C'est "un énorme rocher diplomatique que nous poussons vers le haut d'une colline depuis 2018", a affirmé Keith Rowley, lors d'une conférence de presse jeudi, sans toutefois évoquer directement le mythe de Sisyphe.
Le champ gazier Dragon, dont le gisement contient 120 millions de mètres cubes, est situé dans les eaux vénézuéliennes au nord-est du Venezuela, près de la frontière maritime avec Trinidad & Tobago, mais près de gisements trinidadiens exploités par Shell.
Trinidad & Tobago, plus gros producteur de gaz des Caraïbes, avait signé un protocole d'accord avec le Venezuela en 2016 pour des études techniques et commerciales en vue d'une exploitation avec des revenus partagés.
Toutefois, les sanctions américaines visant le Venezuela (Washington ne reconnait pas la réélection en 2018 du président Nicolas Maduro, jugée "frauduleuse" et boycottée par l'opposition), ont compliqué la situation.
En janvier 2023, le Bureau du contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du Trésor américain, chargé de l'application des sanctions, a autorisé Trinidad & Tobago à exploiter le champ à la condition de ne pas verser le moindre dollar au Venezuela.
"Le mode de paiement est le principal obstacle à l'heure actuelle. Pour ce faire, nous avons dû nouer des relations, trouver des amis et parler aux gens pour qu'ils comprennent notre point de vue", a indiqué Keith Rowley, soulignant que son ministre de l'énergie Stuart Young effectuait des navettes entre Washington et Caracas pour tenter de trouver une solution.
Le président Maduro avait taxé l'autorisation américaine de colonialisme et rappelé que les deux pays étaient des Etats "souverains" : "Ils (USA) essaient d'établir un modèle colonial (...) Ils disent à un pays "vous avez la permission de négocier avec le Venezuela, mais vous ne pouvez pas payer en dollars ou en espèces (...) vous devez payer avec des aliments ou des produits".