Colère et frustration des marins pêcheurs

Zones d'interdiction de pêche
Le dossier chlordécone refait la une de l'actualité. Le séminaire sur la pêche, organisé au WTC de Jarry, hier a donné lieu à un débat houleux. En cause, des solutions et indemnisations qui se font attendre. 
La réunion d'information autour du dossier chlordécone a rapidement tourné à l'orage... Le comité régional des pêches qui souhaitait rendre compte, aux quelques 150 marins-pêcheurs présents, de sa rencontre avec le Ministère de l'Outremer, le 25 septembre dernier, s'est retrouvé pris à partie par des professionnels excédés. 

Des indemnisations qui tardent à arriver

Victimes de la pollution au chlordécone, les marins pêcheurs demanden,t depuis plus de deux ans, à être indemnisés, d'autant que leur zone de pêche leur est désormais interdite.

De nombreuses espèces interdites à la commercialisation

Les zones d’interdiction de pêche déterminées par l'Etat ont été mises en place en juillet 2013.
Il y a d'abord la zone d’interdiction totale (en noir sur la carte). Elle va de la pointe Violon (Vieux-Fort) jusqu’à la pointe la Rose (Goyave). Sa superficie est de 37 km 2. Elle est matérialisée en surface par 9 bouées jaunes. Il y a ensuite les zones d’interdictions partielles (en orange). Les deux premières encadrent la zone d’interdiction totale. La troisième est située dans le Grand Cul-de-Sac marin. 
Sept crustacés, trois mollusques et 28 espèces de poissons sont interdits à la commercialisation.
 

Conséquences des interdictions

Des conditions et des restrictions qui engendrent deux problèmes majeurs.
D'une part, le conflit d’usage. Les professionnels qui exerçaient dans la zone d’interdiction totale sont depuis, contraints d’aller pêcher plus loin, sur des zones déjà occupées. L'un des exemples de ce cas de figure : les pêcheurs de Trois-Rivières se reportent sur les Saintes, où ils ne sont pas forcément les bienvenus.
D'autre part, l'effet réserve pose également problème. Puisqu’ils ne sont plus pêchés, les poissons, bien que chlordéconés, peuvent proliférer et se multiplier en toute tranquillité. Avec comme conséquence, un zone d'habitation qui devient vite trop petite. Ils migrent donc dans des zones non contaminées. 
Ce point fait d'ailleurs l’objet d’une procédure judiciaire. Un marin pêcheur de Bananier s’est vu contrôlé, le 26 mai dernier, par les services de l’Etat. Les analyses effectuées ont montré que certains des poissons pêchés étaient chlordéconés. Lui, soutient pourtant les avoir pêché hors de la zone d’interdiction totale.
 

Après les brigades vertes, les brigades bleues...

L'Etat propose aujourd'hui une première solution, la création de brigades bleues. Mesure annoncée par le secrétaire général de la Préfecture, François Colombet, hier, lors de la réunion d'information. 
Cette brigade serait constituée de marins pêcheurs de 50 ans et plus. Ils se verraient accorder un contrat pour pêcher un à trois jours par semaine dans la zone d’interdiction totale. Le produit de leur pêche contaminée serait ensuite détruit selon une procédure et une filière qui restent encore à mettre en place.
 
Voir aussi : 
 

 
Hors plan chlordécone III, financement de l’Etat, sorte de contrat aidé 26 heures par semaine payé au SMIC, ouvert aux professionnels de 50 ans et plus, qui serait sortis de la pêche mais aurait conservé leur bateau. Il se verrait donc proposer de pêcher en zone interdite 1 à 3 jours par semaine afin de limiter ce fameux effet réserve, dénoncé par les marins-pêcheurs. Le poisson pêché serait ensuite détruit selon une procédure et une filière qui restent à mettre en place. Tout est a inventé, brigade bleue