Campagne sucrière : le bras de fer se poursuit

Meeting de soutien aux planteurs de canne. Baie-Mahault, le 4 avril 2024.
Alors que la campagne sucrière est en cours depuis deux semaines en Guadeloupe dite continentale (et depuis jeudi à Marie-Galante), le bras de fer se poursuit entre le Collectif des agriculteurs et la sucrerie Gardel. Le KDA, soutenu par plusieurs syndicats agricoles, attend toujours une nouvelle réunion avec l’Etat, la Région, le Département, l’Iguacanne et la direction de l’usine du Moule. Ce jeudi soir, un nouveau meeting de soutien était organisé sur l’esplanade de la mairie de Baie-Mahault, avec des organisations syndicales comme l’UGTG, l’UNSA, FO. De son côté l'Etat annonce un calendrier et une méthode pour les prochains jours.

Les planteurs toujours mobilisés au sein du Collectif continuent de réclamer un prix de la tonne de canne à 120€, sans condition de richesse, contre 110,98 € prévus actuellement pour ceux qui vendent à Gardel (la partie industrielle de ce prix étant fixée pour un taux de richesse saccharine à 9%). Parmi les organisations présentes hier soir, il y avait le « Mouvman Nanm », qui fait partie du LKP. Raymond Gama, membre de ce mouvement, appelle à une mobilisation plus forte. Il est interrogé par Gessy Blanquet :

Les membres du collectif refusent de coupe leurs cannes, tant qu’ils n’ont pas obtenu satisfaction. Wilhem Monrose, président du collectif des agriculteurs :

Dans un communiqué commun, l'Etat, la Région Guadeloupe et le Département rappellent leurs engagements pris lors de la réunion du 26 mars dernier qui n'avait pas permis d'aboutir à la signature d'un protocole d'accord :

  • à mettre en place un groupe de travail avec l’accompagnement des experts, dont l’objectif sera de réviser la formule de calcul du prix de la tonne de canne et de remettre ses conclusions avant la fin du mois de juin 2024 ; ce travail devra prendre en compte la totalité des coproduits tirés de la canne à sucre ainsi que la révision de la formule de calcul de la richesse saccharimétrique.
  • à commander une mission d’expertise pour passer en revue le protocole d’échantillonnage des cannes livrées aux sucreries et le protocole de mesure des paramètres physico-chimiques de la canne à sucre, mis en œuvre par le CTCS. Cette mission s’appuiera également sur des experts locaux.

Par ailleurs, la région s’engage à prendre en charge le financement des experts mobilisés pour la réalisation des travaux de révision du prix de la tonne de canne, prévus pour juin 2024, ainsi qu’une étude plus approfondie sur l'économique, la gestion et l’organisation de chacun des acteurs de la filière : producteurs, opérateurs, transformateurs (usiniers, distilleries, producteurs d’énergie) dans une démarche pour aider à définir le nouveau modèle économique de la filière canne.

Ce projet de protocole comportait aussi les engagements de la sucrerie Gardel notamment ceux visant à étudier avec l’aide des partenaires publics, la mise en place d’un mécanisme d’intéressement à la valeur, inspiré du modèle de la Réunion, basé sur une approche en deux volets : écriture d’une formule de partage du résultat de l’exercice dès 2024 au-dessus d’un seuil à définir, avec une première tranche de redistribution à hauteur de 1/3 du résultat de l’exercice dépassant ce premier seuil, et d’une deuxième tranche de redistribution à hauteur de la moitié du résultat de l’exercice dépassant ce second seuil.

Un calendrier et une méthode seront très prochainement proposés à l’ensemble des partenaires de la filière dans les prochains jours.

À Marie-Galante, un meeting d’information et de soutien est organisé ce vendredi à 18h, dans la cour de la SICAMA, à l’initiative du « Kolèktif plantè Marigalant ».