Après la remise en cause du caractère cancérogène du chloredécone, voila Emmanuel Macron taclé par les professeurs Luc Multigner et Pascal Blanchet. Dans un communiqué, les scientifiques confirment que la molécule est classée en Europe et aux Etats-Unis comme cancérogène possible.
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Deux professeurs spécialistes du chlordécone et deux parlementaires ont répondu à Emmanuel Macron qui a estimé vendredi que cet insecticide longtemps utilisé dans les Antilles n'était pas cancérigène.
Un communiqué qui sonne comme un démenti cinglant du président de la République dans le dossier chlordécone. Tout est parti de cet échange un peu vif entre le sénateur Victorin Lurel et le président de la République dans le grand débat nationale vendredi dernier.
Depuis l'Elysée a parlé de "malentendu" sur ce dossier.
Les professeurs Luc Multigner et Pascal Blanchet ont publié un communiqué commun. Contrairement aux affirmations d’Emmanuel Macron, le président de la République, les deux scientifiques confirment que le chlordécone a été classé en Europe et aux Etats-Unis comme cancérogène possible.
Dans une lettre aux médias dimanche, Luc Multigner, Directeur de Recherche à l'Inserm et Pascal Blanchet, chef de service d'urologie du CHU de Pointe-à-Pitre, soulignent que "le Centre International de la Recherche sur le Cancer, une agence de l'OMS, a établi en 1979 qu'il existe des preuves suffisantes pour considérer que le chlordécone est cancérogène chez la souris et le rat" et qu'en absence de données chez l'homme, il était raisonnable, à des fins pratiques, de considérer le chlordécone comme s'il présentait un risque cancérogène pour l'homme".
A l’époque, en 1976, les Etats-Unis interdisent sa production et sa commercialisation sur le sol américain. Quelques années plus tard, en 1981, le département de santé américain, puis l’agence de protection de l’environnement insistent sur les fortes suspicions de cancérogénicité pour l’homme.
En 1987, cette même institution "a classé le chlordécone dans la catégorie cancérogène 2B (peut-être cancérogène pour l'Homme)", soulignent-ils.
Les deux professeurs rappellent qu'ils ont publié en 2010 "des travaux de recherche menées auprès des populations antillaises et qui montraient que l'exposition au chlordécone est associée à une augmentation de risque de survenue du cancer de la prostate". "Force est de constater qu'à ce jour elles n'ont pas été contredites", ajoutent-ils.
Ils rappellent que selon les dernières études de Santé publique France, "le taux d'incidence de cancer de la prostate en Martinique et Guadeloupe se situe parmi les plus élevés au monde". "Comme vous, nous ne disons pas qu'il existe un lien strictement direct entre exposition au chlordécone et survenue de pathologies, mais refusons que vous puissiez certifier que le chlordécone n'est pas cancérogène", ajoutent les parlementaires.
A (re) voir le reportage de Marie-Lyne Plaisir et Bruno Pansiot-Villon :
Un communiqué qui sonne comme un démenti cinglant du président de la République dans le dossier chlordécone. Tout est parti de cet échange un peu vif entre le sénateur Victorin Lurel et le président de la République dans le grand débat nationale vendredi dernier.
Une substance interdite très tôt
Sollicité par des élus ultramarins lors d'un grand débat à l'Elysée sur cette substance utilisée en Guadeloupe et Martinique jusqu'en 1993 pour combattre un insecte dévastant les bananeraies et suspectée d'effets toxiques pour l'homme, le chef de l'Etat a affirmé : "ne faut pas dire que c'est cancérigène".Depuis l'Elysée a parlé de "malentendu" sur ce dossier.
Les professeurs Luc Multigner et Pascal Blanchet ont publié un communiqué commun. Contrairement aux affirmations d’Emmanuel Macron, le président de la République, les deux scientifiques confirment que le chlordécone a été classé en Europe et aux Etats-Unis comme cancérogène possible.
Dans une lettre aux médias dimanche, Luc Multigner, Directeur de Recherche à l'Inserm et Pascal Blanchet, chef de service d'urologie du CHU de Pointe-à-Pitre, soulignent que "le Centre International de la Recherche sur le Cancer, une agence de l'OMS, a établi en 1979 qu'il existe des preuves suffisantes pour considérer que le chlordécone est cancérogène chez la souris et le rat" et qu'en absence de données chez l'homme, il était raisonnable, à des fins pratiques, de considérer le chlordécone comme s'il présentait un risque cancérogène pour l'homme".
A l’époque, en 1976, les Etats-Unis interdisent sa production et sa commercialisation sur le sol américain. Quelques années plus tard, en 1981, le département de santé américain, puis l’agence de protection de l’environnement insistent sur les fortes suspicions de cancérogénicité pour l’homme.
En 1987, cette même institution "a classé le chlordécone dans la catégorie cancérogène 2B (peut-être cancérogène pour l'Homme)", soulignent-ils.
Des publications existent
Mais Emmanuel Macron a mis en doute, ou en tous cas il a affirmé ne pas avoir eu connaissance des publications à caractère scientifique de Pascal Blanchet notamment. Des publications qui font suite aux études sur les populations locales et des liens avec le développement cognitif des enfants ou sur les cancers de la prostate dans nos régions. Luc Multigner et Pascal Blanchet rappellent ces publications internationales avec comité de lecture. Des publications qui jusqu’à aujourd’hui n’ont pas fait l’objet de controverses de la communauté scientifique.Les deux professeurs rappellent qu'ils ont publié en 2010 "des travaux de recherche menées auprès des populations antillaises et qui montraient que l'exposition au chlordécone est associée à une augmentation de risque de survenue du cancer de la prostate". "Force est de constater qu'à ce jour elles n'ont pas été contredites", ajoutent-ils.
Pas de certitudes mais une forte présomption pour les parlementaires guadeloupéens
Pour la députée PS Hélène Vainqueur-Christophe et le sénateur PS Victorin Lurel, "un faisceau d'arguments permettent d'attester d'une forte présomption de liens entre exposition au chlordécone et cancer de la prostate", disent-ils dans une lettre publique adressée mardi à Emmanuel Macron.Ils rappellent que selon les dernières études de Santé publique France, "le taux d'incidence de cancer de la prostate en Martinique et Guadeloupe se situe parmi les plus élevés au monde". "Comme vous, nous ne disons pas qu'il existe un lien strictement direct entre exposition au chlordécone et survenue de pathologies, mais refusons que vous puissiez certifier que le chlordécone n'est pas cancérogène", ajoutent les parlementaires.
A (re) voir le reportage de Marie-Lyne Plaisir et Bruno Pansiot-Villon :