Au moins 148 personnes tuées par des gangs, en Haïti, depuis fin avril

La violence est reine dans le Nord de Port-au-Prince.
En deux semaines, les gangs, qui sévissent dans le Nord de la capitale haïtienne, ont tué 148 personnes, selon une organisation locale de défense des droits humains. Nullement inquiétés par les autorités locales, les malfaiteurs assassinent les habitants, violent les femmes, brulent les habitations. La population fuit de plus en plus la zone.

Au moins 148 personnes ont été tuées, entre fin avril et début mai, dans le Nord de Port-au-Prince, en Haïti, en proie à des affrontements entre deux gangs rivaux.
L’information émane du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), une organisation de défense des droits humains, après avoir mené une enquête, dans les quartiers attaqués par les bandes armées.

Au moins cent-quarante-huit personnes ont été assassinées dont sept bandits (...) exécutés par leur chef.

RNDDH, le 10 mai 2022.

Une horreur sans nom

Les Nations unies avaient déjà, vendredi, alerté sur la gravité des faits, en annonçant qu'au moins 75 civils avaient été tués, parmi lesquels des femmes et des enfants.

RNDDH va donc plus loin et dénonce « Un massacre d'une cruauté inouïe ». Le réseau évoque, dans son rapport, que des personnes ont été tuées par balle ou à l'arme blanche, d'autres victimes ont été brûlées vives « à l'intérieur même de leurs maisons incendiées » ou « dans les rues, avec des pneumatiques ». « Les femmes et filles assassinées ont pour la plupart été violées avant », rapporte l'organisation haïtienne.  

La description des scènes d’horreur ne s’arrête pas là : RNDDH témoigne de l'existence d'une fosse commune, avec 30 cadavres enterrés par l'un des gangs ; ce, parce que les corps, abandonnés en pleine rue sous le soleil, entraient en décomposition.
D'autres corps ont été jetés, par les auteurs des meurtres, dans des puits ou des latrines. 

La mainmise des gangs, l’inaction des autorités

Au moins 9000 habitants de ces quartiers, devenus théâtre de cette guerre de gangs, ont fui leurs maisons et se sont réfugiés chez des proches ou dans des sites temporaires, tels que des églises et des écoles.  

Si un calme apparent règne, depuis plusieurs jours, dans cette banlieue Nord de la capitale haïtienne, beaucoup de ces personnes ne sont pas encore retournées chez elles, par peur d'une reprise des violences.  

Depuis plusieurs décennies, les bandes armées sévissent dans les quartiers les plus pauvres de Port-au-Prince. Elles ont drastiquement accru leur emprise sur la ville et le pays, ces dernières années, multipliant assassinats et enlèvements crapuleux.  

Plus de deux semaines après le début de cette flambée de violence, le gouvernement haïtien ne s'est pas encore exprimé, sur cette situation, qui place la capitale en état de siège, empêchant toute sortie sécurisée par la route, vers le reste du pays.  

Depuis juin 2021, les autorités ont déjà perdu le contrôle du seul accès routier qui relie Port-au-Prince à la moitié Sud du pays car, sur l'espace de deux kilomètres, la route nationale est totalement sous la maîtrise de bandes armées.