Evasan Mayotte/Réunion : un rapport dénonce des entorses aux droits

Préparation départ évasan dans le hangar de Air Austral
Dans un rapport à paraître, la Cimade, association qui défend les droits des réfugiés, remet en cause l’application du protocole d’évacuation sanitaire (Evasan) entre Mayotte et La Réunion. Rapatriements obligatoires, stigmatisation des sans-papiers, on fait le point sur les griefs reprochés à ce dispositif.

L’évacuation sanitaire (Evasan)  vient combler les insuffisances du plateau technique du centre hospitalier de Mayotte. Les patients souffrants de maladie graves sont transférés à La Réunion par avion pour y être soignées. Mise en lumière durant la pandémie, au moment où les services de réanimations étaient sous tension, L'Evasan de Mayotte vers La Réunion concerne près d'un millier de patients par an.

Regardez les précisions de Réunion La 1ère :

Le renvoi systématique des patients vers Mayotte serait illégal

Le problème, selon la Cimade,  une association d’aide aux demandeurs d’asile, vient du fait que les patients mahorais, une fois pris  en charge par le CHU de La Réunion sont  ensuite systématiquement « rapatriés » dans l’île aux parfums, ce qui est contraire à la liberté de circulation.

Peu importe la façon dont elle est arrivée à la réunion on ne peut pas transférer de force des personnes d'un département français vers un autre département français

Fanchon Oudjani, chargée de projet Cimade Océan Indien

La présidente de la Cimade Réunion, Elodie Auzéole, va plus loin et qualifie ces retours imposés à des « expulsions ». Et de s’interroger sur la pertinence de ces décisions : « à quel moment on décide que les soins sont terminés, notamment quand la personne a besoin de suite de soin et de rééducation »

« Un vernis raciste »

L’autre grief reproché au protocole Evasan dans l’Océan Indien réside dans le fait qu’il se heurte à une double application du droit.  En vertu du régime dérogatoire, certaines lois ne s’appliquent pas à Mayotte comme partout en France. Ainsi, un permis de séjour dans le 101eme département n’est pas valable ailleurs, rappelle la Cimade, ce qui complique le parcours de soin.

« Quand on a plus de papiers, on se retrouve dans un engrenage de précarisation d'exclusion et là-dessus se rajoute aussi un large vernis de racisme et de discrimination »

Elodie Auzéole, présidente de la Cimade à la Réunion

Pour la Cimade, l’application en l’état du protocole d’évacuation sanitaire entretient l’idée que l’Evasan serait une filière d’immigration sanitaire. L’association évalue à moins de 30 personnes par an , les patients qui devraient théoriquement rentrer à Mayotte et qui souhaitent finalement s'installer à La Réunion.