Le gouvernement, qui avait engagé sa responsabilité lundi en vertu de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire adopter sans vote le budget de la Sécurité sociale, a été renversé par 331 députés, le Rassemblement national ayant fait le choix de voter la motion de censure déposée par la gauche.
Sur 27 élus ultramarins à l'Assemblée nationale, 18 ont voté en faveur de la motion de censure, ce mercredi 4 décembre. À l’exception de Max Mathiasin, tous les députés de Guadeloupe ont voté le texte.
La Gauche guadeloupéenne en force
Dans une lettre ouverte adressée aux populations des 2e et 4e circonscriptions, les députés guadeloupéens Christian Baptiste et Élie Califer expliquent leur vote de la motion de censure contre le gouvernement Barnier. Ils dénoncent la gestion gouvernementale actuelle, marquée, expliquent-ils, par le recours répété au 49.3 pour imposer des réformes, comme celles des retraites et les projets de loi de financement de la Sécurité sociale 2023 et 2024. Ils estiment que ces mesures n'ont pas résolu les problèmes économiques, ni réduit la dette nationale.
Les élus considèrent également que les Outre-mer connaissent une aggravation de leurs difficultés : hausse du coût de la vie, des billets d'avion, et montée de la violence qui fait "fuir les investisseurs et assureurs de nos territoires".
Ils reprochent au gouvernement de ne pas avoir apporté de "réponses de long terme" malgré leurs multiples sollicitations. Les députés soulignent l'absence de grandes lois spécifiques aux Outre-mer, alors même que ces territoires font face à des crises majeures, comme les pénuries d'eau.
Face à ce constat, ils justifient leur vote.
Le Premier ministre n'a pris le temps de nous recevoir malgré nos demandes et son Gouvernement a quasi-systématiquement écarté toutes nos propositions pourtant guidées par deux préoccupations majeures : exonérer d'effort les classes populaires et les classes moyennes d'une part et mettre à contribution les plus aisés, les très grandes entreprises et le monde de la finance d'autre part. Ces préoccupations n'ont pas été entendues et, en un an, le budget des Outre-mer a baissé de plus de 400 000 millions d'euros.
Lettre ouverte de Christian Baptiste et Elie Califer, députés
Enfin, ils contestent l'argument selon lequel ce rejet paralyserait le pays, rappelant que les mécanismes de protection sociale resteront fonctionnels. Leur démarche vise à encourager le gouvernement à s'ouvrir au dialogue pour assurer la stabilité nationale et le développement des territoires ultramarins.
Pour Victorin Lurel, sénateur de la Guadeloupe, cette censure est une "issue logique", expliquant que "les socialistes ont pleinement joué le jeu du parlementarisme responsable".
Olivier Nicolas, premier secrétaire fédéral de la Fédération socialiste de la Guadeloupe, s'est dit soulagé que le gouvernement Barnier est renversé. Pour lui, l'Etat "va arrêter de proposer de mauvais budgets".
Autre vote en faveur de la censure, celui d'Olivier Serva, le député de la 1ère circonscription.
Dans un communiqué, lui aussi parle de manque de dialogue et de compromis de la part du gouvernement, notamment envers les élus d'Outer-mer. Il déplore que les garanties concernant le budget Outre-mer, discutées en commission, n'aient pas été reprises dans la version finale, et que les parlementaires ultramarins n'aient pas été consultés lors de son élaboration.
Ce vote reflète, selon lui, la volonté de la population guadeloupéenne, exprimée depuis 2022, de rejeter une politique gouvernementale.
... en cohérence avec les suffrages exprimés par la population guadeloupéenne depuis 2022, le député a souhaité sanctionner cette politique gouvernementale tant décriée sur le territoire guadeloupéen.
Communiqué d'Oliver Serva, député
En cohérence avec la position du groupe LIOT, Olivier Serva plaide pour la formation d'un gouvernement d'union nationale, basé sur le consensus, afin de restaurer la stabilité des institutions avant les prochaines élections présidentielles.
Le vote de Max Mathiasin
Pourtant, il est le seul député du groupe LIOT, Libertés, indépendants, Outre-mer et territoires a avoir voté en ce sens. À l’instar des autres députés ultramarins de la formation politique, Max Mathiasin n'a pas voté la censure. Dans les jours qui ont précédé, il a fait part de son désir de stabilité pour les territoires d'Outre-mer, ne voyant pas l'intérêt de renverser le gouvernement.
L'extrême droite satisfaite
Enfin, l’extrême droite également estimait que le gouvernement Barnier n’était pas à sa place. Mais si le RN a voté la motion de censure du NFP, le président du RN Guadeloupe refuse d’être accusé de rapprochement entre l’extrême droite et l’extrême gauche; Ce choix était simplement fait pour sanctionner l’action du gouvernement Barnier, selon Rody Tolassy.