Les services de l’Etat (Affaires maritimes, Douanes et marine nationale) ont mené une opération de contrôle en mer, mardi 28 septembre 2022, afin de veiller au respect des interdictions de pêche dans les zones polluées par la molécule Chlordécone. Les agents ont longé la Côté-au-Vent, le Sud Basse-Terre et ont navigué jusqu’à Vieux-Habitants.
La zone chlordécone concernée par une interdiction partielle fait 159 kilomètres carrés et la zone chlordécone d’interdiction totale est de 37 kilomètres carrés, que ce soit pour les plaisanciers ou pour les professionnels.
Frédérique Ehrstein, cheffe de service à la Direction de la mer de Guadeloupe
Un risque réel mais un message difficile à faire passer
Même si la forte houle, ce jour-là, a empêché le contrôle des casiers non autorisés, les autorités ont profité de cette sortie pour faire de la pédagogie, auprès des plaisanciers croisés qui s’adonnaient à la pêche ; ils étaient donc en infraction et ont eu droit à un rappel à la loi.
Nous avons contrôlé un pêcheur-plaisancier qui avait pêché en zone chlordécone, en n’ayant pas l’information que, potentiellement, la plupart de ses poissons étaient toxiques. Donc on lui a fait un contrôle, on lui a expliqué quelles espèces il pouvait garder à bord et quelles autres il devait rejeter. Typiquement les pélagiques, il peut les garder, mais les poissons de fonds, il ne peut pas les garder.
Frédérique Ehrstein, cheffe de service à la Direction de la mer de Guadeloupe
La difficulté des intervenants est de faire comprendre aux usagers que les poissons, même s’ils évoluent dans un plan d’eau infini, peuvent être contaminés par le Chlordécone. Certaines espèces ne sont d’ailleurs pas nomades.
Mais pour ce plaisanciers que nous avons interviewé, cette interdiction n’en est qu’une de plus, au détriment des habitudes locales.
On ne peut rien faire ici, mais bon... je pensais que c’était plus loin, à Trois-Rivières, mais pas ici. Je comprends et je ne comprends pas. On nous a fait manger du chlordécone toute notre vie, pourquoi dire ça, là maintenant ! Ça ne sert à rien ! Maintenant on ne peut même pas vivre.
Plaisancier qui a fait l’objet d’un rappel à la loi
La pédagogie avant les sanctions
L’objectif de ce contrôle était principalement de sensibiliser les contrevenant, aux risques liés à l’exposition au chlordécone.
Les sanctions viendront dans un second temps.
Il y a plusieurs niveaux de sanctions. Un simple plaisancier qui va pêcher pour sa propre consommation ne sera pas forcément sanctionné de manière sévère ; un rappel à la loi suffira, la plupart du temps, pour qu’il prenne conscience de la situation. Et puis, l’avantage d’un rappel à la loi, c’est qu’on marque le fait qu’il ait été informé. Après, il sera considéré comme un récidiviste ; dans ce cas, la prochaine fois qu’on le contrôlera, il aura une vraie amende.
Frédérique Ehrstein, cheffe de service à la Direction de la mer de Guadeloupe
D’autres seront considérés comme des braconniers ; il s’agit des plaisanciers qui pêchent et revendent leurs prises. Dès lors, les sanctions sont assez lourdes.
Récemment, un restaurateurs de Goyave a ainsi été pris dans les mailles du filet de la justice, parce qu’il proposait à ses clients des poissons pollués au chlordécone et à la ciguatera qu’il pêchait lui-même.
Ce monsieur a pris 6 mois d’emprisonnement et 10.000 euros d’amende, parce qu’il était récidiviste.
Frédérique Ehrstein, cheffe de service à la Direction de la mer de Guadeloupe
La pilule a certes du mal à passer. Mais les contrôles se poursuivront et, après la phase d’explications, les sanctions tomberont, promettent les autorités. Certains en ont déjà fait les frais.