C’est un documentaire inédit que proposera Guadeloupe La 1ère aux téléspectateurs, dans le magazine « Horizon », à 20h05, ce lundi 13 juin 2022.
Dans le film « Les derniers "Blancs-Matignon" de la Guadeloupe », les réalisateurs Michel Reinette et Mariette Monpierre nous emmènent au sein d’une communauté, présente dans l’archipel guadeloupéen depuis le XVIIIème siècle et qui, parce qu’elle ne s’est pas (ou très peu) mélangée aux autres composantes de la société locale, s’est singularisée et existe encore aujourd’hui.
Ses membres ont un fief : il est situé sur le territoire de la commune du Moule, à une quarantaine de kilomètres de Pointe-à-Pitre, dans la région des Grands Fonds.
Une histoire unique
Fuyant la répression contre les propriétaires d’esclaves, après la première abolition de 1794, ces anciens colons d’origine européenne se sont repliés dans une région escarpée et difficile d’accès.
Le premier d’entre eux, Leonard Matignon dit « La Creuse », a donné son nom à tous ceux qui l’ont accompagné et suivi. Ils ont fait souche et leurs descendants ne passent pas inaperçus.
Aujourd’hui, à part leur origine et la couleur de leur peau, ces "Blancs-Matignon" n’ont pas grand-chose de commun avec les Békés de Martinique ou les Blancs pays de Guadeloupe, souvent d’ascendance noble, grands propriétaires terriens, qui ont jusqu’à ce jour un rôle central dans l’économie des Antilles.
D’ailleurs, les "Blancs-Matignon" sont désignés comme des « petits Blancs ». Depuis plus de deux siècles, ils vivent isolés et pauvres, en toute discrétion, ce qui a favorisé des fantasmes sur leur identité.
Ils restent méconnus et secrets de réputation.
Un documentaire qui lève le voile
Michel Reinette et Mariette Monpierre ont gagné leur confiance et nous font pénétrer dans leur enclave. Ils nous montrent comment vivent ces Guadeloupéens entièrement à part. Ils leur donnent la parole, sur leur endogamie et leur refus supposé de tout métissage avec les autres composantes de la population, pour préserver « leur race ».
Les réalisateurs s’appuient sur deux passeurs liés aux "Blancs-Matignon".
D’abord, Jocelyn Akwaba Matignon, artiste-peintre dont la mère est issue de ladite communauté et dont le père était un homme noir de Pointe-à-Pitre.
Ainsi qu’Estelle-Sarah Bulle, l’écrivaine qui, dans son roman « Là où les chiens aboient par la queue », évoque les Grands Fonds et sa grand-mère Estelle-Eulalie, dont les rhizomes sont dans la région.
Sans sophisme et se défendant d’avoir jamais été intrusifs, Michel Reinette et Mariette Monpierre démontrent que les soubresauts de l’histoire peuvent devenir solubles, dans l’idée d’un devenir commun.
Le documentaire : « Les derniers ‘’Blancs-Matignon’’ de la Guadeloupe »
Durée : 52 min
Réalisation : Michel Reinette et Mariette Monpierre
Production : Axe Sud
Avec la participation de France Télévisions
2022
Voici un avant-goût de ce film :