Grand Îlet et Petit Îlet, les deux petits bouts de terre qui composent les Îlets Pigeon, se situent à environ 1,3 km au large de Malendure, à Bouillante. Ils sont classés en cœur du Parc national de la Guadeloupe. Autrement dit, leur site est protégé.
Pourtant, les fonds marins de la zone, très appréciés des plongeurs, se dégradent. Le réchauffement climatique est en cause, dans la mesure où les eaux, plus chaudes plus longtemps qu’auparavant, accélèrent le blanchiment des coraux. Les activités anthropiques (humaines) sont également pointées du doigt.
Une somme de facteurs de dégradation
De nos jours, les Îlets Pigeon sont un haut lieu touristique. Les activités nautiques y sont plurielles : plongée, apnée, palme-masque-tuba, kayak, bateau à fonds de verre, etc. Les meilleurs jours, jusqu’à 500 plongeurs y sont de sortie.
Les plaisanciers mouillent non loin de là, même s’ils sont tenus à bonne distance. Et les baigneurs sont aussi légion, depuis le sable noir d’origine volcanique du coin.
Face à cette fréquentation, les enseignes de restauration se sont aussi multipliés sur la plage de Malendure, qui fait face aux îlets. L’offre d’hébergements saisonniers a fait un bond, au fil des années, alentours.
Il y a donc tout un petit monde qui vit aux dépens de la beauté des lieux.
Mais ce sont autant de loisirs et de secteurs professionnels lucratifs qui ont un impact sur l’environnement... sans parler des problèmes d’assainissement de l’eau des riverains et des rejets des plaisanciers.
Mobilisation générale pour la préservation
Difficile de dire qui est responsable des dégradations, ni dans quelles proportions.
Toujours est-il que les activités et facteurs précités représentent tous des pressions exercées sur le milieu. Ils s’additionnent et mènent à la mort des récifs coralliens et à la baisse de quantité de poissons. C’est ce que constatent les agents du Parc national, sur le terrain.
Puisque leur succès dépend des richesses locales, les acteurs locaux, ceux qui vivent du site et sur le site, ont intérêt à réduire ces impacts, et à contribuer à la préservation des Îlets Pigeon.
Sachant cela, le Parc entend les fédérer. Les entreprises, les associations, mais aussi les collectivités étaient invitées à participer à une réunion d’information publique, organisée à l’hôtel de ville de Bouillante, hier soir (lundi 7 octobre 2024).
Une vaste concertation publique sera menée, durant une année, pour réfléchir à une meilleure gestion de ce patrimoine naturel exceptionnel, protégé mais menacé. Un projet qui doit donc être co-construit.
Le but est de présenter l’état des lieux dressé sur les Îlets Pigeon (état des lieux physiques, chimiques, biologiques), avec différents résultats qui datent de 2011 à 2021, voire 2023.
Leslie Verepla, directrice adjointe du parc national de la Guadeloupe
La mairie était aussi représentée à ce rendez-vous :
C’est une problématique qui nous tient à cœur, puisque, comme on aime le dire, l’attractivité de ce site est due à la richesse exceptionnelle, en termes de flore et de faune (...)
Kevin Absalon, adjoint en charge de l'environnement à la mairie de bouillante
Aller plus loin que les mesures actuelles
Le cœur marin de Pigeon est communément appelé "Réserve Cousteau", en référence au Commandant Jacques-Yves Cousteau, explorateur océanique qui aurait émis le souhait que ce site soit protégé, dès 1959. Pour autant, les îlets Pigeon et les espaces maritimes alentours n'ont bénéficié d'un statut de protection qu'en 2009, parmi les plus importants selon les critères de l'Union internationale de conservation de la nature (UICN). Depuis, le Parc national de la Guadeloupe s'efforce d'y allier protection de l'environnement, avec développement des activités économiques.
Les opérateurs touristiques doivent obtenir une autorisation du Parc pour lancer une activité commerciale aux Îlets Pigeon. Les plaisanciers ne doivent plus jeter l’ancre mais s’amarrer aux bouées. Les usages sont donc encadrés. Des efforts de gestion des activités économiques et de loisirs sont déployés mais, de toute évidence, ils ne suffisent plus.
En optant pour la concertation, le Parc choisi de ne pas décider seul et d’impliquer les acteurs locaux. Ensemble, ils doivent repenser les mesures de gestion et faire en sorte que les efforts soient portés par tous.
D’ici octobre 2025, une restitution des travaux sera faite et un projet de gestion durable et partagé devra voir le jour.