Contrôle routier de gendarmerie de Claude Jean-Pierre : c'était il y a un an

Claude Jean-Pierre dit "Klodo"
Cela fait 365 jours que les proches de Claude Jean-Pierre attendent que la lumière soit faite, autour du contrôle routier dont le retraité a fait l'objet. C'est suite à sa rencontre avec deux gendarmes, à Deshaies, que l'homme a présenté de graves blessures, qui ont conduit à sa mort. 

Cela s'est passé le 21 novembre 2020. Il y a tout juste un an, Claude "Klodo" Jean-Pierre, retraité de 67 ans, père de famille, bon vivant, résidant de Deshaies, a été contrôlé par une brigade de gendarmerie, derrière l'hôtel de ville de sa commune, sous l'œil de la caméra de vidéo-surveillance installée par la municipalité.

Après cette rencontre, il ne regagnera jamais son domicile. Il est mort, au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Pointe-à-Pitre/Les Abymes, le mois suivant.

Ses proches attendent toujours que la lumière soit faite sur les causes de sa disparition prématurée.

Un décès suspect

Après douze jours d'hospitalisation, le 3 décembre 2021, Claude Jean-Pierre a rendu l'âme. 
A son arrivée, dans l'établissement de santé, l'homme souffrait d'une double fracture des cervicales, dont l'une compressant la moelle épinière. Il présentait aussi plusieurs hématomes au visage.
Dès lors, les interrogations et soupçons se sont tournés, logiquement, vers les conditions du contrôle routier dont il a fait l'objet.

La famille de la victime a porté plainte, contre les gendarmes, dans la foulée.

Elle a reçu, depuis, le soutien de nombre d'élus locaux, mais aussi et surtout du "Kolèktif kont vyolans a jandam" qui réclame également justice. Plusieurs manifestations ont été organisées, depuis un an, pour montrer aux autorités judiciaires qu'ils sont nombreux à rester vigilants, quant à la suite qui sera donnée à ce dossier judiciaire.

 

Des images choquantes

Justement, nous vous le disions, la scène a été entièrement filmée, par les caméras de sécurité installées par la ville.
Il a fallu que les avocats du clan Jean-Pierre fassent des pieds et des mains, pour enfin pouvoir visionner les images en question ; celles-ci ont aussi été rendues publiques, partiellement, le 20 mai 2021. Des images choquantes.

On y voit les deux gendarmes extraire avec force Claude Jean-Pierre de son véhicule. Ensuite, le sexagénaire apparaît inerte, au sol, au soleil, au pied des deux militaires. La vidéo montre aussi sa tête heurter brutalement la chaussée, alors que l'un des représentants des forces de l'ordre le déplace.

Cette "extraction musclée" serait à l'origine des blessures infligées au retraité, selon les avocats de ses proches.

La justice patine

A ce jour, les deux gendarmes ne sont pas considérés comme des témoins, dans cette instruction ; ils ne sont pas non plus mis en examen. Ils ont, pour le moment, le statut hybride de "témoins assistés". 
Une qualification synonyme d'avancée, selon les avocats de la famille Jean-Pierre.

Le 14 juin dernier, les avocats avaient aussi obtenu que soit réalisée une contre-expertise médicale. Un collège d'experts (neurologue, médecin réanimateur, spécialiste de l'imagerie médicale) rendra son rapport en ce mois de novembre.

Pour rappel, dans un premier temps, en janvier dernier, le procureur de la République de Basse-Terre, Xavier Sicot, avait déclaré n’avoir noté "aucune irrégularité lors du visionnage de la vidéo", relative à l’interpellation de Claude Jean-Pierre ; "les règles d'interpellation ont été respectées", selon lui.

Pas de quoi faire les proches du Deshaisien baisser les bras, malgré la lassitude.

On maintient la pression. On rappelle à la Cour d'Assises qu'on n'arrêtera pas, tant que les deux mis en cause ne seront pas mis en examen et n'auront pas répondu de leurs actes

Fatia Alcabélard, fille de Claude Jean-Pierre - 09/2021