Conflit social : pharmaciens, pompiers et professionnels de santé, à bout, sortent du silence

Soignants, médecins, pharmaciens, infirmières, pompiers... tous ces corps de métiers sortent du silence, après avoir été la cible de vols, d'agressions, d'actes de vandalisme, mais aussi de blocages. Le système de soin, déjà dégradé localement, ne peut pas faire face et des vies sont en jeu.

Ils ne peuvent plus subir la situation et être les témoins des évènements récents, dans l'archipel guadeloupéen, sans rien dire.
Les professionnels de santé, pompiers et pharmaciens, qui tentent par tous les moyens de jouer leur rôle, auprès des patients du territoire, n'en peuvent plus d'être empêchés de fonctionner.

Ils prenennt la parole pour dénoncer les agressions, les cambriolages, les rackets, ou encore les entraves à la circulation.

Le ras-le-bol des pharmaciens

Conjointement, le Syndicat départemental des pharmaciens, l'Ordre des pharmaciens et l'Union régionale des professionnels de santé d'officines de la Guadeloupe disent "Stop à la violence !"
Ils dénoncent les attaques visant des pharmacies, en marge du mouvement de protestation sociale. Plusieurs ont été vandalisées et cambriolées, ces derniers jours.
D'autres ne peuvent ouvrir leurs officines que quelques heures par jour, en raison de l’insécurité et/ou de la difficulté d’accès.

En réaction, ces établissements entendent se montrer solidaires. Elles baisseront leur rideau, ce mardi 30 novembre, durant tout l'après-midi, depuis 14h00.

Le service de garde sera assuré à partir de 18H00.

Composez le 3237 ou sur internet 3237.fr pour joindre la pharmacie de garde.

En cas d’urgence médicale, composez le 15.

A LIRE : le communiqué sur la fermeture des officines

 

Les professionnels de santé lancent un appel aux grévistes des Antilles

"Aidez-nous à encore sauver des vies", ont écrit trente professionnels de santé de Guadeloupe et de Martinique, dans une lettre ouverte adressée aux responsables politiques et syndicaux, dans l'actuel contexte de mobilisation, notamment contre l'obligation vaccinale et le pass sanitaire.

Ils dénoncent les agressions des médecins et soignants, les actes de vandalisme visant des pharmacies, les pillages de cabinets médicaux, le fait que l'accès aux soins soit entravé, l'abandon des malades, en somme, la mise en danger de vies humaines. Une situation dramatique, après une meurtrière quatrième vague de l'épidémie de Covid-19 et avant une cinquième qui s'annonce.

"Ce sont des morts qui vont s’accumuler par manque de soins !", clament-ils.

Tous ont besoin d'accéder aux établissements de santé et de travailler sereinement, au profit de tous leurs patients, en particuliers des personnes dialysées ou atteintes d'un cancer et toutes celles qui doivent recevoir des traitements réguliers.
Aujourd'hui, soignants, médecins, pharmaciens, infirmières sont las et face à un constat alarmant : "La situation insurrectionnelle que nous connaissons aggrave encore ces retards, et provoque une augmentation des décès".

Ces professionnels lancent un "appel désespéré pour que cessent les blocages". "Sans une réaction immédiate de toute la société, les martiniquais et les guadeloupéens ne pourront plus être soignés" expliquent-ils.

A LIRE : "Aidez-nous à encore sauver des vies!"

Entre-temps il y a eu d'autres signataires, à cette missive, qui fait l'objet d'une > pétition mise en ligne. En mi-journée, ce mardi 30 novembre 2021, elle comptait près de 7500 signatures.

Deux camps chez les pompiers

L’intersyndicale des sapeurs-pompiers est l’une des organisations majeures du collectif en lutte contre l’obligation vaccinale et le pass sanitaire.
Le fait est que ces professionnels sont soumis à la loi du 5 août 2021 et doivent se soumettre au vaccin anti-Covid, pour être autorisés à exercer.
Leur résistance est forte, malgré l’annonce faite par le gouvernement d’un délai, jusqu’au 31 décembre, pour s’y conformer. La proposition du Département de mettre en place de tests PCR gratuits, à réaliser toutes les 72 heures, n'a pas véritablement apaisé les tensions non plus.

Le corps est divisé, sur la question.
Si on a beaucoup entendu les soldats du feu grévistes, il faut savoir que d’autres ne suivent pas le mouvement social et sont résolument en faveur de la vaccination. On estime que 40% des agents du Service départemental d'incendie et de secours (SDIS), en Guadeloupe, sont en conformité avec la loi. C'est le cas du Caporal Anthony Sigiscar, que Laurence Baptiste-Salomon a rencontré :

Caporal Anthony Sigiscar : "J'ai étudié la balance bénéfice/risque, de prendre un vaccin ou de ne pas le prendre".

Le Caporal se plaint d'être la cible d'agressions, de la part de ses collègues impliqués dans la grève générale. Il prône le dialogue, plutôt que les violences verbales et les atteintes à la libre circulation de la population :

Caporal Anthony Sigiscar : "On subit des intimidations, des invectives... moi je trouve ça triste".

Le Docteur Tony Jerpan, médecin-colonel chez les sapeurs-pompiers et médecin-chef du SDIS Guadeloupe, veut rester optimiste, quant à l’augmentation du nombre de pompiers et de Guadeloupéens vaccinés. Lui aussi est interviewé par Laurence Baptiste-Salomon :

Dr Tony Jerpan : "Avant l'annonce de l'obligation vaccinale, nous avons vu les pompiers venir à la vaccination".

Par ailleurs, le SDIS rappelle qu'il concoure à la protection et à la lutte contre les autres accidents, sinistres et catastrophes, notamment. Mais les pompiers sont gênés dans l'accomplissement de leurs missions. D'où l'appel lancé pour que le passage des ambulances soit faciliter, au  niveau des barrages, que leur déplacement soit ou non sécurisé par les forces de l'ordre, comme le prévoit des conventions.