Le docteur Yacine Haffaf a vu l'horreur de la guerre dans la bande de Gaza. Le médecin, ancien chirurgien au CHU de Bellepierre, est revenu il y a quelques semaines de cette zone de conflit explosif. Avec la Croix Rouge, il y a participé à une mission humanitaire, et raconte ce qu'il y a vu et vécu.
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"Le centre du conflit se déplace. La première semaine, on était là où il y avait le plus de blessés. Les huit premiers jours, on a eu trois arrivages massifs, par contre après, ça s'est calmé", raconte le médecin.
Prendre en charge ceux qui ont le plus de chance de survivre
Au cours de son mois de mission, le docteur Yacine Haffaf est intervenu auprès de 150 blessés de guerre environ. Parmi eux, il a pu en sauver "70 à 80%", raconte-t-il. Grâce notamment à l'étape primordiale du tri des blessés à leur arrivée. Ceux-ci, explique le chirurgien, sont classés par code couleur selon leur niveau de chance de s'en sortir.
"Il faut pouvoir faire face à ces malades qui arrivent, et donner aux cinq, ou six, ou sept qu'il faut opérer en urgence, le plus de chances de s'en sortir", explique le docteur Haffaf. Obligeant à laisser de côté ceux qui eux, ont malheureusement peu de probabilité de survie.
"On met de côté ceux qui ont le moins de chances de survie pour se concentrer sur les cinq ou six qui ont une chance correcte de s'en sortir"
Docteur Yacine Haffaf, chirurgien
"On a été utiles"
Puis, une fois le tri effectué, il s'agit d'agir "très vite pour qu'ils aient une chance de s'en sortir". D'autant que, dans cet hôpital sous tente, seuls deux blocs opératoires ont été aménagés, avec deux chirurgiens pour prendre en charge de nombreux blessés.
"Ce n'est pas qu'une sensation : on a été utiles", reconnaît-il. Une satisfaction malgré tout entâchée par le taux de mortalité important, en raison des conditions d'intervention. "Du fait des conditions très basiques, sous tentes, dans des conditions d'asepsie pas idéales, on a eu beaucoup de mortalité et de complications, largement plus que dans des hôpitaux comme ici", fait-il remarquer.
"Les enfants, c'est la partie la plus terrible"
Pour ce médecin qui n'en est pas à sa première opération humanitaire, puisqu'il est déjà intervenu au Yémen ou encore au Sri Lanka, certaines choses restent plus difficiles que d'autres à vivre.
"Les enfants, c'est la partie la plus terrible. La plus émouvante, la plus stressante. Parce qu'il y en a beaucoup qui sont blessés, amputés", confie-t-il.
Le docteur Yacine Haffaf garde par exemple le souvenir d'un petit garçon de 10 ans dont il s'est occupé tout le mois, et avec qui il a gardé contact et qu'il essaie d'aider à trouver une prothèse.
"C'est un gamin adorable, qu'on a soigné, (...) et qui rayonne malgré son handicap. Il a ses béquilles, et il est amputé, et il fait fi de son handicap ! Il le tourne en dérision. Il se marre avec son père, qui le filme en train de tenir en équilibre sur une jambe, les deux béquilles levées. C'est un régal, c'est un cadeau qu'il m'a envoyé !"
Docteur Yacine Haffaf, chirurgien de retour de Gaza
Prêt à repartir
Le médecin, d'origine algérienne, avait depuis longtemps cette volonté de se rendre à Gaza. Après cette première mission, le docteur Yacine Haffaf se dit déjà volontaire pour y retourner. Animé, encore une fois, par "l'envie d'apporter une aide à cette population dans une situation apocalyptique".