encore fallait-il le savoir. Car ces militaires à la retraite n'ont réellement pris conscience de la situation que le 29 octobre 2020, après que la Défenseure des Droits Claire Hédon a estimé dans sa décision qu'il s'agissait bien d'une discrimination envers les gendarmes réunionnais. Ainsi, les gendarmes originaires de La Réunion étant partis à la retraite après 2020 ont eux pu obtenir la bonification.
Un rattrapage exigé
Depuis, la trentaine d'anciens gendarmes demande justice ainsi que réparation de la part de l'Etat. "Nous demandons la révision de nos pensions. (...) On demande à ce qu'on nous paie notre rattrapage, parce qu'on nous doit ces sous depuis notre départ à la retraite", s'exprime Michel-François Clémenard.
On ne peut pas amputer notre patrimoine de ces sommes. On a travaillé pour ça, comme nos autres collègues, pour obtenir cet avantage retraite. Je pense que c'est amplement mérité, et c'est dû à tout militaire qui vient à La Réunion.
Michel-François Clémenard, adjudant de gendarmerie à la retraite
Les militaires lésés ont déjà déposé une plainte au pénal, et la procureure de la République a demandé des auditions. En parallèle, ils ont effectué une nouvelle demande auprès de la direction de la gendarmerie afin de recevoir leur dû, en suivant à la lettre les préconisations de la Défenseure des droits.