Commencé le 7 avril dernier le procès d'Elie Domota se poursuit ce jeudi au Tribunal Judiciaire de Pointe-à-Pître

.
Un procès en continuation qui fait suite à l'interpellation en décembre dernier du leader syndical sur l'un des points chauds des manifestations du 30 décembre 2021. Elie Domota est poursuivi pour violence sur personne dépositaire de l'autorité publique sans incapacité.

Après l'audition des cinq premiers témoins lors de la première partie du procès le 7 avril dernier, la cour a procédé ce jeudi à l'audition de nouveaux témoins. 
Il s'agit de redessiner les circonstances au cours desquelles les faits qui sont reprochés à Elie Domota se sont déroulés. 
Ce jour-là, le leader syndical et plusieurs autres manifestants avaient tenté de forcer un barrage mis en place par les forces de sécurité.
Ce jeudi, ce sont donc les deux derniers témoins qui sont appelés à la barre du Tribunal Judiciaire de Pointe-à-Pître.

.


D'abord, le professeur Philippe Verdol, Maître de conférence en Economie à l'Université des Antilles. Celui-ci a d'abord voulu revenir sur les violences que subit la population guadeloupéenne au quotidien. En exemple il a choisi la contamination au chlordécone. Un argument très éloigné de l'affaire traitée ce jour mais son témoignage semblait être d'un intérêt certain pour la Défense du prévenu, pour arriver à la conclusion que les Guadeloupéens étaient considérés comme des citoyens de seconde zone. Plus d'une heure d'exposé tout de même. 

La cour procède ensuite à l'audition du second témoin, Pascal Anne-Marie, victime lui-aussi d'une arrestation lors d'une autre manifestation, devant le CHU de Pointe-à-Pître.

C’est ensuite au tour d’Élie Domota de s’exprimer. Il est questionné par ses avocats.  Répondant à une question sur son enfance, le leader du LKP ne peut contenir son émotion. Les larmes le submergent. Des souvenirs qui le transportent des années en arrière. Il évoque alors une enfance miséreuse, des moments difficiles encore bien gravés dans sa mémoire.
Pour conclure et expliquer sa présence à la barre du tribunal, avec cette citation de Jean de La Fontaine : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir »

Réquisitoire et plaidoiries

Il est 13h15, lorsque l’audience est suspendue. Elle reprend à 14h avec la plaidoirie de la partie civile. Elle demande un euro symbolique pour dommage et intérêt.

Place au réquisitoire du procureur de la République. Une réquisition interrompue par l’un des avocats de la défense qui conduit la présidente du tribunal à suspendre l’audience… Juste 10 minutes…

A la reprise, le procureur évoque une prise d’otage du tribunal pour en faire une tribune politique par Elie Domota. Selon lui, une façon de détourner la parole guadeloupéenne. Après avoir rappelé les faits, le procureur reconnaît que la procédure d’interpellation du prévenu n’est pas parfaite. Il demande d’ailleurs la relaxe sur la notion de "se soumettre aux forces de l’ordre" mais conserve la notion de "violence volontaire sans ITT" en venant au contact du gendarme. Il requiert 3000 euros d’amende.

Une nouvelle suspension d’audience est alors décidée avant les plaidoiries des avocats de la défense.

C’est Me Sarah Aristide qui lance la plaidoiries des avocats de la défense. Elle fait la démonstration, en relisant le procès verbal de l’arrestation du prévenu, qu’à aucun moment il n'est mentionné qu’il aurait percuté un gendarme ou fait acte de violences. Elle demande donc la relaxe totale pour l’ensemble des faits qui lui sont reprochés.

Dans la même veine, Me Joselaine Gélabale s’adresse directement au procureur en lui disant qu’il s’était trompé dans sa procédure car il fallait couper la tête du mouvement.
Puis les autres avocats prennent la parole.  Mes Tacita père et fils mais aussi Maitre Chevry et tous les autres, et cela  pour en arriver à la même conclusion : Il n’y a aucun faits de violence dans ce dossier. Et pour formuler la même demande : la relaxe, pure et simple…

La décision du tribunal a été mise en délibéré au 28 juin prochain.