Voilà douze ans que la Guadeloupe subit les échouements répétés des sargasses. De loin en loin, les baies et les littoraux exposés se recouvrent d’un tapis de ces algues, particulièrement nuisibles.
Mais l’archipel n’est pas le seul à subir cette réalité et à devoir affronter cet imprévisible ennemi.
Un enfer nommé sargasse
Le phénomène de prolifération anormale des sargasses a débuté en 2011, sans crier gare.
Outre les territoires français du bassin antillais (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin, Saint-Barthélemy), l’ensemble des îles de la Caraïbe et les pays continentaux de la région, dont le Mexique, sont également impactés. Et, alors qu’il ne concernait, au départ, que cette partie du globe, il prend de l’ampleur et gagne d’autres bassins.
Les sargasses, lorsqu’elles se dessèchent, lâchent dans l’atmosphère des gaz hautement toxiques, dont de l’hydrogène sulfuré et de l’ammoniac ; la biodiversité, l’environnement et les Hommes en font les frais. Ces éléments sont donc synonymes de catastrophes écologique et sanitaire.
L’activité économique est aussi victime de cet aléa, puisque les commerces, entreprises et sites touristiques situés dans les zones d’échouements sont désertés, du fait des odeurs nauséabondes qui émanent des algues. Par ailleurs, les pêcheurs sont empêchés de sortir en mer, en cas de présence massive d’algues, susceptibles d’endommager leurs bateaux et matériels.
Une initiative diplomatique sur le long terme
Ainsi, en marge de la COP 28*, une initiative internationale de lutte contre les sargasses doit être lancée, ce samedi après-midi (2 décembre 2023), au Pavillon de France, à Dubaï. La France (via notamment Philippe Vigier, ministre délégué en charge des Outre-mer), la Région Guadeloupe (représentée par sa vice-présidente Sylvie Gustave Dit Duflo), le Costa Rica et la République dominicaine sont à la manœuvre, avec le soutien de l’Union européenne (UE) et de l'Organisation des États de la Caraïbe orientale (OECO).
La lutte contre les sargasses et les moyens à déployer sont inscrits dans les mesures du Comité interministériel des Outre-mer (CIOM) de juillet 2023.
L’initiative diplomatique qui va être mise sur les rails est aussi conforme à la loi de programmation du 4 août 2021 qui prône la coopération entre les collectivités territoriales d’Outre-mer et les pays de leur bassin régional, sur des thématiques communes et la lutte contre les inégalités mondiales.
Il ressortira de l'évènement du jour une déclaration conjointe "afin de mobiliser et sensibiliser l’ensemble de la communauté internationale, en particulier les acteurs œuvrant pour la biodiversité, la lutte contre le changement climatique, et la préservation de l’environnement et de nos écosystèmes", explique le cabinet du ministre Vigier.
"Une coopération internationale accrue est maintenant nécessaire pour mieux répondre à ce défi, que ce soit dans le domaine de la recherche, de l’échange des bonnes pratiques, de la prise en compte des réservoirs de sargasses ou du traitement des algues échouées", est-il précisé dans le communiqué ministériel.
Mais il faudra patienter pour les actions concrètes communes, sur le terrain.
Le Plan international annoncé devrait être finalisé en juin 2025, à Nice, lors de la Conférence des Nations Unies sur les Océans.
L’initiative lancée ce week-end "vise également à renforcer la coopération régionale, notamment via la convention de Carthagène sur la protection du milieu marin dans la Caraïbe, ainsi que l’impact du projet européen Interreg SARG’COOP porté par la Région Guadeloupe".
À SAVOIR/
*La COP 28 est la conférence internationale sur les changements climatiques initiée par l'Organisation des Nations Unies, qui se déroule du 30 novembre au 12 décembre 2023, à Dubaï (Émirats arabes unis).