Quand on est né(e) un 29 février, la première réalité à laquelle il faut très tôt s'habituer c'est qu'on aura déjà 4 ans lorsqu'on fêtera son premier vrai anniversaire. Bien sûr, entre temps, les parents auront usé de stratégie pour vous fêter soit le 28 février, soit le 1er mars et quelquefois même à ces deux dates, comme pour conjurer le sort des années dites "bissextiles".
Ah les années bissextiles ! Un mécanisme qui prévoit que le système de la révolution de la Terre, qui met en fait 365,25 jours à faire le tour du Soleil, a besoin d'une journée de rattrapage tous les quatre ans. Ce jour supplémentaire est ajouté au mois de février, qui compte alors 29 jours au lieu des 28 habituels.
L’idée d’un rattrapage annuel remonte à la Rome antique, dont le calendrier comptait 355 jours au lieu de 365, car il était basé sur les cycles et les phases de la Lune. Constatant que leur calendrier se désynchronisait avec les saisons, ils ont commencé à ajouter un mois supplémentaire, qu’ils ont appelé Mercedonius, tous les deux ans, pour rattraper les jours manquants.
Du calendrier "Julien" au calendrier "Grégorien"
En l’an 45 avant notre ère, l’empereur romain Jules César a introduit un calendrier solaire, basé sur un calendrier égyptien. Tous les quatre ans, le mois de février est prolongé d’un jour afin que le calendrier reste en phase avec le voyage de la Terre autour du Soleil. En l’honneur de César, ce système est toujours connu sous le nom de calendrier julien.
Mais ce n’était pas la dernière modification. Au fil du temps, on s’est rendu compte que le voyage de la Terre ne durait pas exactement 365,25 jours, mais 365,24219 jours, soit environ 11 minutes de moins. L’ajout d’un jour entier tous les quatre ans était donc en fait une correction un peu plus importante que nécessaire.
En 1582, le pape Grégoire XIII a signé une ordonnance qui apportait une petite modification. On gardait toujours une année bissextile tous les quatre ans, sauf pour les années « centenaires » – les années divisibles par 100, comme 1700 ou 2100 – à moins qu’elles ne soient également divisibles par 400. Cela peut sembler complexe, mais cet ajustement a rendu le calendrier encore plus précis – et à partir de ce moment, il a été connu sous le nom de calendrier grégorien.
Des heures travaillées en plus mais rarement pour un meilleur salaire
De fait, cette année 2024 étant bissextile, elle compte un jeudi 29 février, ce qui veut dire une journée de travail en plus. Beaucoup de salariés se demandent souvent si une journée supplémentaire tous les quatre ans peut leur rapporter un meilleur salaire, une sorte de "prime bissextile". En réalité, la réponse est simple et clairement établie dans les contrats de travail : certes, lorsqu'il y a un 29 février, les salariés payés à l'heure bénéficient de davantage d'heures travaillées dans le mois, ce qui mécaniquement leur permet d'accumuler une meilleure rémunération à la fin du mois.
Mais pour la plupart des salariés, malgré un jour de travail supplémentaire, la fiche de paie reste exactement identique. En effet, ils reçoivent chaque mois une rétribution financière brute fixée contractuellement, quel que soit le nombre de jours travaillés.
C'est le principe de la mensualisation que le ministère du Travail rappelle en disant que : «Afin de neutraliser les conséquences de la répartition inégale des jours entre les douze mois de l'année, le code du travail prévoit le paiement chaque mois d'une rémunération déterminée indépendamment du nombre de jours que comporte le mois.» La plupart des salariés bénéficient de ce paiement mensuel du salaire et des avantages qui y sont liés.
Le salaire de base est ainsi le même, quel que soit le nombre de jours dans le mois. La mensualisation a d'autres effets: grâce à elle, les jours fériés chômés sont payés, comme les congés pris à l'occasion de certains événements familiaux ou personnels, et elle permet un droit au maintien du salaire en cas de maladie ou d'accident du travail.
Peut-on considérer que, tous les quatre ans, le salarié travaille un jour de plus sans contrepartie et est donc lésé? On peut aussi choisir de regarder les choses en sens inverse: février est le mois le mieux rémunéré puisque, même les années bissextiles, on y travaille moins que les autres mois tout en gagnant autant.
29 février : pêle-mêle des avantages et des inconvénients
Pendant longtemps, il ne faisait pas bon être né(e) un 29 février pour les ordinateurs, pour les formalités administratives et même pour un réseau social comme Facebook. Pas bon non plus pour les dates cadeau des grands magasins.
Progressivement, la plupart de ces domaines ont choisi de faire naître les "bissextilien(ne)s" la veille ou le lendemain. C'est plus sûr pour les systèmes intelligents.
Facebook a pris du temps pour considérer que, être né le 29 février se fête tous les Quatre ans à cette date-là et les trois autres années, un jour avant.
Et aujourd'hui encore, quand on souhaite prendre une carte de fidélité chez son commerçant ou son pharmacien, il vaut souvent mieux dire qu'on est né(e) la veille pour rester en février et surtout, en tirer bénéfice.
Pour autant, si vous êtes née un 29 février, même si cette date est rare dans un calendrier, vous avez l'assurance que personne ne risque d'oublier votre date de naissance, Quant à vous, s'il vous plaît de prétendre avoir 11 ans le jour de votre 44e anniversaire, ne vous en privez pas.