CHUG : les suspensions de contrats des personnels non-vaccinés débuteront lundi

La direction du CHU de Guadeloupe dénonce le climat "insurrectionnel" qui règne au sein de l'hôpital, alors que des personnels militent contre l'obligation vaccinale et le pass sanitaire. Pour autant, elle appliquera la loi et les suspensions de contrats des salariés non-vaccinés débuteront lundi.

Le directeur général du Centre hospitalier universitaire de la Guadeloupe (CHUG), Gérard Cotellon, a déclaré, ce vendredi 08 octobre 2021, sur le plateau de la chaîne d'information nationale France Info, que les premières suspensions de contrats interviendront dès le lundi 11 octobre 2021. Cela, dans le cadre de l'application de la loi du 5 août, obligeant tous les professionnels en contact avec des personnes sensibles à être vaccinés, contre la Covid-19, pour exercer leur métier.

L'ensemble des personnels hospitaliers est concerné par ce texte. 
Or, au CHU de la Guadeloupe, un peu moins de 1000 aides-soignants et infirmiers (pour ne citer que ceux-là) sont non vaccinés.

Un paradoxe à lever, selon Gérard Cotellon :

Nous sommes dans une situation très paradoxale où le pass sanitaire s'applique aux patients qui viennent à l'hôpital ; on exige qu'ils aient un pass sanitaire pour pointer à l'intérieur de l'hôpital. Et la prise en charge est assurée par des gens qui ne sont pas vaccinés. Donc, il faut lever ce paradoxe.

Gérard Cotellon, directeur général du CHU de la Guadeloupe


D'abord les encadrants, directeurs et médecins

90 agents du CHUG ont d'ores et déjà reçu un courrier leur annonçant leur suspension, faute d’avoir régularisé leur situation vaccinale. Ces premières suspensions seront effectives, au plus tard le 13 octobre 2021. 
Les premiers à être visés, par la procédure d'application de la loi, sont les agents du groupe "Encadrants, directeurs et médecins".

Pour bien comprendre, l’établissement a réparti ses personnels en trois groupes, qui affichent des taux de vaccination différents :

  • 91% des 900 "encadrants, directeurs et médecins" (groupe 1) sont vaccinés ;
  • 34% des 700 personnels des "services administratif, technique et logistique" (groupe 2) ont validé leur parcours vaccinal ;
  • enfin 46% des 2169 agents paramédicaux (groupe 3, qui englobe les infirmiers, kinésithérapeutes, aides-soignants, personnels de ménage, socio-éducatifs ou encore médico-techniques) ont reçu les injections de rigueur.

Ces chiffres sont ceux mis à jour, par le CHUG, ce 8 octobre. Ils sont à l'image de la situation de l'archipel, où l'opposition contre les vaccins contre la Covid-19 est encore importante.

Les lettres de mise en demeure de régularisation sont déjà parties, à destination de 403 agents du groupe 2. En cas de non-respect de l'obligation vaccinale, leurs lettres de suspension suivront, dès la troisième semaine de ce mois.
Pour ce qui est des salariés du groupe 3, la direction de l'hôpital envisage de leur faire parvenir leur lettre de mise en demeure, à partir du 25 octobre.

Mais le lancement de la procédure a déjà fait réagir un certain nombre d'employés puisque, selon le directeur adjoint de l’établissement, depuis la réception des premiers courriers de suspension, plus de 100 régularisations ont été reçues, en l'espace de 24 heures.

L'application de la loi

Dans l'interview accordée à France Info, Gérard Cotellon est revenu sur le climat, qu'il qualifie d' "insurrectionnel", qui règne au sein de l'établissement de santé. Pourtant, son souhait était de revenir à un fonctionnement normal, alors que l'épidémie de Covid-19 recule depuis plusieurs jours, dans le territoire, après une quatrième vague particulièrement éprouvante et meurtrière. Mais c'était sans compter sur la "minorité très agissante", qui milite contre l'application de la loi du 5 août.

Les tensions, d'ailleurs, ne risquent pas de s'apaiser, alors que les suspensions de contrats vont débuter.

Des suspensions qui vont immanquablement engendrer des difficultés d'organisation des soins. Une problématique à laquelle la direction de l'hôpital, l'Agence régionale de santé (ARS) et le ministère de la santé tentent de répondre, via un Plan de continuité des activités. Gérard Cotellon a d'ailleurs rencontré le directeur de cabinet d'Olivier Véran, à ce sujet, en cette fin de semaine.

On fera tout pour que l'offre de soins puisse perdurer, en Guadeloupe et qu'on continue à prendre en charge les patients.

Gérard Cotellon, directeur général du CHU de la Guadeloupe

Il est probable que des renforts soient envoyés sur place.

A (re)voir l'intégralité de l'interview de Gérard Cotellon, diffusée sur France Info :

Gérard Cotellon, directeur général du CHU de la Guadeloupe ©France Info - 08/10/2021