Après 41 ans derrière les barreaux, Sobéso poursuit l’Etat pour faute lourde

Rogers Sobers dit "Sobéso" est actuellement détenu à la Maison d'arrêt d'Arles (Bouche du Rhône).
Le 19 septembre 1982, Rogers Sobers dit « Sobéso » et un complice ont violé et tué la jeune Francine Régent-Talbot, derrière le lycée de Baimbridge. La victime avait 19 ans. 41 ans plus tard, Sobéso a décidé d’attaquer l’Etat pour faute lourde. En prison depuis plusieurs décennies, après son crime qui avait secoué la Guadeloupe, il demande à ne pas finir ses jours en prison.

Rogers Sobers dit "Sobéso" est l’un des plus anciens détenus de France. Depuis plusieurs années, il persiste à réclamer sa libération, après 41 années d’incarcération. C’est ainsi qu’il a formulé près de 10 demandes de libération conditionnelle ; toutes ont été rejetées.

Cet homme, âgé aujourd’hui de 67 ans, tente une action en justice contre l’Etat pour "faute lourde".

Violeur et meurtrier

Souvenez-vous : Sobéso avait été arrêté en 1982, avec son complice Tony Michel, décédé depuis. Tous deux ont violé, torturé, puis tué Francine Régent-Talbot, à proximité du lycée de Baimbridge, où elle résidait. Ce jour du 19 septembre où elle a rencontré ses bourreaux, la jeune femme de 19 ans cueillait des fruits pour ses sœurs, qu’elle s’apprêtait à rejoindre dans l’Hexagone.
La barbarie dont cette victime a fait l’objet avait profondément secoué la Guadeloupe, à l’époque.

Rogers Sobers, ressortissant Dominiquais alors âgé de 25 ans, a été condamné aux Assises à la réclusion criminelle perpétuité.

Sept années plus tard, il écopera d’une peine supplémentaire de 20 ans de prison, pour d’autres faits de viol, après son évasion de la Maison d’arrêt de Basse-Terre.

"Paisible", mais avec des incidents au compteur

Le prisonnier, actuellement incarcéré à Arles (Bouche du Rhône), dit aujourd’hui vouloir retrouver sa famille et rencontrer ses 18 petits-enfants et 5 arrière-petits-enfants, sur l’île de la Dominique notamment.
Dans la procédure qu’il a initiée, il peut compter sur le soutien de l’association Robin des Lois, dont le but est de "mettre l’Etat en demeure de faire quelque chose", indique son délégué général, François Korber.
Seulement voilà : Rogers Sobers a connu un parcours carcéral difficile, émaillé de deux condamnations pour violences, en 2000 et 2003, ainsi que de nombreux incidents disciplinaires. Ces actes le desservent, comme le concède François Korber :

Est-ce que les incidents commis en détention sont un mauvais point ? Oui, bien sûr, c’est toujours un élément qui est pris en compte par la justice, parce qu’il faut bien prendre des critères (...). Il ne s’agit pas de le libérer en France. Il a fait beaucoup d’études, il se comporte avec le reste des codétenus de façon parfaitement correcte... il y a eu 2-3 incidents avec les surveillants il y a 2-3 ans, mais il a un comportement parfaitement paisible. Simplement, il est complètement désespéré parce que, comme l’explique un des travailleurs sociaux, il risque de basculer dans la folie.

François Korber, délégué général de Robin des Lois (interviewé par Thierry Belmont)

La décision quant à son action en justice contre l’Etat sera rendue au mois de janvier prochain.
La Dominique se dit favorable à accueillir Rogers Sobers ; une de ses filles pourrait l’y héberger.